Homélie du dimanche 10 mars 2024 du frère José Kohler

4ème dimanche de Carême  — Année B

LE SERPENT D’AIRAIN ET LA CROIX DE JESUS

 Pendant ces dimanches de carême, nous avançons en regardant Jésus le Christ:

– Jésus partage nos tentations au désert et dit résolument oui à son Père

– Jésus sur la montagne de la Transfiguration qui illuminé par l’amour de son Père et désigné comme le Fils bien aimé.

– Aujourd’hui, Jésus «élevé sur la croix» nous révèle l’amour du Père qui veut nous sauver.

Curieuse histoire que celle du serpent d’airain (serpent de bronze) (Nombres 21, 7-9) ! Le peuple d’Israël qui erre dans le désert à la recherche de la terre Promise est décimé par la morsure de serpents «brûlants» (venimeux). Il pense alors qu’il est puni par Dieu car il s’est révolté contre Moïse et contre Dieu. Dieu nous a-t-il fait sortir d’Egypte pour nous faire mourir dans le désert?

Mais Dieu les invite à sortir de la peur du châtiment en regardant le mal en face, en levant les yeux vers le ciel, vers le serpent dressé sur un bâton. (sans doute le souvenir d’un culte païen, transformé en geste de salut). Regarder ce serpent dressé c’est cesser d’être subjugué par le mal et revenir à la vie et en la confiance en Dieu.

Jésus, lui aussi, nous dit saint Jean a été «élevé de terre» sur la croix. En quoi le regarder dans la foi peut-il être une attitude qui sauve ?

Regarder, le Christ sur la croix n’est pas une attitude masochiste, c’est oser regarder le mal de l’homme, la violence cruelle de l’homme, le mal qui met à feu et à sang nos vies et la vie du monde, il n’y a qu’à regarder notre actualité: les guerres atroces, les famines, les pauvretés de toutes sortes et les injustices. Dieu en Jésus porte tout cela dans son amour bafoué, crucifié.

Mais regarder le Christ sur la croix, c’est aussi et surtout regarder l’amour immense de Dieu révélé en son Fils Jésus qui partage notre humanité. L’amour plus fort que la violence et le péché. Le regarder c’est croire que l’ humanité, chaque personne, est aimée de Dieu. Que nous avons du prix à ses yeux puisqu’il donne sa vie par amour pour nous. C’est le coeur de notre foi, la Bonne Nouvelle par excellence.

Allons-nous passer à côté de cette immense Bonne Nouvelle? Osons-nous encore regarder la croix comme un signe de vie ? Beaucoup aujourd’hui ne le veulent plus ou ne le peuvent plus ? (la faute à qui ? À l’Église qui a un peu abusé de l’aspect morbide et culpabilisant ou au péché de l’homme qui n’ose plus regarder sa condition d’homme mortel et fragile ?… Peu importe)

Nous sommes invités à prier l’Esprit Saint pour qu’il nous permette de discerner l’amour de Dieu notre Père, notre Abba (papa) à travers le don qu’il nous fait de sa vie en son Fils Jésus. Il nous aime jusqu’à l’extrême de l’amour. Pour saint Jean c’est sur la croix que Dieu nous révèle et nous communique la profondeur de son Amour indéfectible. C’est là que se révèle l’intimité de son être, «sa gloire» comme le dit encore saint Jean. C’est là que se révèle déjà la Résurrection; l’Amour qu’est Dieu est déjà en Jésus crucifié vainqueur du mal du monde.

Regarder Jésus sur la croix avec confiance c’est déjà être sauvé du mal qui nous assaille de toute part. Jésus dit oui au nom de toute la création et de toute l’humanité, à l’amour du Père qui est source de toute vie. Ce oui que nous avons tant de mal à exprimer. Mais L’Esprit Saint , l’Esprit du Père et du Fils peut le murmurer en nous à travers nos larmes et nos souffrances et nos espérances aussi…

Heureusement nous avons, à la suite de François d’Assise qui a été fasciné par le Christ crucifié, l’icône du Christ de saint Damien qui nous invite à contempler le Christ qui donne sa vie pour nous sur la croix et qui est déjà accueilli par le Père. Avec lui tournons-nous vers le Père qui nous aime au coeur de nos souffrances et du mal du monde. «Père entre tes mains je remets mon esprit».

Frère José Kohler

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