POUR UN NOUVEAU CONTRAT SOCIAL
Que devons-nous faire ? La parole de Jean Baptiste ébranle profondément ceux qui l’écoutent. Impossible de continuer à vivre comme avant. Quelque chose doit changer. Pas chez les autres, en soi. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », disait Gandhi.
Que devons-nous faire ? Jusqu’à présent, tous ces gens menaient leur barque seuls. Et voilà qu’ils entrent dans un « non savoir ». Ils se tournent vers Jean pour recevoir de lui un sens, une direction à leur vie. Ils sortent de leur autosuffisance pour entrer dans la confiance en la parole donnée et reçue.
Mais comment faire confiance ? En quoi la parole de Jean est-elle plus crédible qu’une autre ? Jean est un homme libre, il n’a rien à défendre, pas de plan de carrière. Jean est un porte-voix, un passeur. Il vient en éclaireur de Celui qui va baptiser dans l’eau et le feu. Suivre Jean, écouter sa parole, c’est se mettre en chemin vers Celui qui vient, Jésus.
Un nouveau contrat social
Les indications données par Jean n’ont pas pris une ride. Elles sont la base de ce nouveau contrat social que beaucoup appellent de leurs vœux. Jean nous invite à pratiquer la justice et, ce faisant, à recoudre le tissu social, en entrant dans cette conversion jamais achevée qui nous fait passer du « je » au « nous », à retrouver le goût de l’autre. Écoutons-le :
« Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas, et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! »
Je pense à cette mère de famille nombreuse dans un bidonville de Calcutta à qui on venait de donner une ration de riz. Spontanément, naturellement, elle partagea la ration en deux pour aller donner l’autre moitié à la famille voisine. Elle a partagé non son surplus mais son nécessaire.
Je me demande, dans ces jours qui me séparent de Noël, si je n’ai pas, moi aussi, quelque surplus ? Est-il juste que j’aie des vêtements qui dorment dans le placard alors que mon voisin n’en a pas ? Est-il juste de chercher une sécurité excessive alors que d’autres vivent au jour le jour ?
Ce qui est valable au niveau individuel l’est aussi des nations entières. La prospérité de nos pays est largement bâtie sur le dos des pays les plus pauvres. C’est toute la question de la justice climatique…
Il ne s’agit pas de se culpabiliser mais de penser nos relations non plus en termes de redistribution, de « ruissellement », mais de justice.
« N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. Contentez-vous de votre solde. »
Y a-t-il condamnation plus claire de toute sorte de corruption mais aussi de ce que nous appelons avec élégance et pudeur « optimisation fiscale » ? Est-il juste de faire retomber la charge des dépenses communes sur les autres sous prétexte que mes arrangements fiscaux ne sont pas illégaux ?
« Ne faites violence à personne. »
Refuser d’utiliser ma position sociale, mon statut, pour exercer un quelconque pouvoir sur autres.
« N’accusez personne à tort. »
Ne pas répandre de « fake news » ou des propos diffamatoires sur les réseaux sociaux. Veiller à la justesse de ma parole.
À chacun de se mettre à l’écoute de Jean Baptiste. À chacun de donner ses propres réponses. Quels petits pas l’Évangile m’invite-t-il à faire en ce temps de Noël ?
Que devons-nous faire ?
Tu m’invites, Seigneur Jésus,
à te faire de la place,
à faire de la place aux autres,
afin de goûter la joie de ta présence :
« Le Seigneur ton Dieu est en toi,
C’est lui, le héros, qui apporte le salut. »
Frère Nicolas Morin
