Homélie du 3ème dimanche du T.O. année B

« Que tous soient un »

Nous terminons la semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens, lancée en France dès 1933 par l’Abbé Couturier. Et justement aujourd’hui les textes de la messe nous parle de conversion, à l’image des gens de Ninive après la prédication de Jonas. Et surtout la première prédication de Jésus après son passage au désert où il subit les grandes tentations de l’humain. Sa Parole est concise, forte et résume toute la Bonne nouvelle : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » Mais nous savons qu’au cours des siècles, les disciples, au lieu de mettre toute leur énergie à se convertir, se sont souvent disputés.

Où en est l’œcuménisme aujourd’hui ? On dit que ce mouvement est en crise, que c’est l’hiver de l’œcuménisme, que l’important c’est le dialogue inter-religieux surtout avec l’Islam, le débat sur la laïcité. Même si ces débats sont très importants, on ne peut minimiser tout le chemin parcouru et tout le chemin qui reste encore à faire. « Que tous soient un afin que le monde croie »(Jean 17) Malgré ce cri de Jésus, il faudra attendre le XXème siècle pour que le mouvement œcuménique naisse.

Le dynamisme initial viendra principalement du protestantisme rejoint par l’orthodoxie. Dans le catholicisme il y eut des voix prophétiques comme Mercier, Portal, Couturier, Congar, mais les autorités romaines restèrent en retrait de ces initiatives. Il faudra attendre Jean XXIII pour que l’œcuménisme deviennent une tâche d’Eglise. Avant le concile Vatican II on parlera de « la conversion œcuménique de l’Eglise catholique ».

L’œcuménisme a toujours deux niveaux : La réflexion théologique et les initiatives sur le terrain. L’un ne va pas sans l’autre. Si l’œcuménisme est uniquement affaire de spécialistes le peuple s’en désintéressera. Et si les chrétiens n’ont pas de réflexion théologique ce sera un œcuménisme de façade, sans contenu.
Pour rappel je voudrais souligner quatre initiatives théologiques :

Le groupe des Dombes qui pendant plus de 60 ans se sont réunis à l’abbaye cistercienne pour explorer des chemins de convergences et aboutir à des textes majeurs sur l’œcuménisme. Aujourd’hui c’est la communauté œcuménique du Chemin-Neuf qui a pris le relais des moines .

La déclaration de Barmen en Allemagne sous l’égide de Karl Barth est aussi un texte important, affirmant que Jésus Christ est l’unique Parole de Dieu et qu’il n’y a pas d’autres puissances et vérités que lui. Nous sommes en 1933 et on vient de proclamer qu’il n’y a qu’une vraie race :l’ Aryenne !

Le Document de Munich 1982, signé sous l’égide de l’Eglise catholique et orthodoxe : Une réflexion sur le mystère de l’Eglise et de l’Eucharistie qui sont des lieux privilégiés d’énergie de l‘Esprit Saint. Premier texte commun depuis la rupture en 1054 !

La déclaration commune avec les Luthériens sur la sanctification de 1998. Pierre d’achoppement pendant des siècles.

Bien sûr qu’il faut du temps avant que ces textes coulent dans le sang du peuple. Et l’on constate aujourd’hui un repli identitaire qui ne favorise pas l’œcuménisme. Mais dans de nombreux pays,  les Chrétiens ensemble jouent un rôle positif , reconnu, notamment en Afrique, en faveur de la paix et de la démocratie. Des associations oecuménique comme L’ACAT jouent un rôle important pour l’abolition de la torture .La liste serait longue. Mais le mouvement œcuménique est irréversible !

L’hiver œcuménique sera tôt ou tard suivi de signes indéniables de printemps. Parmi ces signes il faut citer notre pape François qui dans son encyclique sur l’écologie citera « L’apport du cher Patriarche œcuménique Bartholomée avec qui nous partageons l’espérance de la pleine communion ecclésiale.»(V 7) Et enfin, ce beau travail d’unité autour « d’Eglise verte » qui nous ouvre un beau chemin d’avenir.

O viens nous rassembler Seigneur Jésus !

Connexion