PARABOLE DES TALENTS
A la suite de dimanche dernier, nous entendons encore aujourd’hui une Parabole de l’attente. Une parabole qui peut nous scandaliser ou nous irriter. Ce pauvre bougre de 3° homme qui n’a reçu qu’un talent, qui est mort de peur et qui va être rejeté dans les ténèbres extérieures, finalement on ne prête qu’aux riches ! Mais est-ce bien de cela dont il s’agit ?
Ces paraboles se situent juste avant la passion de Jésus, elles insistent sur le fait que nous ne devons pas nous endormir et ne pas nous tromper de chemin car le temps se fait court.
Le Christ s’en va, il nous laisse ce qu’il a de meilleur : 5 talents ou 1 talent, dans les deux cas une grosse somme d’argent qui permet à un homme de vivre pendant plusieurs années. Mais est-ce bien de l’argent qu’il nous laisse ? N’est-ce pas plutôt le don de sa vie , le témoignage de l’amour fou de son Père, l’invitation à aimer comme lui ? Une bonne Nouvelle, un Evangile, un trésor de vie ?
Et nous sommes peut-être comme ce troisième homme. Nous avons peur de ne pas être à la hauteur, peur de ce Dieu tout puissant qui nos attendrait au virage, comme déjà au jardin de la genèse, Dieu qui nous empêcherait de vivre, de respirer. Dieu bien trop grand pour nous, autorité qui nous paralyserait.
Alors nous jouons la défense, la sécurité, le service minimum ; Comme l’autruche nous plaçons notre trésor dans le sable ou dans la terre ; Nous n’osons pas le risquer au monde, à la relation, à la complexité de notre monde…et nous passons à côté de la vie. Nous avons peur de perdre ce que nous avons et nous perdons tout.
Mais qu’est-ce qui fait que nous sommes dominés par la peur et que nous n’osons pas nous risquer au partage ?
Le fait d’être trop centré sur nous-mêmes, sur notre réussite personnelle, de rechercher notre confort, notre tranquillité, de ne pas être ouverts sur les autres…
Pour nous ouvrir, nous avons besoin que l’on nous fasse confiance et nous avons besoin de faire confiance aux autres. Se laisser aimer et apprendre à aimer, n’est-ce pas là le coeur de toute éducation.
Considérons les autres comme des frères et non comme des concurrents ou des ennemis. Considérons notre ville, notre pays comme une maison commune où nous avons à mettre ensemble nos talents pour apporter à chacun un peu plus de paix et de bonheur.
En ce dimanche des pauvres et du secours catholique redisons nous que les plus pauvres sont nos frères, qu’ils ont droit à une vie digne, le droit de pouvoir grandir, et s’épanouir. Le droit d’être traités avec plus de justice. Une société qui ignore les plus pauvres n’est pas une société digne de ce nom. Alors merci à tous ceux qui ouvrent leurs coeurs et leurs mains et qui travaillent avec ténacité et patience pour que les plus fragiles soient reconnus et soutenus.
Faire fructifier nos talents, c’est apprendre à les partager. Le diacre Laurent qui est mort martyre, à qui les autorités romaines demandaient de livrer le trésor de l’Église, déclarait : « le trésor de l’Église ce sont les pauvres »
Tout seul nous ne pouvons pas vivre et grandir, tout seul nous ne pouvons pas partager le meilleur de nous-mêmes, tout seul nous ne pouvons pas résoudre les problèmes de ceux qui ont besoin de nous. Acceptons de mettre en commun nos talents pour aider nos frères à découvrir les leurs. Ensemble nous pourrons partager le meilleur de nous-mêmes et ainsi quitter les rivages de la tristesse et du désespoir.
Est-ce normal que nous désespérions de l’homme sous le fallacieux prétexte de protéger la planète, est-ce normal que nous ayons peur de donner la vie à des enfants à cause de la violence du chacun pour soi contre tout le monde ?
Malgré la violence de notre monde, ne nous laissons pas dominer par le mal. Jésus avant de mourir écrasé par le mal des hommes ne nous dit-il pas : « N’ayez pas peur, il est bon pour vous que je m’en aille… je vous enverrai mon Esprit Saint pour que ma joie soit en vous, il vous fera comprendre peu à peu…Et vous ferez des choses plus grandes encore… Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16)
Frère José Kohler