Homélie du 18 décembre, 4ème dimanche de l’Avent – Année C

Pauvre Joseph

Aujourd’hui,  il est important de remarquer que pour l’Eglise primitive le récit de Mathieu n’est pas d’abord une apologie de la virginité mais une réflexion théologique sur le rôle de l’Esprit-Saint dans  l’annonce étonnante de la venue de l’enfant divin. Mais en contemplant ce merveilleux récit je ne peux m’empêcher de penser au drame de Joseph que l’on voit dans certaines icônes le regard troublé et pensif. On peut bien le comprendre !

Pauvre Joseph   on parle si peu de toi dans l’Evangile. Même le texte de l’Evangile t’enlève le verset 25 où il est dit que c’est toi qui donna le nom de Jésus. Même cette gloire on te l’enlève. Pauvre Joseph tu parais bien pâle à côté de la jeune fille qui a dit ce oui étonnant à l’annonce de la venue de l’enfant   tant attendu et espéré par des générations de croyants.

Et en paraphrasant Péguyon pourrait dire : Le peuple chrétien n’a d’attention que pour la mère et l’enfant. Le peuple chrétien ne voit que le ventre de la mère gonflé d’espérance. Il n’a de regard que pour la toute jeune fille et l’enfant qui va naître. Il ne voit pas celui qui se morfond dans son coin, le cÅ“ur rongé par des sentiments contradictoires : « Ce n’est pas moi qui ait fait cet enfant, mais alors comment est-il  venu ? Et pourtant Marie je la connais, ce n’est pas possible qu’elle ait  été avec un autre Â». 

Pauvre Joseph, ton cÅ“ur a dû être bien chamboulé, pris entre la loi de dénoncer  publiquement Marie et ton amour pour cette jeune fille toute simple et pure. Loi et cÅ“ur ne font pas toujours bon ménage. Le cÅ“ur a parfois des raisons que la loi ignore. Tu as trouvé la moins mauvaise solution, sans doute dans les larmes : « Répudier la jeune fille en secret Â».

IL y a des choses qui doivent être tues pour être tenues. Il y a des événements de la vie qui ne peuvent être dévoilées sur la place publique. Ô joseph, c’est là que tu es grand, même si tu ne comprends pas, tu t’en vas sur la pointe des pieds, pour ne rien écraser, pour ne rien abîmer. Tu ne cries pas sur la place publique: « Je suis dans mon droit, j’ai la Loi avec moi Â».C’est sans doute là, que tu es le plus accordé, le plus ajusté à ton cÅ“ur.

Tu restes blessé, Joseph, mais quand on est dans les sens des sa vie, quand on garde le secret sur ce qui nous dépasse, quand la parole reste bloquée au fond du cÅ“ur et qu’on continue d’aimer malgré tout,  il y a toujours quelque chose qui arrive, quelqu’un sur le chemin, un ange pourquoi pas ! Tu étais si seul, Joseph, si perdu. Tu avais besoin d’un coup d’œil du Très-Haut, d’un coup d’aile qui t’élève, d’une parole de réconfort. 

Mais il fallait que tu dormes, que tu laisses descendre dans ton sommeil toutes ces pensées contradictoires, pour laisser apparaître une autre vision, une autre parole. Car comme dit le proverbe : «  la nuit porte conseil »,. Mais après la nuit sans étoile, il y aura l’étoile du matin. Et toujours cette parole de l’ange : « Ne crains pas ». Car la peur provoque en nous la pire des violences, nous pouvons tout écraser, tout briser même les choses les plus saintes. Alors, Joseph, tu recevras une autre parole auquel tu vas t’ajuster : « Prends chez toi ton épouse ».Tu vas répondre oui à ton tour. Et du oui d’un homme et d’une femme va naître la promesse. Tu n’as pas voulu tout comprendre, tout maîtriser. Mais  tu vas accueillir l’événement avec un cÅ“ur large, désencombré, apaisé. Merci Joseph ! Â

Ô  Joseph, donne-nous un peu de ta justice et de ta naïveté, pour qu’à notre tour nous puissions attendre dans la foi et l’espérance l’enfant qui vient !

Frère Max de Wasseige

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