L’homme qui marche
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Le poète Christian Bobindira de Jésus : « Il marche. Sans arrêt il marche. Il va ici et puis là . Il passe sa vie sur quelques soixante kilomètres de long, trente de large. Et il marche. Sans arrêt. On dirait que le repos lui est interdit. » « L’homme qui marche »C’est ainsi qu’il est apparu aux disciples. Comme un passant, itinérant, un voyageur sans domicile fixe. Toujours en route vers un ailleurs. Au bord du lac il dira : « Passons sur l’autre rive »(Marc IV 35) Quand on veut le jeter en bas de la falaise Luc nous dit « Mais lui, passant au milieu d’eux allait son chemin ». ( IV 30 ). A Marie de Magdala« Ne me retiens pas »(Jean XX 17)
Jésus était un passant. Voilà tout !Un passant dans la foule, dans le désert, sur le lac et jusque dans sa Résurrection. Ni la foule, ni le désert, ni le lac, ni le sépulcre ne l’ont retenu. Ni ses amis ; ni ses ennemis ! Il allait toujours plus loin. Et c’est justement en chemin que Jésus pose la question fondamentale. La question de son identité : « Qui dites-vous que je suis ? »Et c’est émouvant de voir Jésus qui dépasse l’instruction pour rentrer en relation. Car l’identité de Jésus n’est pas une définition, un extrait de naissance ou une carte de séjour. L’identité de Jésus est un chemin. « Je suis le chemin ».
C’est en marchant qu’il va collecter des réponses. Et celles-ci sont des réponses enfermantes : Jésus est identifié à des modèles connus : « Jean le Baptiste ; pour d’autres Elie ; ou pour d’autre encore un des prophètes »Chacune enferme Jésus dans une figure du passé ! Jésus, alors, se retourne vers ses proches : « Pour vous qui suis-je ? »Et c’est le brave Pierre qui va se jeter à l’eau ! « Tu es le Christ »C’est-à -direLe Messie, l’Oint de Dieu. Et je me suis demandé pourquoi Jésus a défendu vivement à ses disciples de parler de lui ? Mais c’est la suite qui va nous renseigner.
Voilà que Jésus annonce ses souffrances, son rejet par toutes les autorités, sa mort …et sa résurrection. « Le poème du serviteur souffrant » d’Isaïe nous donne une description saisissante du parcours de Jésus : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et les joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats… Je sais que je ne serai pas confondu »C’est tout le contraire du Messie dont on attendait la libération d’Israël.
Pierre réagit au quart de tour pour prendre Jésus à part et lui faire la leçon, « de vives reproches » nous dit l’’Evangile.La réaction de Jésus ne se fait pas attendre et elle est surprenante. « Passe derrière-moi Satan ! ».Parole dure si éloignée du doux Jésus. Saint Bonaventuredira : « Il n’y a de cheminque par un amour très ardent du crucifié » Pierre, sans s’en rendre compte, veut éloigner Jésus de ce chemin ! Car c’est dans ce chemin là que Jésus va nous montrer l’absolu de l’amour. Tous les saints vont se cacher dans cet amour infini.
Rien ni personne ne pourra faire dévier Jésus de son chemin. Il va s’avancer résolument vers la croix, car c’est là qu’il pourra manifester jusqu’où son amour l’a conduit. Mais, je voudrais remercier Pierre, car il nous rend service. Il nous représente dans les difficultés de la foi, les tâtonnements et les reniements. Par ces faux pas il nous est proche, et dans ces paroles trop humaines il donne au Christ de dire une parole fondamentale qui résume tout le christianisme : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive »Parole que nous n’aurons jamais fini de comprendre et de mettre en pratique !»
Donne-nous de découvrir que ton chemin de croix est un Chemin de Vie !
Frère Max de Wasseige