Sœurs et frères, en ce dimanche de la journée mondiale du migrant et du réfugié, le Seigneur nous invite nous aussi à nous déplacer. Peut être serais-je surpris, dérangé, choqué? Laissons-nous porter par le souffle de son invitation à le suivre.
« Etre attentif aux appels de Dieu  » Ce peut être spontanément et généreusement comme le fait le jeune Samuel -comme il nous est dit dans la première lecture (Sam.3-) où celui-ci se dispose à entendre ce que lui dira le Seigneur. « Parle, ton serviteur écoute » dira t il ! C’est aussi ce que chante le psalmiste avec son refrain « Me voici Seigneur je viens faire ta volonté » (ps 39).
Sommes-nous, nous aussi « attentifs » et « disposés » « près à faire la volonté du Seigneur » des qu’il se manifestera ?
« Que cherchez-vous ? » dit Jésus en se retournant – dans l’Evangile de ce jour- aux disciples de Jean-Baptiste qui le suivent.
Frères et sœurs cette question s’adresse a chacune et chacun d’entre nous ? « Que cherchons-Nous » ? Pouvons-nous la poser aussi à nos frères et sœurs migrants qui traversent les mers aux périls de leur vie. « Que cherchez-vous ici » ?
Et ceux-ci de Lui répondre : « Maître, où demeures-tu ? » Jésus les invite alors à se déplacer et à observer « Venez et voyez » !
Un appel de Dieu à entendre aujourd’hui ce pourrait être certainement du coté des migrants et réfugiés comme nous invite le pape François. A peine élu en mars 2013, il réalise sa première sortie en dehors de Rome sur l’île de Lampedusa pour nous interpeler sur cette question et pleurer prés de 20000 mille morts anonymes en mer méditerranéenne depuis prés de 20 ans. ( cf La Croix 8/07/2013) Aux 10000 personnes présentes il leur dira « L’Eglise est à vos coté dans la recherche d’une vie plus digne pour vous et vos familles »
Pour cette journée mondiale du migrant le pape François et avec lui, les évêques de France ont choisi d’aborder ce thème autour de quatre verbes : Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer.
Accueillir l’étranger surtout s’il est en détresse, démuni dans un monde qui se veut humain et solidaire. Mettre en place des conditions décentes d’accueil. Depuis 5 ans avec la pastorale des migrants a Besançon et dans tout le diocèse des réseaux et des collectifs se sont montés pour venir en aide aux familles en détresses : « Welcome aux Buis » « La Roche d’Or » « Palente » « Valdahon »… ont accueilli chacun à sa manière suivant ses possibilités. Une vraie rencontre à pu se réaliser qui a transformé aussi bien l’accueilli que l’accueillant. Comme témoigne une accueillante : « au départ, inconsciemment, en les accueillant, je leur imposais l’image de nos familles, notre façon de vivre, nos coutumes. Mais lorsqu’ils m’ont montré leurs photos avec leurs familles laissés dans la douleur, j’ai compris que je devais m’effacer pour, à mon tour, être accueilli par eux c’est-à -dire m’ouvrir à leurs habitudes et richesses culturelles »{ Odette Montes , diocèse de Mende} Les évêques de France saluent l’engagement de tous les citoyens, chrétiens ou non, qui s’investissent au soin de tels collectifs. Tout en rappelant à l’Etat ses obligations en matière d’accueil, ils demandent aux chrétiens d’accroitre leur engagement en ce sens et au-delà du soutien administratif, de l’enseignement du français ou encore de l’insertion professionnelle, ils les invitent à se positionner plus spécifiquement sur le créneau de la convivialité afin de donner corps à la valeur de la fraternité. (Communiqué évêques de France pour la JMMR 2018)
Protéger Est-ce nous qui avons besoin de nous protéger de « l’envahisseur » ? L’inconnu, l’étranger qui vient déstabiliser notre système familial, social, économique, politique ? Devons nous faire barrage à cette arrivée qu’on appelle « massive » et qui peut effrayer ? Certainement qu’il ne nous est pas demandé d’être naïfs. Nous savons malheureusement combien les dangers de tous bords ici sont légions. Des mauvais « passeurs »criminels sans scrupules exploitent cette misère pour gagner de l’argent. Dans son parcours le migrant se fait souvent dépouiller du peu qu’il a après avoir déjà tout donné avant de fuir. Il nous arrive généralement assez abimé psychiquement et physiquement. Le « 115 » numéro d’urgence ici sur le sol français généralement ne répond plus pour ces situations même pour une femme à la rue et enceinte. Qui est ce qui a besoin d’être protégé ? De quoi à t’on peur ? Heureusement la belle mobilisations des chrétiens et gens de bonnes volontés ne se résigne pas et développe avec chacun sa compétence des mesures de mise à l’abri juridique et administrative d’accompagnement bienveillant.
Promouvoir La dignité de la personne humaine passe aussi par la reconnaissance des talents, compétences de chacun. La possibilité de travailler, d’offrir de meilleur de soi pour ne pas toujours être rabaissée à la personne qui « est aidée » Nous ne sommes pas – ou plus – dans de l’assistanat. Nous pouvons être heureusement surpris par le dynamisme phénoménal et les belles ressources que nous découvrons chez nos sœurs et frères étrangers que nous recevons. Ne pourrait on pas libérer ce qui a besoin de l’être pour permettre l’accès à la vise sociale et économique par la solidarité et le travail.
L’intégration cette bataille se gagne par l’acceptation de l’autre différent de soi quelque soi son origine, sa culture, sa langue, la couleur de sa peau , sa catégorie sociale, sa religion. La mer qui se dresse et se déchaine violemment entre les continents sur les migrants et qui nous touche aussi par son flux important et grandissant, ne serait elle pas avant tout celle de nos intérêts économiques et politiques qui maintiennent nos frères et sœurs de la-bas dans des conditions de pauvreté et de guerre et que nous voulons coute que coute préserver ? cette attitude défensive et qui choisi de prendre chez l’autre que ce qui l’intéresse ne permet pas de vivre en paix les uns avec les autres. Elle engendre des frustrations, humiliations et maintient des groupes d’hommes et des femmes et état de domination et d’aliénation sur d’autres groupes. Au contraire, intégrer c’est reconnaitre l’autre comme il est et d’où qu’il vient et partager, échanger en vérité.
Un accueil fraternel grandissant est la base, le terreau, le socle qui permet d’envisager la protection, la promotion et l’intégration de notre hôte.
Un accueil ou l’accueillant sans faire des milliers de kilomètres se déplace pourtant beaucoup pour rejoindre son frère ou sa sÅ“urs demandeuse d’asile, d’hospitalité, d’humanité dans sa vie déchirée, explosée parfois…
« Maitre où demeures tu ? » Pourrions – nous reprendre. Il nous répondra sans doute alors « je suis là  ! » Heureux que tu m’accueilles comme un frère alors que je suis épuisé, affamé, malade étranger et sans vêtements … Bénies sois tu mon frère, ma sÅ“ur ! « Entre dans la joie de ton maitre ! »
Frère Jacques JOUËT
Suivie des témoignages de Jurose ( Congo) et Rosine ( Cote d’ivoire)