VOUS AVEZ REÇU GRATUITEMENT, DONNEZ GRATUITEMENT (Matthieu 9,36 – 10,8)
Comprendre
DOUZE. Comme les douze tribus d’Israël, le peuple tout entier, si souvent divisé à travers l’histoire. Ensemble, ces douze hommes appelés par Jésus sont témoins d’une communion retrouvée. Quoi de commun entre Pierre et André, pêcheurs de Galilée, Matthieu le collecteur d’impôt ou Simon le Zélote ? Le ferment de leur unité, c’est le Christ. Sans lui, leur fragile communion éclate. A leur suite, les évêques sont garants et témoins d’une communion toujours fragile, toujours à construire dans l’unique foi au Christ. La démarche synodale est le lieu par excellence où se vit cette communion dans l’accueil des particularités de chacun. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaitra que vous êtes mes disciples » nous dit Jésus. Il n’y a pas d’évangélisation possible sans cette recherche opiniâtre et passionnée de la communion.
Méditer
Jésus regarde la foule, cette foule désorientée, déboussolée. Il se laisse atteindre au plus profond de lui-même, comme une mère souffre face à la détresse de son enfant. Demandons la grâce de regarder nos frères et sœurs avec la même compassion, tant de personnes perdues, sans repères qui ne savent plus en qui donner leur confiance. Bien des bergers ont failli, laissant leurs brebis blessées et perdues.
Dans ce regard de Jésus se révèle le cœur de Dieu. Ce Dieu qui se révélait ainsi à Moïse : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu son cri et je suis descendu pour le délivrer. Va, je t’envoie. » Jésus vient accomplir la promesse du Père. Il est descendu pour nous délivrer d’une vie sans but et sans espérance. En lui, le Royaume de Dieu s’est approché. Sa présence révèle la tendresse du Père envers les pauvres et les petits. Et notre vie en est transformée, transfigurée.
Face à l’urgence de la mission, Jésus commence par tourner nos regards vers le Père. « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. » Toute mission s’origine dans le cœur du Père. Nous sommes des ouvriers, des serviteurs, des instruments de sa grâce. Comment être témoins si nous n’avons d’abord été brûlés nous-mêmes par la miséricorde du Père ? Ce que nous avons à offrir ne vient pas de nous-mêmes, ne nous appartient pas. Dieu seul délivre, libère, apaise les blessures.
Les disciples ne se laisseront véritablement envoyer qu’après avoir traversé la mort et la résurrection de Jésus, après avoir touché le fond de leur incapacité radicale à le suivre. Et pourtant, Jésus choisit de leur redonner sa confiance. L’appel est toujours gratuit, inattendu, immérité. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. »
Prier
Dieu s’est fait proche des hommes.
Dieu est proche de toi, il t’aime, il t’appelle.
Ouvre ton cœur, ouvre ta vie,
laisse-toi aimer par lui,
laisse-toi transformer par lui.
Tu ne peux accueillir ce feu si près de toi
sans te mettre à brûler.
Tu ne peux voir sourdre cette source si près de toi
sans boire à son eau vive.
Tu ne peux ouvrir les yeux à cette lumière si proche de toi
sans en être illuminé.
Tu ne peux sentir l’amour de Dieu vivant si près de toi
sans te mettre à aimer !
Frère Nicolas MORIN