LA JOIE MESURE DE NOTRE FOI
Ce troisième dimanche de l’Avent porte bien son appellation de dimanche de la Joie : c’est un débordement de cris de Joie qui résonne dans le passage du livre de Sophonie et dans le cantique d’Isaïe : « Pousse des cris de joie, fille de Sion, éclate en ovation Israël, tressaille d’Allégresse, fille de Jérusalem car le Seigneur aura sa joie en toi. Et St Paul n’est pas en reste en répétant par deux fois : « Soyez toujours dans la joie, car le Seigneur est proche ». Mais aujourd’hui comment être dans la vraie joie dans un monde qui ne cesse de générer des inquiétudes pour nous et nos proches ? Un monde qui respire de plus en plus la tristesse, la détresse, la violence. Mais alors à quelle joie nous invite la Parole de Dieu de ce 3ème dimanche de l’Avent ?
Ce qu’il nous faut bien comprendre, c’est que la joie à laquelle nous sommes conviés, c’est la joie même du Seigneur. St Paul nous le dit de manière claire : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ! » C’est une joie avec laquelle nous ne sommes pas de plein pied, une joie qui ne dépend pas de nos humeurs ou des circonstances qui nous entourent. C’est une joie plus profonde qui tutoie l’éternité. La vraie Joie c’est un don de Dieu. La cause de cette joie c’est la venue de Dieu dans notre humanité. La joie qui doit nous habiter est celle que nous trouvons en ce fils de Dieu qui a choisi de naître parmi nous. Qui voit Dieu enfant voit le cœur de Dieu. C’est le Seigneur lui-même qui exulte en nous et pour nous. Et en même temps, à Noël, c’est Dieu lui-même en Jésus Christ qui choisit de prendre la part de l’homme et de combattre en notre faveur contre les forces du mal. Dieu en Jésus Christ se fait proche de chacun de nous au point de nous rejoindre au cœur de nos épreuves douloureuses pour nous aider à nous renouveler et nous faire vivre de Sa Joie.
C’est pourquoi les lectures d’aujourd’hui sont aussi remplies d’appel à sortir de la crainte. « Tu n’as plus à craindre le malheur » dit Sophonie au peuple familier des exodes et des exils; ou encore « Ne crains pas, Sion, ne laisse pas tes mains défaillir »St Paul aussi nous exhorte « Le Seigneur est proche : ne soyez inquiet de rien mais en toute circonstances, priez et suppliez tout en rendant grâce. » La joie qui nous habite ou nous habitera découle de la confiance que nous faisons au Seigneur. Et cette confiance naît de la fréquentation de la Parole de Dieu où nous apprenons à connaître Dieu, C’est donc vraiment à une conversion toujours à renouveler que Dieu nous appelle, conversion du regard non plus centré sur nous mais sur Dieu en étant à son écoute tant dans sa Parole que dans les évènements ; une conversion du regard qui est invitation comme Paul le dit à garder malgré nos inquiétudes, un regard fondamentalement positif sur le monde et l’humanité:« Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. La joie qui éclate en Isaïe est joie du pardon et de l’amour de Dieu qui efface toute peur. « Voici le Dieu qui me sauve, j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. »
Mais la joie, la confiance, auxquelles nous invitent les lectures d’aujourd’hui ne sont pas synonymes d’inaction. C’est là que nous demandons : « que devons-nous faire ? » La joie que nous apporte la venue du Fils de Dieu parmi nous est un engagement à devenir à notre tour un motif de joie pour le Seigneur lui-même : « Le Seigneur aura en toi sa joie et son allégresse »à la condition que tu t’engages avec Lui au service des hommes. C’est la conversion que demande Jean Baptiste en baptisant dans l’eau les gens qui viennent vers lui. Ce changement de vie, J .B l’adapte à chaque situation. Jean n’invite personne à abandonner sa profession mais plutôt à porter le salut, la paix et la joie, au cœur des activités quotidiennes. Et les gens l’écoutent parce que vivant en ascète dans le désert, il parle vrai. Sa Parole est forte, sans hypocrisie. Les gens l’écoutent aussi parce qu’il ne se prend pas pour le Messie. La tentation de se mettre en avant était pourtant facile « Le peuple était en attente et tous se demandaient s’il n’était pas le Christ »J. Baptiste en se présentant comme n’étant pas digne de dénouer la courroie des sandales de Jésus veut préparer les cœurs à la rencontre de Jésus le Christ. Il leur répond : Moi je baptise dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu. » Annonce extraordinaire ; Le Messie va nous plonger dans l’Esprit même de Dieu qui va ainsi venir en nous. Le Messie va nous plonger également dans le feu qui est le feu de la purification des péchés. Mais ce feu purificateur n’est pas une menace mais au contraire une bonne nouvelle : car le Messie, pour nous accueillir dans son Royaume va nous débarrasser de toute cette paille-tout notre non amour- qui, en chacun de nous, fait obstacle à une pleine communion avec Dieu. Quelle libération ! Quelle joie ! Mais n’oublions jamais : au-delà de ce que nous devons faire, intéressons-nous aussi à ce que Dieu Lui-même fait aujourd’hui en nous et parmi nous et n’oublions jamais de le louer, de le remercier, car comme Marie nous découvrirons qu’« il a fait en nous de grandes choses… » pour notre plus grande joie !
Notre Père bien-aimé, donne nous notre joie de ce jour
et pour toujours sois notre joie.
Gérard Barthe