Homélie du dimanche 16 juin 2024. 11ème dimanche du temps ordinaire – Année  B, du frère Nicolas Morin

« A quoi allons-nous comparer le Royaume de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ? » Le Royaume de Dieu n’est pas un concept. Il se laisse approcher par celui qui sait « écouter », se décentrer de soi-même pour accueillir la Vie qui coule en nous comme une source cachée.

« Il en est du Règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence. » Le Royaume se révèle dans l’humble geste du quotidien, celui du paysan qui prend soin de sa terre. Cette semence serait-elle Jésus lui-même, sorti du sein du Père, Parole s’incarnant dans notre terre afin de porter fruit en attendant la moisson lors de son avènement final ?

Le rôle du paysan s’arrête là : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. Il est le témoin émerveillé du miracle de la vie donnée dont rien ne peut arrêter la croissance : la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Ce qui est vraiment important, ce n’est pas le semeur qui le fait. La graine germe et croît, poussée par une force mystérieuse qui lui échappe. L’homme biblique ne considère pas le développement des plantes comme un processus organique et biologique mais comme un merveilleux « miracle », le signe de la bénédiction de Dieu qui nourrit ses créatures. « Le monde est plus qu’un problème à résoudre, écrit le pape François, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange. » Je m’arrête un instant pour contempler le miracle de la vie partout à l’œuvre, silencieusement, discrètement.

« Le Royaume de Dieu est comme une graine de moutarde, poursuit Jésus : quand on la sème en terre, elle la plus petite de toutes les semences du monde. » Le langage de Jésus est déconcertant et sans précédent. Tout le monde attendait la venue de Dieu comme un évènement grandiose et puissant. Ézéchiel évoque « un grand cèdre » planté sur « une montagne élevée et altière ». Jésus, lui, parle d’une simple graine de moutarde qui évoque ce qui est faible, insignifiant, tout petit. Comment reconnaître le Royaume qui vient dans l’humilité des interventions de Jésus ?

« Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. » L’infiniment petit donne du fruit en abondance.

Frère Nicolas Morin

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