« Ce jour-là , Jésus sortit de la maison et il était assis au bord du lac ».
Rien de plus banal apparemment, que cette remarque, et pourtant elle nous dit l’urgence pour Jésus de sortir de soi pour aller vers ceux qui sont en attente. Jésus aurait bien pu rester bien au chaud chez lui, au milieu de ses amis. Non, il choisit de se tenir au milieu des pauvres, des petits, de tous ceux qui cherchent un sens à leur vie.
Qu’a-t-il à leur dire ? Qu’a-t-il à leur offrir ? Rien ! Ou plutôt, tout : sa présence. Jésus est là au milieu de son peuple. En Jésus, le Royaume de Dieu s’est approché. En Jésus, c’est Dieu qui vient à la rencontre de l’homme.
Le drame, c’est que la plupart des gens voient Jésus sans le reconnaître. Ils l’entendent sans l’écouter. Ils veulent du spectaculaire, du merveilleux. Ils veulent un dieu façonné à leur image, selon leurs désirs.
Imaginez la souffrance de Jésus qui perçoit de plus en plus le décalage entre ce qu’il est, ce qu’il annonce, et ce qu’attendent les gens de lui, et qui peu à peu se détournent, s’éloignent de lui.
Pour aider ses auditeurs à voir au-delà des apparences, à comprendre au-delà des mots, Jésus leur raconte alors des paraboles, des histoires qui parlent plus au cœur qu’à l’intelligence.
Jésus leur raconte l’histoire de ce semeur un peu fou qui sème à tout vent. N’importe quel paysan sait reconnaître la bonne terre, capable de donner du fruit en abondance, de la terre inculte. Le semeur de la parabole, lui, sème partout, sur les cailloux, dans les ronces comme dans la bonne terre. Comme s’il avait du grain à perdre !
Jésus nous explique pourquoi ce semeur sème sans compter, au-delà de toute logique, de tout bon sens. Le semeur, c’est Dieu lui-même. Le grain, c’est la Parole, Jésus-Christ. Et la terre, notre cœur.
En nous racontant cette parabole, Jésus veut nous faire découvrir que Dieu ne raisonne pas comme les hommes. Dieu ne compte pas. Il ne fait pas de différence entre les hommes. Je téléphonai il y a quelques jours à un jeune qui passait le bac et il me disait : « Aucun BTS ne veut de moi. Tous les copains de ma classe sont refusés, parce que ma classe est connue dans toute l’académie comme celle des nuls. » Dieu, lui, ne fait pas de sélection, même pas entre les bons croyants et les autres. Dieu espère pour tous. Dieu donne sa confiance à chacun.
Si nous savons regarder, si nous savons entendre, nous découvrirons en nous la présence de Jésus qui vient nous rejoindre tels que nous sommes, avec nos questions, avec nos doutes, avec nos rêves. Chacun, tels que nous sommes, avons du prix aux yeux de Dieu. Nous sommes capables de l’accueillir en nos cœurs. Nous sommes capables de suivre Jésus.
Jésus ne nous dit pas qu’être Chrétien, c’est toujours facile. Il y a des jours où cela nous semble évident de croire en Dieu. Nous accueillons la Parole avec joie, nous prenons le temps de prier, nous aimons nous retrouver avec d’autres chrétiens pour partager et célébrer.
Mais d’autres fois nous n’avons pas envie de prier, de nous plonger dans l’évangile, d’aller à la messe… Et nous avons toujours de bonnes raisons pour cela : du travail à finir, l’invitation d’un ami, la fatigue…
Notre vie est ainsi faite, de hauts et de bas.
Ce qui est extraordinaire, c’est que Dieu continue de semer. La graine est là , dans nos cœurs, prête à lever et à donner du fruit. Elle pourra rester longtemps endormie et puis un jour, il suffira de l’arroser, d’enlever les mauvaises herbes, de sarcler pour qu’elle pousse et donne du fruit en abondance.
Seigneur Jésus, nous voulons te dire merci.
Tu es ce grain semé en nos cœurs.
Nous te confions nos difficultés à croire, à aimer comme toi.
Nous te confions également nos projets, notre désir d’une vie réussie, d’une vie qui te ressemble.
Donne-nous de marcher à ta suite sans se décourager.
Donne-nous des compagnons de route afin de te chercher ensemble.
Le premier, tu choisis de nous faire confiance.
Aujourd’hui, à notre tour, nous voulons répondre à ton appel
Frère Nicolas Morin