Dimanche 27 octobre
De la vie à l’Évangile, de l’Évangile à la vie
Marche depuis Piani Poggio Fidoni dans la vallée, jusqu’à l’ermitage de FONTE COLOMBO.
Beau parcours, un peu raide au début, à travers de magnifiques paysages sous un ciel bien ensoleillé, une fois les brumes matinales dissipées.
Consigne et présentation du thème de la journée par frère Nicolas
Une halte bien méritée !
Nous arrivons au point haut du parcours.
Arrivée à l’ermitage de FONTE COLOMBO, nom donné, peut-être, par Saint François lui-même.
Saint François y viendra en 1223 et 1225 (et même peut-être dès 1217).
En 1223, François y rédigera la seconde règle de l’Ordre que le pape Honorius III approuva le 29 novembre de la même année.
« Après que le Seigneur m’eût donné des frères, personne ne me montra ce que je devais faire, mais le Très-Haut lui-même me révéla que je devais vivre selon le Saint Evangile.
Alors je fis rédiger un texte en peu de mots bien simples, et le Seigneur Pape me l’approuva.
Ceux qui venaient à nous pour partager cette vie distribuaient aux pauvres tout ce qu’ils pouvaient avoir ; pour vêtement ils se contentaient d’une seule tunique, doublée de pièces à volonté au dedans et au dehors, plus une corde et des braies. Et nous ne voulions rien de plus. »
Testament de François 14-15
Ci-dessous, le lieu le plus ancien, la toute simple chapelle de Sainte Madeleine :
François y priait et participait à l’Eucharistie célébrée par frère Léon.
Signe émouvant de sa présence, dans l’embrasure de la fenêtre, un « Tau » dessiné de sa main.
LE TAU
Le « Tau » est une lettre de l’alphabet hébreu et de l’alphabet grec. C’est surtout une très ancienne représentation de la Croix. Le prophète Ézéchiel annonçait sans doute le signe de la Croix du Christ, dont sont marqués au front les baptisés, lorsqu’il écrivait: « Parcours la ville, parcours Jérusalem, et marque d’un Tau au front les hommes qui gémissent et qui pleurent sur toutes les abominations qui se pratiquent au milieu d’elle » (Ez 9,4). Au Concile de Latran, où était présent François, le pape Innocent III appelle tous ceux qui veulent revenir à l’Évangile à tracer le signe TAU sur leur vêtement. Ce que fait François immédiatement
Par la suite, il l’utilisait comme signature, ainsi qu’en témoigne la célèbre bénédiction au Frère Léon. Un jour, Frère Pacifique eut la vision sur le front de François d’un grand Tau dont les couleurs variées donnaient au visage du saint une admirable beauté.
Dans l’abside fresques byzantines du XIIe siècle.
Sur les murs fresques de sainte Madeleine, sainte Cunégonde, duchesse de Pologne, et de Sainte Claire :
Visite à la sainte Grotte « Sacro Speco » lieu de rédaction de la Règle :
En juillet 1225, François stigmatisé revint à Fonte-Colombo.
C’est là que des médecins tentèrent, en vain, de soigner ses yeux. Un jour, on décida de cautériser ses tempes et François pria « Frère Feu » de ne pas le faire souffrir.
« La saison favorable pour le traitement de ses yeux approchait : le bienheureux François quitta ce couvent, bien que sa maladie Le fît beaucoup souffrir. Il avait La tête couverte d’un grand capuchon que lui avaient confectionné les frères, et comme il ne pouvait supporter l’éclat du jour, il portait sur les yeux un bandeau de laine et de lin cousu au capuchon. Ses compagnons le conduisirent à cheval à l’ermitage de Fonte-Colombo, près de Rieti, pour consulter un médecin de cette ville, spécialiste des yeux. Cet homme vint examiner le bienheureux et lui dit qu’il faudrait cautériser la joue jusqu’au sourcil, pour soulager l’œil Le plus atteint. Mais le saint ne voulut pas entreprendre Le traitement avant l’arrivée du frère Élie. On attendait ce dernier mais il n’arrivait pas, retenu qu’il était par toutes sortes d’empêchements, et le saint hésitait à se laisser soigner. Finalement il fut bien obligé de céder, mais il le fit surtout par obéissance au seigneur évêque d’Ostie et au Ministre général. Il éprouvait une vive répugnance à s’occuper ainsi de lui-même c’est pourquoi il voulait que la décision vînt de son Ministre.
Un jour, le médecin arriva, muni d’un cautère, pour lui soigner Les yeux. Il fit allumer un feu, et il y plaça l’instrument pour le porter au rouge. Le bienheureux François, pour réconforter son âme et calmer son émoi, dit au feu : « Frère Feu, le Seigneur t’a créé noble et utile entre toutes les créatures. Use envers moi de courtoisie à cette heure, car je t’ai toujours aimé et je continuerai de le faire pour l’amour du Seigneur qui te créa. Je prie notre commun Créateur de tempérer ton ardeur, que je puisse te supporter. » Et, sa prière terminée, il fit sur le feu le signe de La croix. Nous qui étions avec lui, nous dûmes nous enfuir tous, vaincus par l’émotion et la pitié; le médecin demeura seul avec lui. Après ‘opération, nous revînmes et il nous dit : « Poltrons ! Hommes de peu de foi ! Pourquoi vous être enfuis? En vérité je vous le dis, je n’ai senti aucune douleur, pas même la chaleur du feu. Si ce n’est pas assez cuit, qu’on recommence, et mieux encore ! » Le médecin, observant qu’il n’avait même pas sursauté, considérait que c’était là un grand miracle; il dit aux frères : « et pourtant, c’est un homme fragile et malade; pareille brûlure, j’hésiterais à la faire même à des gens robustes et sains de corps de crainte qu’ils ne puissent la supporter, ainsi que j’en ai fait plus d’une fois l’expérience. » La brûlure était très étendue : elle allait de l’oreille au sourcil. Depuis des années, en effet, l’humeur s’amassait nuit et jour dans les yeux, et c’est pourquoi, sur le conseil de ce médecin, on lui avait ouvert les veines depuis l’oreille jusqu’au sourcil; d’autres médecins étaient d’un avis opposé : ils jugeaient l’opération tout à fait contre-indiquée. Un autre lui perfora les deux oreilles : sans résultat.«
Légende de Pérouse 46-48
Ci-dessous quelques photos du couvent aménagé au XVe siècle :
L’église du couvent :
Frère Nicolas décrivant le haut-relief de frère Giovanni de Pise (1645) sculpté dans le bois de l’arbre où serait apparu le Christ et représentant la rédaction de la règle.
La messe :
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En fin d’après-midi, nous rejoignons l’ermitage de LA FORESTA, où certains d’entre nous étaient logés.
Fatigué, François y séjourna, hébergé par le prêtre qui desservait la petite église. C’était en septembre 1225, sans doute après les soins reçus à Fonte-Colombo.
A la Foresta, il fut de nouveau soigné.
Les nombreux visiteurs que recevait François, ayant saccagé la vigne du pauvre prêtre, le saint lui promit néanmoins une récolte plus abondante que de coutume, ce qui eut effectivement lieu.
« Vers le même temps, le bienheureux François, pour soigner ses yeux, séjournait près de l’église Saint-Fabien, aux portes de Rieti, desservie par un pauvre prêtre séculier. Le seigneur pape Honorius résidait précisément alors dans cette cité avec les cardinaux. Nombre de ces derniers, accompagnés de clercs, visitaient presque quotidiennement le saint, par respect et par dévotion. L’église possédait une petite vigne aux abords de la maison où demeurait le Père. Comme cette maison n’avait qu’une porte, tous ceux qui venaient le voir traversaient la vigne. Les raisins étaient mûrs, l’endroit agréable invitait à la sieste : la vigne fut presque entièrement saccagée ; certains cueillaient les raisins, qui pour les manger sur place, qui pour les emporter, et d’autres les foulaient aux pieds. Le prêtre en fut scandalisé et troublé : « Cette année, disait-il, ma récolte est perdue. Ma vigne est petite, mais j’y vendangeais tous les ans de quoi suffire à ma consommation. »
Mis au courant, le bienheureux François fit appeler le prêtre et lui dit : « Cesse de te troubler et de te scandaliser : nous ne pouvons plus rien changer. Mets ta confiance dans le Seigneur, car par moi, son pauvre serviteur, il peut, lui, réparer le dommage. Dis-moi : combien de charges de vin rapporte ta vigne dans les meilleures années? » « Treize! » répondit le prêtre. – « Cesse de désespérer, répliqua Le bienheureux, n’accable personne de tes injures, ne fatigue plus personne de tes plaintes. Aie confiance dans le Seigneur et dans mes paroles : si tu récoltes moins de vingt charges, je promets de compléter. » Le prêtre acquiesça et se tut. Or il arriva, grâce à la bonté de Dieu, qu’il ne récolta pas moins de vingt charges, selon la promesse du saint. Ce prêtre fut rempli d’admiration, comme tous ceux qui furent mis au courant; ils regardèrent le fait comme un grand miracle dû aux mérites du bienheureux François. La, vigne, en effet, était saccagée, et eût-elle été chargée de raisins, il paraissait impossible au prêtre et aux autres d’en tirer vingt charges de vin.
Nous qui avons vécu avec lui, nous rendons le témoignage que lorsqu’il avait dit: « Ainsi en est-il » ou « Ainsi en sera-t-il », sa parole toujours s’accomplissait. Nous avons vu beaucoup de ses promesses ainsi réalisées, et pendant sa vie, et après sa mort. »
Légende de Pérouse 25 cf. aussi Fioretti 19
L’église primitive où pria François, dédiée à St Fabien (XIIIe siècle), les fresques sont du XVe siècle).
Ci-dessous, l’église Sainte Marie (XIVe siècle) :
Très beau témoignage d’un membre de l’association Mondo X, fondée par le frère Eligio – franciscain italien – pour aider les toxicomanes à se réinsérer.
Le jardin cultivé par les personnes de Mondo X.
Le charmant cloître :
La grotte de saint François. Il y aurait composé une partie de son cantique à Frère Soleil.
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