JE SUIS VENU APPORTER UN FEU SUR LA TERRE
Les paroles de Jésus ce dimanche sont bien dérangeantes alors que nous cherchons lors de cette pause estivale à oublier un peu les tracas quotidiens.
« Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé. »
Pas sûr que les pompiers qui luttent contre les incendies apprécient beaucoup ! De quel feu Jésus parle-t-il ? Ne serait-ce pas le feu de la Pentecôte, l’Esprit saint répandu en nos cœurs ? Ce feu qui réchauffe et relève les cœurs brisés, qui redonne vigueur aux esprits abattus ; ce feu qui donne des ailes aux disciples apeurés qui désormais annonceront l’Évangile jusqu’au bout du monde ?
Sommes-nous encore animés de ce feu ? J’ai eu l’immense joie d’accompagner une vingtaine de jeunes en pèlerinage itinérant à Assise. J’ai vu en eux ce feu, leur foi ardente et communicative, leur esprit de service, leur capacité à s’accueillir les uns les autres si différents comme frères et sœurs. Laissons-nous, nous aussi, embrasés par le feu du Saint Esprit.
« Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli. »
Lorsqu’il prononce ces paroles, Jésus marche vers Jérusalem. Les tensions qui l’opposent aux responsables civils et religieux sont de plus en plus vives. À la suite du prophète Jérémie, la parole de Jésus est incomprise, rejetée, déformée. Ce n’est plus seulement sa parole que l’on rejette mais le prophète lui-même. On veut le faire taire, et tous les moyens sont bons.
Le baptême dans lequel Jésus va être plongé, c’est sa propre mort. Même si l’angoisse est là , prégnante, Jésus ne se dérobera pas. Sa vie est donnée, quel qu’en soit le prix. À la suite de Jésus, bien des disciples vont risquer leur peau ; Avec Paul, ils pourront dire : « Si nous sommes mors avec le Christ, avec lui nous ressusciterons. » Relisant mon parcours, je fais mémoire de ces moments où ma foi a provoqué incompréhensions, rejets, oppositions. Comment ai-je réagi ? Qu’est-ce qui m’a aidé à rester fidèle ?
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. »
Alors là , on ne comprend plus ! Comment Jésus peut-il dire cela, lui qui, au matin de Pâques, a pour premiers mots : « La paix soit avec vous » ? Lui qui envoie ses disciples précisément pour être messagers de paix. En fait, quand Jésus dit cela, c’est un constat : sa mission, ses paroles et ses actes divisent ceux à qui il s’adresse, à commencer par les habitants de Nazareth, et même sa famille qui le traite de fou : « Il a perdu la tête ! »
Si vous cherchez d’abord la tranquillité, à ne pas faire de vagues et éviter tout conflit, ne devenez pas chrétiens ! J’ai accompagné des catéchumènes qui ont beaucoup souffert du rejet de leur famille suite à leur conversion. Sans aller jusque-là , nos propres enfants ou petits-enfants nous regardent parfois avec commisération : « Comment peut-il encore croire à ces choses-là ! » Nous souffrons de ne pouvoir transmettre notre joie de croire.
L’Évangile de ce jour nous resitue face à la folie de la croix. S’engager à la suite du Christ n’est pas adhérer à une vague croyance qui ne changerait pas grand-chose à notre vie quotidienne. Plongés dans le baptême à la suite de Jésus, nous sommes invités à le suivre dans sa passion comme dans sa résurrection, à donner notre vie pour nos frères et sœurs en humanité.
Frère Nicolas Morin