Homélie (2) du dimanche 19 février 2023, 6ème dimanche du Temps Ordinaire – Année A

AIMEZ VOS ENNEMIS !

Frères et sÅ“urs, comment entendons-nous ces paroles : «Tendez l’autre joue, aimez vos ennemis, soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait?»

C’est trop difficile pour nous, c’est utopique, Jésus est bien gentil mais il n’est pas réaliste ! Demandez aux Ukrainiens de pardonner aux assaillants russes Demandez à l’épouse qui a été humiliée et abandonnée de pardonner, ce n’est pas humain ! Être parfait, ce n’est pas possible

Je me suis souvent dit cela et pourtant ! Essayons de comprendre s’il n’y a pas une vérité plus profonde dans ces Paroles de Jésus.

Nous sommes toujours dans le « sermon sur la, montagne » qui commence par « Heureux les pauvres de cÅ“ur, le Royaume des cieux est à eux. » et nous savons que le pauvre par excellence c’est Jésus qui nous a aimé jusqu’au bout malgré tout le mal qui est dans le cÅ“ur des hommes : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Ces paroles peuvent-être reçues comme des injonctions autoritaires venues de l’extérieur, alors elles peuvent nous paraître insupportables. Comment pourrions-nous être parfaits, comment l’humanité pourrait-elle être parfaite ? La sainteté que nous propose Dieu est inatteignable

Or ces Paroles nous disent d’abord le désir de Dieu : il faudrait traduire comme le fait la nouvelle traduction liturgique « Vous serez parfaits comme votre Père du ciel est parfait. » Ce que Dieu souhaite pour nous : que nous soyons heureux, que nous soyons bons comme il est bon, n’est-il pas notre Père bien Aimé, notre Créateur et notre Sauveur. N’est-il pas le Père du Fils Prodigue qui guette son retour, n’est-il pas celui qui a accueilli la femme stigmatisée par son péché, n’est-il pas celui qui a donné sa vie par amour pour nous alors que nous étions encore dans le péché.

Il désire que malgré nos limites et nos résistances nous partagions, sa vie, sa générosité, son amour. Non seulement il le désire, mais il nous accompagne sur chemin difficile grâce à son Fils qui partage totalement notre humanité, notre vie et nous donne son Esprit Saint son Esprit d’Amour qui nous donne la force d’aimer jusqu’au bout.

Alors ce n’est pas un ordre qu’il nous donne, mais une invitation à aimer comme lui, une Parole de confiance qu’il nous adresse, qu’il adresse à notre humanité fragile et pécheresse : « Moi ton Père bien-aimé, moi ta Mère bien-aimée, je crois que tu peux aimer comme moi, je crois que tu peux pardonner comme moi, je crois que tu peux aimer les ennemis comme Jésus mon Fils bien-aimé l’a fait : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »

« Je te fais confiance, tu peux le faire, je fais confiance, l’humanité en toi peut le faire. Bien sûr c’est trop dur pour toi ; mais si vous vous laissez aimer, si vous vous laissez transformer par mon amour : heureux êtes-vous ! »

« Si vous apprenez à aimer, si vous apprenez à élargir votre amour, si vous apprenez à aimer même vos ennemis, si vous apprenez peu à peu à ne pas rendre le mal pour le mal , vous serez de plus en plus vivant … Sinon vous allez vous enfermez dans votre rancÅ“ur, dans votre haine, vous allez pourrir votre vie, vous allez pourrir la vie du monde. »

« Vous êtes fait pour aimer, pour construire un monde d’amour, ne vous laissez pas fasciner par le mal qui peut se présenter à vous sous la forme d’une fausse justice, d’un orgueil pervers, apprenez à vouloir le bien pour vos frères ennemis qui sont de la même chair que vous, qui sont nés du même amour que vous, Dieu croit encore en eux, il croit encore à leur conversion. Apprenez encore à espérer leur conversion au-delà de toute espérance humaine. Apprenez à croire que votre amour participe à l’amour fou de Dieu. Apprenez à croire que votre cÅ“ur miséricordieux à l’image de celui de Dieu est une arme plus forte que celles de la vengeance et du ressentiment. Peut-être n’y arriverez-vous pas totalement, mais laissez la porte ouverte, c’est la porte de la vie… Â»

Et avec saint Paul : « N’oubliez pas que vous êtes le sanctuaire de Dieu et que l’Esprit habite en vous Â» et aussi en vos ennemis. Seigneur accompagne-nous sur ce dur chemin de l’amour !

Frère José Kohler

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