JEAN 10 / JESUS, LE BON BERGER
Comme d’habitude, l’évangéliste Jean nous livre quelques lignes d’une extraordinaire densité. Pour ne pas risquer de faire de contre-sens, je vous invite à lire l’ensemble du chapitre.
Jésus est au Temple de Jérusalem et, aux juifs rassemblés pour l’écouter, il déclare : « Je suis le Bon Berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. » En entendant Jésus, les juifs pensent immédiatement au Bon Berger annoncé par les prophètes, figure du Messie qui vient sauver son peuple et établir un rêgne de paix et de prospérité. Dire qu’il est le Bon Berger, c’est donc, pour Jésus, dévoiler sa véritable identité. Il est bien le libérateur attendu.
Mais il va encore plus loin. Il déclare en effet : « Je suis la porte des brebis. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. » Jésus est le chemin qui conduit au Père. Tous les autres chemins sont des impasses. Seul Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Vous imaginez le remous dans l’assistance. Comment cet homme Jésus, le fils de Joseph de Nazareth, a-t-il l’audace non seulement de se proclamer Messie, mais en plus de dire que nul homme ne peut aller au Père s’il ne passe par lui ?
Dans le passage qui suit, Jésus enfonce le clou. En quelques lignes, il réussit à nous dire qui il est, qui nous sommes et à nous faire entrer dans cette relation unique qu’il tisse avec chacun de nous.
« Mes brebis écoutent ma voix »
Être chrétien, suivre Jésus, c’est savoir écouter. Ecouter, c’est sortir de soi pour se mettre sous la parole d’un autre. C’est le sens du mot obéissance : ob-audire : se mettre sous la parole. Ecouter, c’est quitter mon rêve de toute-puissance pour me recevoir d’un autre. Je reçois ma vie d’un autre. La vie m’est donnée, et c’est pourquoi elle est infiniment précieuse. Et c’est pourquoi personne ne pourra me la ravir.
Ecouter la voix du berger. On n’entend rien dans le tumulte. Pour écouter, je dois faire silence autour de moi, mais surtout en moi. Ecouter la Parole de Dieu, c’est accueillir Jésus qui me parle au plus profond de mon être, dans l’Esprit Saint.
Si je me mets à écouter vraiment, alors j’entendrai Jésus me murmurer : « Je te connais. » Connaître, dans la Bible, c’est entrer dans l’intimité de quelqu’un, c’est être lié à lui profondément. Entendre Jésus me dire : « Je te connais », c’est me laisser regarder, accueillir par lui comme une personne unique, infiniment précieuse à ses yeux. Jésus connaît chacun d’entre nous d’une manière unique.
« Mes brebis écoutent ma voix,
moi, je les connais,
et elles me suivent ».
Accueillir Jésus dans ma vie, ce n’est pas seulement l’écouter, c’est aussi me mettre en route, marcher à sa suite. C’est prendre le risque de quitter le rivage de mes habitudes, de ma vie installée, pour me risquer dans la confiance en mettant mes pas dans ceux de Jésus.
Partir à la suite de Jésus, c’est trouver la vie, la vraie. Celle qui naît de l’apprentissage de l’amour. Jésus nous propose la vie, sa vie. « Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en abondance. » Et sa manière de donner la vie, c’est de se donner lui-même. « Ma vie, personne ne la prend, mais c’est moi qui la donne. »
A l’époque où l’évangile est écrit, les chrétiens risquent chaque jour leur vie au nom de Jésus. C’est pourquoi ils ont tant besoin d’entendre Jésus leur redire : « N’ayez pas peur. Vous êtes dans ma main et personne ne pourra vous en arracher. Même pas la mort. Vous avez la vie éternelle. »
Ecouter la voix de Jésus,
le connaître pour l’aimer,
et le suivre.
Jésus trace ici le portait de tout apôtre, appelé et envoyé par lui.
Toi qui me lis, laisse retentir en toi la voix de Jésus. Elle te dira combien tu es important à ses yeux. Elle te dira qu’il a besoin de toi et que tu es capable de le suivre. Chaque jour il te donnera le pain pour la route.
N’aie pas peur de risquer ta vie pour l’Evangile. Le Christ a besoin de toi. Le monde a besoin de toi.
Frère Nicolas Morin