Homélie du dimanche 10 avril 2022 – dimanche des Rameaux – Année C

RAMEAUX

Jésus arrive au bout de sa route, l’accomplissement de sa mission. Jérusalem bruisse de pèlerins venus de tout l’empire. Fêter Pâques, c’est beaucoup plus que se souvenir de la libération d’Égypte, c’est s’enraciner dans une parole qui tient promesse dans l’aujourd’hui de nos vies : « J’ai vu la misère de mon peuple et je suis descendu pour le délivrer. Va, je t’envoie. » En Jésus, cette parole s’accomplit.

« En ce temps-là, Jésus partit en avant pour monter à Jérusalem. »

Jésus marche en avant. Il est le premier de cordée. Être premier, pour Jésus, c’est prendre la place du serviteur qui lave les pieds de ses disciples. Il nous invite à le suivre sur ce chemin de l’amour vrai, total, qui va jusqu’au don de soi.

Seigneur Jésus, tu sais bien combien je t’aime, mais tu connais aussi mes peurs, mon égoïsme, tant de freins qui m’empêchent de te suivre sur ce chemin. Viens me libérer de tout ce qui entrave la marche.

« Ils amenèrent l’âne auprès de Jésus, jetèrent leurs manteaux dessus, et y firent monter Jésus. »

C’est l’accomplissement de la prophétie de Zacharie : « Tressaille d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des acclamations, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi s’avance vers toi ; il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon tout jeune » (Za 9,9). C’est bien un roi qui entre à Jérusalem, mais un roi d’humilité qui aura la couronne d’épine pour emblème et la croix pour trône.

Je contemple Jésus, cet humble charpentier né dans la pauvreté d’une crèche. Il rayonne d’une assurance paisible. Il avance en homme libre.

« Toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. »

Je regarde maintenant la foule de disciples qui acclame Jésus. Il y a parmi eux les sans-abris, les sans-papiers, les mal-aimés, les estropiés, tous ces pauvres qui se sont laissés rejoindre par Jésus au cœur même de leur blessure. Jésus les a relevés, rétablis dans leur dignité, rendus à la vie.

Et moi, où suis-je ? Suis-je parmi cette foule de pauvres et de petits, fous de joie à la vue de leur Sauveur ?

« Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, réprimande tes disciples ! »

D’autres font grise mine. Ils ne peuvent reconnaître en Jésus le Sauveur attendu. Jésus leur fait de l’ombre, eux qui héritent du pouvoir de génération en génération. Il renverse les valeurs. Le seul pouvoir que Dieu connaisse, c’est de donner sa vie par amour.

Je peux reconnaitre en moi cette part de jalousie, cette soif de pouvoir et de domination qui vient parasiter mes relations. Je demande au Seigneur de m’en libérer.

« Mais il prit la parole en disant : « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »

Que veut dire Jésus par cette phrase énigmatique ? Peut-être que rien ne peut arrêter la course de l’Évangile ? Que la pierre rejetée par les bâtisseurs deviendra la pierre d’angle ?

Jésus, roi désarmé,

Aujourd’hui, la foule t’acclame,

Demain, elle criera : « Crucifie-le ! »

Pourtant, tu ne cesses de nous aimer,

De croire en nous, d’espérer en nous.

Donne-nous la grâce de ne pas fuir

Et de te suivre jusqu’à la croix.

Frère Nicolas Morin

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