Homélie du 21 août, 21ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

« En ce temps là… » De quel temps est-il question sinon l’aujourd’hui de nos vies, l’aujourd’hui de notre monde rejoint par Jésus qui ne cesse de le parcourir, annonçant le Royaume qui vient ? « C’est maintenant le moment favorable, c’est aujourd’hui le jour du salut », s’exclame saint Paul (2 Cor 6,2).

J’arrête un instant ma lecture et je demande la grâce d’être là, pleinement présent, me laissant rejoindre par Jésus.

En chemin, un homme arrête Jésus pour lui demander : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » De quel salut parle cet homme sinon de la vie éternelle, imagée dans la Bible sous la forme d’un repas de fête ? Serai-je des convives, se demande cet homme angoissé ? Suis-je moi aussi en attente de salut ? Qu’est-ce que le salut pour moi ?

Jésus, comme à son habitude, se garde bien d’entrer dans une discussion théorique. « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite car beaucoup chercheront à y entrer et n’y parviendront pas. » Quel est ce maître qui semble prendre un malin plaisir à sélectionner les candidats au passage et à refouler ceux qui, apparemment, sont les mieux préparés ?

Pour comprendre ce passage, peut-elle faut-il relire la parabole du riche et de Lazare (Luc 16, 19-31). Il est question là aussi d’une porte, solidement fermée, entre Lazare qui quémande nourriture et chaleur et le riche confortablement installé dans sa maison et qui reste sourd à ses appels. Quelle ne sera pas sa surprise de voir Lazare le précéder dans le Royaume de Dieu, avec entre eux deux un ravin infranchissable !

La porte dont parle Jésus n’est-elle pas celle de notre cœur ? Il est de notre liberté et de notre responsabilité de prêter l’oreille aux cris de nos frères et sœurs, d’ouvrir la porte de notre cœur. Ce choix nous engage, pour aujourd’hui et pour la vie éternelle. Parce que notre réponse nous relie à Dieu autant qu’à nos frères ou, au contraire, nous en coupe radicalement. Jésus lui-même se présente comme la porte des brebis mais aussi comme ce berger qui n’hésite pas à quitter l’enclos pour aller chercher la brebis perdue, la plus fragile du troupeau.

« Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi vous tous qui commettez l’injustice. » Voilà ce qu’il faut entendre. Toute injustice est étrangère à Dieu, elle remet en cause son projet d’amour pour sa création. La Bible ne cesse de relayer le cri de Dieu, sa souffrance face aux injustices qui touchent d’abord les petits et les pauvres. Jésus ne chercherait-il pas à faire comprendre à cet homme qu’il n’y a de salut que collectif ? On n’est a sauvé, ni heureux, tout seul. La justice de Dieu est pour tous. Son rêve est de nous voir un jour tous rassemblés, frères et sœurs d’une même famille humaine afin de goûter la joie d’aimer.

Seigneur Jésus,

Tu veux nous sauver de la dureté du cœur,

de notre aveuglement face aux injustices.

Tu es la porte d’un amour sans limite,

un amour qui reconnaît dans le pauvre,

le méprisé, le défiguré, un frère.

Ouvre-nous la porte de cet amour éternel.

Frère Nicolas Morin

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