SEIGNEUR, APPRENDS-NOUS A PRIER !
Avez-vous déjà rencontré un homme, une femme de prière ? De ces personnes que l’on sent véritablement habitées, illuminées, rayonnantes d’une présence, de la relation profonde avec le Seigneur ?
De ces personnes que l’on a envie d’aller voir et leur demander : « Quel est ton secret ? »
C’est cela qui frappe les disciples de Jésus. Ce ne sont pas d’abord ses paroles. Jésus est un homme tout entier habité par sa relation au Père, et son unique mission est de susciter en nous le désir d’ouvrir à notre tour notre cœur à ce Père qui n’attend que cela pour s’ouvrir, se communiquer, se donner à nous.
Nous voici comme les disciples ce matin, et, comme eux, nous nous adressons à Jésus :
« Apprends-nous à prier ! »
Ouvre-nous à cette plénitude de vie qui t’habite et que tu reçois dans ces longs face à face, ces longs cœurs à cœur avec le Père.
Jésus, tu ne fais pas de longs discours sur la prière, tu ne donnes pas de recettes. Tu pries simplement devant nous et tu nous invites à entrer dans ta prière, non pas tant avec des mots que dans une attitude qui prend tout notre être.
« Père »
Prier, c’est d’abord me recevoir comme fils, comme fille, bien-aimé du Père. Ce Père, nous dit le psaume, « plein de tendresse et de miséricorde, lent à la colère et plein d’amour ». Ce Père qui ne nous veut et ne nous fait que du bien.
Prier, c’est donc entrer dans la confiance, dans cet abandon, cette certitude profonde, paisible, que Dieu est le rocher sur qui m’appuyer, celui qui jamais ne me décevra.
« Père, que ton nom soit sanctifié »
Oui, Père, que ton nom, c’est-à -dire toi-même, soit connu, aimé, adoré. Que je n’aie de cesse de te louer et de te rendre toutes grâces reçues. Qu’un jour tous les hommes puissent rencontrer ton regard de miséricorde et se découvrir pardonnés, aimés, recréés.
« Que ta volonté soit faite »
Ta volonté ne s’oppose pas à la mienne. Au contraire, tu viens me révéler mon désir profond, et tu viens l’accomplir.
Rends-moi libre, libre de tout ce qui me replie sur moi-même, libre de tout ce qui me disperse en des désirs superficiels qui jamais ne me comblent. Donne-moi la liberté intérieure, profonde, de celui qui se sait appelé et envoyé par toi.
« Donne-nous le pain dont nous avons besoin chaque jour »
Pas le pain de demain et d’après demain ! Le pain d’aujourd’hui !
Comme j’aimerais être auto-suffisant, ne dépendre de personne, vivre sur mes réserves, par moi-même !
Au lieu de cela, tu m’invites à découvrir la joie de celui qui, chaque jour, reçoit ce dont il a besoin, gratuitement. Le Seigneur ne sait-il pas mieux que nous ce dont nous avons besoin ?
Tu m’invites, Seigneur, à plonger dans la confiance, à renouveler chaque matin mon oui à ta parole créatrice, à faire l’expérience que tout ce qui n’est pas donné est perdu.
« Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des tords envers nous »
Comme elle est difficile à prononcer cette phrase. Nous en sommes si loin !
Et pourtant, aimer Dieu sans aimer son frère, c’est se faire illusion, se mentir à soi-même, et témoigner d’une image faussée de Dieu.
Je te confie Seigneur, tous les pardons que je n’arrive pas à donner ou à recevoir.
Façonne mon cœur à l’image du cœur de Jésus qui, sur la croix, prie ainsi : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! »
« Ne nous laisse pas entrer en tentation ».
Tentés, nous le sommes tous. Il y a une part de combat spirituel dans chacune de nos vies. Jésus lui-même fut tenté, depuis les 40 jours dans le désert jusque sur la croix : « Si tu es le fils de Dieu… »
Père, tu connais ma faiblesse. Sans toi, je succombe bien souvent à la tentation. Donne-moi alors l’humilité de te tendre la main, d’accueillir ta miséricorde et de me laisser relever, ressusciter en toi, par toi.
Seigneur Jésus, apprends-moi à prier. Viens prier en moi. Envoie ton Esprit Saint afin qu’il murmure en mon cœur les mots de l’amour.
Frère Nicolas Morin