« Je ne suis pas venu abolir mais accomplir »
Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu l’abolir mais I’ accomplir. (Mt 5, 17)
Ce texte d’aujourd’hui est difficile à entendre pour nous et pour les contemporains de Jésus. Essayons de bien le comprendre, du moins de ne pas trop le pervertir.
Examinons d’abord le contexte : ces paroles sont nées de l’affrontement de Jésus et aussi de la première communauté chrétienne (du moins celle de Mathieu) avec la partie rigide de la communauté juive, ceux que l’on appelle dans l’Evangile : les scribes et les pharisiens.
Pour certains d’entre eux, la Loi était devenue rigide et tatillonne, enfermant les personnes dans un carcan juridique paralysant et induisant souvent du mépris pour ceux qui ne pouvaient pas suivre la Loi à la Lettre où avaient une conception plus ouverte.
Alors Jésus déclare « qu’il n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir ». jésus respecte la Loi puisqu’elle est un don de Dieu pour aider son peuple à grandir en justesse et fidélité. Mais cette Loi est faite pour l’homme, elle ne doit pas l’empêcher des respirer et de prendre ses responsabilités. Elle ne doit pas rester extérieure à l’homme. Il ne suffit pas d’appliquer des préceptes extérieurs, mais de discerner qu’elle vient du cœur de Dieu pour transformer le cœur de l’Homme
Elle est un chemin pour la vie, toujours ouvert, toujours appelant. On ne peut pas se dire trop vite obéissant à la Loi si notre cœur n’est pas ouvert à la rencontre de l’autre, ouvert aussi à la miséricorde…
La Loi n’est pas là pour nous torturer sous une multitude de préceptes extérieurs (cf. le Pape François dans son exhortation Evangelium Gaudium, qui dit que le confessionnal ne doit pas être un lieu de torture !), ni pour nous sécuriser à bon compte (« Mon Père, je n’ai pas tué, je n’ai pas volé »). Elle est là pour nous donner le goût du chemin et du bon chemin, le goût de l’autre, même si parfois le sentier peut se révéler abrupt et rocailleux.
L’important c’est de nous laisser attirer par la beauté de la montagne, la beauté de la marche fraternelle avec nos compagnons de route. Et sur ce chemin notre guide c’est Jésus qui nous aime et nous espère infiniment : ‘Je suis le chemin, la vérité, la vie … Nul ne va au Père sans passer par moi. » (Jn 14)
Frère José Kohler