Homélie du 7è dimanche de pâques

Homélie du 7è dimanche de pâques

COMME TOI

Depuis trois jours, les équipages de 2500 2 CV sillonnent les routes de la région de Besançon. On trouve des jeunes, des vieux, des hommes et des femmes, des familles même venus de divers pays. Tous rassemblés par leur amour de la 2 CV ! Et il règne entre eux une fraternité paisible, joyeuse, au point que j’ai eu envie d’aller les voir à La Vèze, au cœur de leur rassemblement. L’inventeur de la 2 CV avait-il imaginé qu’un jour sa voiture mythique serait un vecteur de communion entre des personnes si différentes ?
C’est autour de sa personne que Jésus fédérait les foules. Tant de gens différents se retrouvaient autour de lui, simplement heureux d’être là et de goûter sa présence. Mais Jésus n’est pas un gourou qui cherche à attirer à lui ; il est témoin d’une autre présence ; il cherche à introduire ceux qui le suivent à un niveau de communion plus profond, plus durable. Et il le fait par l’exemple, en priant.
La prière de Jésus révèle une proximité étonnante avec ce Dieu qu’il nomme « Père ». Lorsqu’ils le voient prier, les disciples pressentent que tout se joue là, dans la relation qui unit Jésus à son Père. Une relation où il n’y a ni gagnant ni perdant mais où chacun, dans un même mouvement, se donne et se reçoit tout entier. Tout est don, gratuité, dans cette relation, et chacun y puise une joie profonde. Le ressort secret de ce mouvement d’amour, le souffle qui jamais ne s’épuise, c’est l’Esprit Saint.
L’évangile de ce dimanche lève un coin du voile sur la prière de Jésus. Ecoutons-le : « Je prie pour eux (c’est-à-dire nous), ceux que tu m’as donnés (Jésus nous accueille comme des cadeaux) ; ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi. […] Père Saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un. » Le mot le plus important, qui revient deux fois, c’est « comme ». Ce « comme » nous introduit dans la communion d’amour qui unit le Père au Fils dans l’Esprit Saint. C’est une réalité tellement forte, tellement grande, que nous avons peine à réaliser ce que Jésus nous offre : vivre de sa vie, la vie divine. C’est ce que Jésus appelle « partager sa gloire avec nous ».
Du coup, nous pressentons bien qu’être chrétien, c’est beaucoup plus qu’accomplir un certain nombre de prescriptions extérieures, beaucoup plus même qu’avoir une vie exemplaire et toute donnée aux autres. Être chrétien, c’est apprendre à respirer à la manière de Dieu, ou plus exactement laisser Dieu respirer en nous. Une vie qui a du souffle, une vie qui « respire », c’est toujours une vie reliée, reliée à la présence en nous de l’Esprit Saint, reliée à ses frères et sœurs mais aussi à toute la création dans cette conscience de tout recevoir du Père des cieux.
En ce dimanche où l’Eglise nous invite à prendre conscience de l’importance de la présence chrétienne dans les moyens de communication, rappelons-nous que nous aurons beau être présents sur tous les réseaux sociaux, si nous ne sommes pas reliés à ce niveau de profondeur, si nous ne sommes pas enracinés dans la communion divine, nous aurons travaillé en vain.
Le seul trésor que nous ayons à partager, c’est précisément celui que nous ne possédons pas, parce qu’il nous est toujours offert. C’est ce que saint Jean nous redit dans sa lettre :
« Voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous :
il nous a donné part à son Esprit.
Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu,
Dieu demeure en lui, et lui en Dieu.
Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru.
Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. »

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