Homélie du 26 mai : Fête de l’Ascension – Année C

Le même évènement clôt l’évangile de Luc et ouvre le livre des Actes des Apôtres. Comme s’il fallait que Jésus disparaisse à leurs yeux pour que ses disciples naissent à une vie nouvelle.

Une chose m’a intriguée. Pourquoi Jésus demande-t-il à ses disciples d’attendre à Jérusalem ? Jérusalem restera à jamais pour eux le lieu de la condamnation et de la mort de Jésus. Les rues de la ville résonnent encore des cris de la foule : « A mort, crucifie-le. » Ils s’attendent au détour d’une ruelle à voir Jésus portant sa croix. C’est une partie d’eux-mêmes qui est morte avec Jésus. Demeurer à Jérusalem, c’est donc, pour eux, rester sur le lieu de leur blessure.

Ils font l’expérience éprouvante de l’attente. La foi se niche précisément là, dans cet entre-deux de la promesse de Jésus et sa réalisation : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec de l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. »

Être baptisés, plongés dans la vie de l’Esprit, voilà la promesse. Cet Esprit qui fait dire à Jésus : « Le Père et moi, nous sommes UN », « Comme le Père demeure en moi et que je demeure dans le Père, demeurez dans mon amour ».

Pour que la promesse s’accomplisse, Jésus doit disparaître aux yeux des disciples. Parce qu’ils doivent faire l’expérience que la Résurrection ne concerne pas seulement Jésus, qu’elle n’est pas extérieure à eux. Eux qui ont traversé la mort avec le Christ doivent accueillir en eux la puissance de la Résurrection. C’est une nouvelle naissance. Ils naissent à la vie dans l’Esprit. Ils sont plongés dans le cœur même de Dieu.

Jésus disparaît à leurs yeux, à nos yeux, et pourtant il n’a jamais été si proche. Désormais, nous pouvons le reconnaître en nous-même et en tout homme avec les yeux de la foi.

Cette promesse s’accomplit pour tous : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Être témoin du chemin pascal, de la vie capable de déchirer le voile de la mort. Cela veut dire, pour les disciples comme pour chacun de nous, accepter d’abord de demeurer à Jérusalem, c’est-à-dire de ne pas fuir les lieux de fractures en nous-mêmes et dans le monde. C’est là que se joue la puissance de la Résurrection.

Nous sommes témoins de ce Dieu qui tient toujours sa promesse, qui n’abandonne pas le pauvre dans sa détresse. Comme Jésus aux côtés des disciples d’Emmaüs, nous sommes appelés à cheminer longuement avec ceux et celles qui sont encore enfermés dans les ténèbres, à entendre leur cri, à ouvrir avec eux l’Évangile mais aussi le livre de leur vie pour y puiser le sens de la marche, et puis partager le pain de l’amitié, de la vie donnée. Enfin, savoir disparaître lorsque leurs yeux s’ouvriront sur cette lumière intérieure qui ne les a jamais quittés et qu’ils auront le cœur tout brûlant.

Viens, Esprit Saint, viens traverser l’épaisseur de mes ténèbres pour m’ouvrir à ta lumière.

Viens, Esprit Saint, viens me plonger dans l’amour du Père et du Fils.

Viens, Esprit Saint, fais de moi un témoin de ta vie offerte à toute personne.

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Frère Nicolas Morin

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