VENDREDI SAINT 2022

Commentaire de la fresque de la Chapelle
des Clarisses de Poligny

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Regardez bien cette fresque qui habille le chœur de la chapelle des clarisses de Poligny. Prenez le temps de vous en imprégner, de la prier, avant d’aller plus avant dans cette méditation. Tout en elle parle d’une vie arrachée à la mort. On peut y reconnaître l’appel si puissant de Dieu à son humanité, et donc à chacun et chacune d’entre nous : « Tu as devant toi la vie ou la mort, je t’en prie, choisis la vie. »

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Notre regard est de suite attiré par le personnage central, dominant, irradiant la fresque de sa lumière. Vous avez bien sûr reconnu le Christ de Saint-Damien. Un Christ plein de vie, ressuscité, qui a traversé la mort et en garde les stigmates. La résurrection ne supprime pas la souffrance et la mort, elle vient les transfigurer. Le noir du tombeau est toujours là mais comme en second plan. C’est le rouge qui domine, couleur de la vie et de l’amour vainqueurs. Désormais nous ne sommes plus seuls pour vivre ce passage. Nous pouvons nous appuyer sur Jésus comme semblent le faire Marie, Jean, les autres Marie et même le centurion romain au pied de la croix.

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Jésus ouvre ses bras immenses.

Bras ouverts pour accueillir la vie qui lui vient du Père. Tout en Lui est accueil et don. Il ne garde pour lui rien de lui. Il est le canal par lequel nous arrive la vraie vie, la vie divine. Ces bras sont aussi tournés vers chacun d’entre nous. Ils semblent nous appeler, nous inviter à choisir la vie avec le Christ, à goûter la tendresse et la miséricorde du Père. Ils m’évoquent ce père prodigue de la parabole qui guette le retour de son fils et se jette à son cou dès qu’il l’aperçoit sur la route, le couvrant de baisers.
Bras ouverts, signes de son abandon entre les mains du Père : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. » Dans le même mouvement,
Jésus se remet tout entier entre nos mains. Bouleversante pauvreté de Jésus qui n’agenouille face à notre liberté : « Veux-tu me prendre chez toi ? »

Mains blessées de Jésus.

Il n’y a pas d’amour sans blessure. Je peux reconnaître mes propres blessures dans les mains blessées de Jésus. Je peux apposer mes mains blessées sur les siennes. Mystère que ce Dieu vulnérable. Ce Dieu qui se laisse blesser par nos propres blessures.

Où est donc Dieu ? Elie Wiesel, La Nuit
Un jour que nous revenions du travail, nous vîmes trois potences dressées sur la place d’appel, trois corbeaux noirs. Appel. Les S.S. autour de nous, les mitrailleuses braquées : la cérémonie traditionnelle. Trois condamnés enchaînés, et parmi eux, le petit pipel, l’ange aux yeux tristes.
Les S.S. paraissaient plus préoccupés, plus inquiets que de coutume. Pendre un gosse devant des milliers de spectateurs n’était pas une petite affaire. Le chef du camp lut le verdict. Tous les yeux étaient fixés sur l’enfant. Il était livide, presque calme, se mordant les lèvres. L’ombre de la potence le recouvrait.
Le Lagerkapo refusa cette fois de servir de bourreau. Trois S.S. le remplacèrent.
Les trois condamnés montèrent ensemble sur leurs chaises. Les trois cous furent introduits en même temps dans les noeuds coulants.

  • Vive la liberté ! crièrent les deux adultes.
    Le petit, lui, se taisait.
  • Où est le bon Dieu, où est-il ? demanda quelqu’un derrière moi.
    Sur un signe du chef du camp, les trois chaises basculèrent.
    Silence absolu dans tout le camp. A l’horizon, le soleil se couchait.
  • Découvrez-vous ! hurla le chef de camp. Sa voix était rauque. Quant à nous, nous pleurions.
  • Couvrez-vous !
    Puis commença le défilé. Les deux adultes ne vivaient plus. Leur langue pendait, grossie, bleutée. Mais la troisième corde n’était pas immobile : si léger, l’enfant vivait encore…
    Plus d’une demi-heure il resta ainsi à lutter entre la vie et la mort, agonisant sous nos yeux. Et nous devions le regarder bien en face. Il était encore vivant lorsque je passai devant lui. Sa langue était encore rouge, ses yeux pas encore éteints.
    Derrière moi, j’entendis le même homme demander :
  • Où donc est Dieu ?
    Et je sentais en moi une voix qui lui répondait :
  • Où il est ? Le voici, il est pendu ici, à cette potence…
    Ce soir-là, la soupe avait un goût de cadavre.
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Et puis il y a les yeux du Christ qui semblent nous conduire vers un ailleurs, nous élever à plus grand que lui. « Qui me voit, voit le Père », dit Jésus. Le Père est bien là présent tout en haut de la croix. Il en est comme la clé de voute. On distingue sa main qui tout à la fois invite, appelle et bénit. Jésus nous invite à expérimenter la bénédiction du Père.

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La croix n’est pas seule. Tout en bas de la fresque, aux pieds de la croix, nous voyons deux personnages – un homme et une femme. Qui sont-ils ? Le peintre a représenté Adam et Ève, l’homme et la femme, toi, moi, toute l’humanité. Où sont-ils ? Dans un tombeau, coupés d’eux-mêmes, des autres et de Dieu. Ils ont beau se cogner la tête contre les murs, ils ne trouvent pas d’issue, telle une souris au fond de son bocal qui cherche désespérément à en sortir. Accueillons cette image d’une humanité blessée qui s’est construite sa propre prison et ne sait plus comment en sortir. Cette scène me parle de moi, des blessures reçues et données que je garde parfois enfouies au plus profond de moi dans la peur qu’elles ne resurgissent un jour. Adam et Ève sont plongés dans la plus grande des solitudes, ayant rompu le lien de confiance qui les unissait au Père.

Que font-ils ? Ils crient. Un cri qui n’est pas tourné sur eux-mêmes mais qui s’élève vers le Christ, en même temps que leurs mains tendues. Leur cri est déjà un acte de foi, une prière : «Jésus, Fils de Dieu sauveur, aie pitié de nous pécheurs.» Leur attitude me fait penser à la prière de François dans l’église Saint-Damien en ruines :

« Dieu souverain et glorieux
illumine les ténèbres de mon cœur ;
donne-moi une foi droite, une espérance ferme
et une parfaite charité ;
donne-moi compréhension et connaissance,
afin que j’accomplisse ta sainte et véritable volonté. »


La réponse du Ressuscité est là, sous nos yeux. De sa croix, il vient briser la pierre du tombeau, il plonge plus bas que terre, dans la profondeur de nos abîmes afin de nous arracher aux puissances des ténèbres. C’est la réalisation de la promesse faite jadis à Moïse, au Buisson ardent :

« J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple,
j’ai entendu son cri,
et je suis descendu pour le délivrer.
Maintenant, va, je t’envoie… »

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Dieu tient parole. Il réalise sa promesse en Jésus.

Dès lors, que me reste-t-il à faire, sinon me laisser faire, reconnaître mes propres abîmes pour mieux saisir la main que Jésus me tend ? Comme le peuple hébreu quittant l’Egypte, sa terre d’esclavage, Jésus m’invite à me mettre en chemin, à traverser la mer de mon péché, de toutes ces forces obscures qui sont autant d’obstacles à la vie, pour naître à une vie nouvelle. Avez-vous remarqué le chemin qui serpente derrière la croix pour arriver à la Jérusalem céleste ? C’est l’histoire de notre vie, le projet de Dieu pour notre humanité, lui qui veut nous voir tous un jour goûter la joie de sa présence, de la vie trinitaire.

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A gauche de la croix, un petit homme frêle désigne le Christ.

Il est là, dans l’église Saint-Damien en ruines. Ce n’est plus le jeune François sûr de lui et plein d’ardeur qui va quêter des pierres pour reconstruire l’église. C’est un homme stigmatisé qui a vécu dans sa chair le chemin pascal, traversant la mort avec le Christ pour ressusciter avec lui. François a renoncé à faire l’œuvre de Dieu pour devenir lui-même l’œuvre de Dieu en se laissant façonner, pétrir et transfigurer par lui.

François apparaît dans toute sa fragilité, sa pauvreté. Le seul trésor qu’il ait à partager, sa perle précieuse pour laquelle il a tout quitté, c’est le Christ. Au soir de sa vie, il nous invite, comme lui, à revêtir le Christ. « Ne gardez de vous rien de vous, afin que vous prenne tout entiers celui qui se donne à vous tout entier. »

L’Église en ruine, ce n’est plus son affaire.

Dieu pourvoit. Tout est grâce. François, alors, peut laisser libre cours à la louange et à l’action de grâce :

« Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toute notre énergie et courage, de toute notre intelligence, de toutes nos forces, de tous nos efforts, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs et de toute notre volonté, car il nous a donné et nous donne à tous tout notre corps, toute notre âme, toute notre vie. Il nous a créés, nous a rachetés et par sa seule miséricorde, Il nous sauvera. À nous qui sommes misérables et miséreux, pourris et fétides, ingrats et méchants, il nous a fait et nous fait tout bien.
N’ayons donc d’autre désir, d’autre volonté, d’autre plaisir, d’autre joie que notre créateur, rédempteur et sauveur, seul vrai Dieu. Il est le bien plénier, entier, total, le bien véritable et souverain. Lui seul est bon, miséricordieux, aimable, suave et doux. Lui seul est saint, juste, vrai, saint et droit. Lui seul est bienveillant, innocent et pur. De Lui, par Lui et en Lui sont tout pardon, toute grâce, toute gloire pour tous
les pénitents et les justes, pour tous les bienheureux qui se réjouissent ensemble dans les cieux.
Ainsi donc, que plus rien ne nous arrête, rien, absolument rien : plus de séparation, plus d’obstacle. Partout, en tout lieu, à toute heure, en tout temps, chaque jour et continuellement, croyons vraiment et humblement, gardons dans notre cœur, aimons, honorons, adorons, servons, louons et bénissons, glorifions et exaltons par-dessus tout, magnifions et rendons grâces au très haut et souverain Dieu éternel, trinité et unité, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes choses, sauveur de tous ceux qui ont mis en lui leur foi, leur espérance et leur amour. »

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De part et d’autre de la croix, un puits et un tabernacle, le baptême et l’eucharistie.

Ce puits évoque un miracle de sainte Colette. N’ayant pas de source, les clarisses devaient aller puiser de l’eau à la fontaine du village. Un vendredi de Carême 1418, le prêtre lisait l’évangile de la Samaritaine. « Donne-moi de cette eau, disait la femme, afin que je n’aie plus soif. » Cette femme, à la soif insatiable d’être aimée, cumulant les échecs affectifs, put enfin déposer son fardeau auprès de Jésus et recevoir de lui l’eau vive de son amour. Colette reçut alors l’inspiration d’un endroit de la cour proche de la cuisine, d’où l’eau pourrait jaillir. Jamais terrassier d’avait trouvé d’eau dans tout l’enclos. Les terrassiers obéissent et « l’eau en grande abondance et aussi belle, aussi bonne qu’il n’y en a point en ladite ville et au pays… apparut et sourdit ».

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Ce n’est pas dans un puits mais dans le Jourdain que Jésus plonge pour être baptisé. Il n’a pas peur de s’immerger totalement dans cette eau, symbole des forces obscures, du mal, de cette part d’ombre de notre humanité afin de l’illuminer de sa présence, de la transfigurer. Au sortir de l’eau, Jésus n’est plus seul, il nous entraîne avec lui, nous faisant passer de la mort à la vie. Avec Jésus, nous pouvons entendre la voix du Père : « Tu es mon enfant bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour. » Révélation bouleversante du visage du Père mais aussi de
notre propre identité de fils et filles bien-aimés. Lors du baptême, le prêtre plonge par trois fois la croix dans l’eau, de même que la croix est venue plonger dans la nuit du tombeau pour nous faire passer de la mort à la vie.

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Derrière François, dans l’église Saint-Damien, se trouve un tabernacle posé sur l’autel. À maintes reprises François nous invite à entrer dans le mystère de l’Eucharistie, à boire à cette source de la vie donnée du Christ. Chaque eucharistie actualise et rend présent l’abaissement du Fils lavant les pieds de ses disciples et se donnant à eux sans retour.
« Pourquoi ne reconnaissez-vous pas la vérité et ne croyez-vous pas au Fils de Dieu ? Voici que chaque jour il s’humilie comme lorsqu’il est descendu de son trône royal dans le sein de la Vierge. Ainsi, chaque jour, il vient à nous sous une humble apparence ; chaque jour il descend du sein du Père sur l’autel entre les mains du prêtre.»

François, dans sa première admonition comme dans de nombreux autres passages de ses écrits, nous invite à nous laisser étonner, émerveiller, par l’humilité de Dieu. Dieu se donne à nous dans la fragilité d’un enfant couché dans la mangeoire et la nudité de l’homme en croix. Il nous invite ainsi à ne pas avoir peur de notre pauvreté mais au contraire d’en faire comme une crèche qu’il viendra transfigurer de sa présence. Cette fresque, finalement, ne raconte-t-elle pas l’histoire d’une naissance, la nôtre et celle d’une humanité nouvelle, réconciliée en Christ ?

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Dans le tableau de droite de la fresque, Marie recueille le corps de Jésus descendu de la croix. Elle a le même geste d’abandon que lorsqu’elle donne son enfant, dans le premier tableau. Dans la naissance comme dans la mort, Marie donne son fils dans un geste d’abandon et de confiance. « Qu’il me soit fait selon ta parole. » Sainte Colette est à genoux, dans un geste d’adoration. De même qu’elle a accueilli l’enfant Jésus, elle accueille Jésus dans sa mort. N’est-ce pas
une manière de vivre la parole de saint Paul : « Si vous êtes mort avec le Christ, avec lui vous vivrez » ?

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« Jésus Christ qui est de condition divine

n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu.

Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur,

devenant semblable aux hommes,

et, reconnu à son aspect comme un homme.

il s’est abaissé,

devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix.

C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé

et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom,

afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse

dans les cieux, sur la terre et sous la terre,

et que toute langue confesse que le Seigneur, c’est Jésus Christ,

à la gloire de Dieu le Père. Â»

Philippiens 2, 6-11

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SI LE GRAIN NE TOMBE EN TERRE ET NE MEURE, IL NE PORTERA PAS DE FRUITS

C’est l’histoire d’un minuscule grain de blé.

Après une vie heureuse et bien remplie, notre grain de blé se retrouve un jour dans un immense grenier, au milieu de ses compagnons.
Il est si bien, là-haut, dans son grenier. Il est au sec. Rien ne pourrait venir le perturber. Il voudrait que cela dure toujours. Chaque jour, il rend grâce pour cette vie tranquille qu’il a bien méritée.
Un matin, la porte de la grange se met à grincer. Un rayon du pâle soleil d’automne inonde la pièce. Réveillé en sursaut, notre grain de blé prend peur. Qui peut vouloir le déranger ainsi dans sa quiétude ?
Une lourde pelle racle le sol et bientôt notre grain de blé se sent saisi puis vole dans les airs pour atterrir sans ménagement dans la remorque froide d’un gros tracteur bruyant laissant échapper une épaisse fumée noire.
Il ne maîtrise plus rien. Toute sa vie bascule soudain. Il ne comprend pas. Il ne comprend plus. Tous ses repères sont balayés, anéantis. En lui, c’est la révolte : qui peut vouloir me malmener ainsi ? qu’ai-je fait pour mériter cela ? Il tempête et crie sa colère contre ce Dieu qu’il n’a jamais oublié de remercier durant tous ces jours heureux. Alors pourquoi cette injustice ? Mais le ciel reste désespérément silencieux…
Après un voyage qui lui paraît interminable, balayé par le vent froid de ce mois de novembre, le tracteur s’engage dans un étroit sentier de terre avant de pénétrer dans un immense champ. La benne se lève lentement, déversant les milliers de grains de blé dans la terre froide et humide.

Notre grain se sent mourir sur place, impuissant. Son habit doré dont il était si fier se décompose. Il n’a plus rien. Il n’est plus rien.
Une longue attente commence dans la glace et la neige de l’hiver. Un lent travail intérieur va transformer profondément notre grain de blé. Il croyait avoir tout perdu ? Derrière l’écorce tombée apparait son coeur profond, cette partie de lui-même qu’il n’avait jamais pris la peine d’explorer. Il se sent étrangement libre, comme s’il lui fallait mourir à sa vieille peau pour enfin naître à lui-même.
Alors que l’hiver laisse lentement la place au printemps s’opère un miracle si petit, si ténu, qu’il faut un regard exercé pour le voir. Une minuscule tige verte jaillit de la terre que réchauffe le soleil. De la vie meurtrie du grain de blé jaillit une fécondité nouvelle.
La tige grandit, épaissit, et bientôt apparait l’épi avec, en son sein, des dizaines de grains qui vont dorer au soleil et faire la fierté de notre grain de blé enfoui en terre. Il fallait donc qu’il meure, qu’il se laisse transformer, pour enfin porter du fruit ?
Mais voici que le temps des moissons est arrivé. L’énorme moissonneuse-batteuse coupe, sépare les grains de la tige. Celle-ci nourrira les bêtes en hiver tandis que les grains sont acheminés au moulin. L’immense meule de pierre va les broyer sous l’œil attentif du meunier. Une fine farine s’écoule dans des sacs qui, bientôt, partent chez le boulanger. De l’eau et un peu de levain suffisent pour en faire une belle pâte qui, une fois levée, est posée sur les pierres bien chaudes du four à bois.
Le curé du village a réservé un pain un peu spécial, demandant qu’une belle croix soit tracée sur sa croute dorée. En ce dimanche matin, ce pain est apporté en offrande par un paysan du village et le prêtre le saisit à deux mains, comme un trésor, et sa prière s’élève avec le pain : « Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; il
deviendra pour nous pain de la vie éternelle. » Puis, un peu plus tard, il redit les paroles de Jésus le soir de la Cène : « Il prit le pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant : « Prenez et mangez-en tous, car ceci est mon corps livré pour vous. »
Le pain rompu et partagé entre tous est non seulement nourriture pour chaque personne qui le reçoit mais aussi ferment de communion pour la communauté tout entière. Manger au même pain, c’est se reconnaître frères et soeurs.
Plus encore, nous voici invités à devenir du bon pain pour les autres, tous les autres, ma famille, mes amis, mes voisins, jusqu’aux plus lointains. Celui qui partage le pain « en mémoire du Seigneur » revêt le tablier pour laver les pieds de ses frères et soeurs en humanité. Telle est la moisson promise par le Père.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres (Jn 15,16-17).

Frère Nicolas Morin

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