Homélie du 9 octobre, 28ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

RELEVE-TOI ET VA, TA FOI T’A SAUVE  Luc 17, 11-19

Tout le monde marche dans cet évangile ! Jésus est en chemin, et il n’a pas peur de passer en terre étrangère, chez les Samaritains, si méprisés par les juifs orthodoxes. Il marche, tel le berger à la recherche de sa brebis perdue. Puisque nous n’allons pas à lui, il a décidé de venir à nous ! Un groupe également chemine : dix lépreux. Quel courage leur faut-il pour se mettre en route, eux que l’on a relégués à l’extérieur du village dans la peur d’être contaminé et souillé par ces gens « impurs ». Sans doute ont-ils entendu parler de Jésus et une espérance folle s’est éveillée en eux : et si eux aussi étaient guéris par Jésus ? Alors, ils se mettent en route ensemble, n’ayant pas peur de montrer leur lèpre au grand jour, et vont vers Jésus.

« Ils s’arrêtèrent à distance. » Les lépreux ont intériorisé la distance qui les sépare des « bien-portants », des « justes ». Une distance codifiée dans la Loi afin de ne pas transmettre le mal. Pensons à cette distance que nous mettons souvent avec tel ou tel, parce que nous ne nous sentons pas dignes ou simplement pour ne pas être importunés ! Dans les deux cas, l’autre reste un étranger.

Et pourtant un cri traverse cette frontière invisible : « Ils lui crièrent : Jésus, maître, prends pitié de nous. » Tout est dit de leur misère, de leur détresse mais aussi de leur folle attente. Leur cri se fait prière, acte de foi en ce maître, seul capable de les guérir. Avons-nous conscience que ce même cri jaillit au début de chaque eucharistie ? « Seigneur, prends pitié. »

Que fait Jésus ? Rien ! Ni geste ni parole qui viendrait abolir cette distance. Pourquoi ? « Allez vous montrer aux prêtres. » On le sait, les prêtres sont les seuls habilités à déclarer une personne guérie et, par ce fait, à la réintégrer dans la communauté. Les lépreux obéissent sur parole, comme leur père Abraham qui osa tout quitter pour se mettre en chemin vers la Terre promise. C’est en chemin que les lépreux vont faire l’expérience que Jésus tient parole, qu’il a entendu leur cri et vient les guérir. Suis-je moi aussi en chemin ? Ai-je fait cette expérience que Dieu tient parole, qu’il ne ment pas ?

« L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. » Tous sont guéris mais un seul est converti, littéralement retourné par ce qui lui arrive au point que sa vie change de direction, prend un sens nouveau. Le voilà reparti vers ce Jésus qu’il reconnaît comme son Sauveur.

Désormais plus de distance physique mais la conscience aiguë du gouffre qui le sépare, lui qui est pécheur, de la sainteté de Dieu. C’est pourquoi il se jette à ses pieds. Il se sait pécheur pardonné.

Jésus s’étonne : « Les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? » Il se tourne alors vers le Samaritain : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé. » Voilà la distance abolie, cette frontière qui le coupait de la vraie vie, de la communion divine. Le voilà relevé d’entre les morts pour naître à une vie nouvelle. Les neuf autres sont physiquement guéris mais ils n’ont pas goûté la joie d’être sauvés, ils n’ont pas fait l’expérience d’un amour qui les rejoint à travers même l’épaisseur de leur péché.

Frère Nicolas MORIN

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