QUE DEVONS-NOUS FAIRE ?
Nous entrons déjà dans la 3ème semaine de l’Avent, un Avent où nous nous préparons à accueillir plus profondément le Seigneur dans nos vies.
Juste avant notre passage d’évangile Jean Baptiste a répondu vertement aux foules qui venaient vers lui pour se faire baptiser : « Engeance de vipères, convertissez vous d’abord et produisez des fruits qui témoignent de votre conversion. »
Alors aujourd’hui, la question que posent ces foules à Jean Baptiste montre leur inquiétude face à l’avenir : « Que devons nous donc faire ?» Quels sont ces fruits que nous devons produire ? Trois fois cette question est posée dans notre évangile. Toutes les catégories de personnes s’adressent à J. B. : la foule, les soldats et même les publicains (percepteurs d’impôts,) qui étaient considérés comme des pécheurs irrécupérables.
Et Jean Baptiste. s’adresse à tous. Aucune catégorie n’est exclue de ce parcours de conversion pour obtenir le salut. Dieu ne refuse à personne la possibilité d’être sauvé. Il est un Père qui aime chacun de ses enfants et qui veut le salut de tous.
Et Jean Baptiste va montrer aux uns et aux autres que la vraie conversion doit passer par des actes. Des actes qui concernent la vie sociale et professionnelle : partager avec celui qui n’a rien, bien accomplir son devoir d’état, ne pas profiter de la situation, bref des actes qui concernent les exigences de la justice, de la solidarité et de la sobriété, avec un partage concret de la nourriture et du vêtement et le droit à un toit digne de ce nom ; c’est Maurice Zundel qui dit qu’ »avoir un espace de sécurité » (toit, travail, nourriture) qui nous libère des premières nécessités quotidiennes, permet à chacun de se libérer de ses servitudes internes et de faire de lui même un espace de générosité »
Et bien, J. Baptiste invite chacun de nous à devenir cet espace de générosité. Car nous aussi, devant toutes nos inquiétudes, nous posons les mêmes questions : « Y a t il encore quelque chose à faire ou est ce trop tard ? »
En cette période d’effervescence commerciale, se préparer à Noël, ce n’est pas multiplier pour soi ou pour les autres les cadeaux, les vêtements, la nourriture, excepté bien sûr pour les plus déshérités. C’est renoncer comme le dit J.B. à son 2ème vêtement parce que nous aurons appris à nous satisfaire du premier. C’est offrir à Noël non le superflu, l’inutile, l’éphémère, mais nos victoires, nos simplicités, notre liberté et notre vérité.
Nous sommes appelés à faire une conversion qui est la découverte, l’accueil d’une réalité qui naît déjà en nous et qu’exprime si bien Sophonie: « Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse. Il te renouvellera par son amour ». Il s’agit donc pour nous de nous laisser renouveler par l’amour de Dieu, de le laisser agir en nous, en consentant simplement à être nous mêmes, sans fioriture comme peut le laisser penser l’idée d’un seul vêtement. Devant Dieu il faut laisser tomber tout maquillage, tout déguisement intérieurs.
Alors nous serons prêts à répondre en vérité au Seigneur qui nous demandera dans sa mansuétude : « Que veux tu que je fasse pour toi ? » Jésus veut la vérité de ce que nous désirons. Il veut seulement nous libérer de la convoitise et nous inciter à nous retenir pour laisser toute sa place à l’autre. Et si nous écoutons tous ses appels en ce Noël, Marie ne donnera pas naissance au Fils de Dieu dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place dans la salle d’hôte (luc 2,7). En ce Noel il y aura de la place pour Marie et Jésus dans la salle que nous lui aurons préparée dans notre cœur et dans nos communautés.
Car Jésus, donc Dieu, veut naître aussi en chacun de nous : « Si tu fais ma volonté, si tu mets en pratique ma Parole de Dieu tu seras une mère pour moi. » Mc 3,35 . De même si nous nous inscrivons dans ce chemin de conversion que propose J.B., alors nous ne serons plus une foule, des publicains ou des soldats mais comme le dit St Luc un peuple : un peuple en attente qui espère, qui est tendu vers Dieu, dans la réalité de nos vies et du monde.
Et cette attente est finalement une manière d’être qui dit que Quelqu’un vient, qu’un évènement arrive. Une attente qui dit notre désir tout en le nourrissant ; une attente qui ne peut pas être déçue, une attente qui est déjà une Présence
Et si Dieu vient dans nos vies et notre monde, ce n’est pas par en haut, par le ciel, mais par en bas, par nos racines. C’est dans la profondeur de notre être, dans la vérité de notre être et non dans notre superficialité que Dieu peut s’incarner, prendre vie et puissance, en un mot naître pour nous et les autres. Dieu vient dans le réel et seul le réel peut l’accueillir.
Ainsi être dans l’attente fait partie aussi de ce que nous devons faire, parce qu’attendre, c’est en quelque sorte creuser, faire apparaître, mettre au monde ce que nous sommes réellement, sans faux semblants.. Seule une attente active, attentive et confiante, pourra laisser Dieu agir et nous transformer, laissera son Esprit descendre, couler en nous comme l’eau du baptême, laissera aussi le temps à sa main de nous aider à faire le ménage dans nos greniers pour pouvoir y amasser l’amour que nous aurons donné.
Le monde où nous vivons est certes accablé par toutes sortes de problèmes, la pandémie, la précarité, la violence. Pourtant s’approcher du Seigneur, lui donner notre confiance peut nous faire ressentir une joie profonde et durable, une joie indépendante des conditions extérieures. Comme c’est le cas pour Paul qui, pourtant en prison, rayonne la joie et nous invite à la partager :
« Frères et sœurs soyons toujours dans la joie du Seigneur. Ne nous laissons pas aller à la tristesse ni au découragement mais en toute circonstance prions et supplions, tout en rendant grâce. Et la paix et la joie de Dieu qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer garderont vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus »
Gérard Barthe