Homélie du dimanche 19 mai 2024, Pentecôte année B, de Gérard Barthe, diacre

Il n’y a rien de plus universel et en même temps de plus méconnu que l’Esprit de Dieu dont nous fêtons aujourd’hui la venue sur la jeune Eglise au jour de la Pentecôte.

Rien de plus universel, car c’est l’Esprit qui fait vivre tout vivant. Le mot hébreux pour dire l’Esprit signifie »respiration, souffle « et on se rappelle que Dieu, après avoir façonné un homme avec de la glaise, a soufflé dans ses narines un souffle de vie.

Toute la Bible nous dit que nous sommes vivants grâce à cet Esprit, grâce au souffle de Dieu. « Tu reprends ton souffle, ils expirent et retourne à la poussière. Tu envoies ton souffle, ils sont créés »nous dit le psaume d’aujourd’hui. Et pourtant, l’Esprit Saint reste pour beaucoup d’entre nous le grand inconnu. Dans notre Occident latin, le juridisme romain et notre esprit cartésien nous ont fait un peu trop méconnaître ce Dieu intérieur qu’est l’Esprit Saint . Nous n’avons pas tiré toutes les conséquences de la parole de Jésus à ses disciples, avant sa mort : »Si quelqu’un m’aime…nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » (jn 14,23) ; Dans notre inconscient mais aussi un peu dans notre conscience, Dieu demeure extérieur à nous, plus ou moins lointain. Or la révélation et le don de l’Esprit devraient nous conduire à une véritable intimité avec Dieu se traduisant par une grande spontanéité, une simplicité d’expression mais aussi un enthousiasme, cette émotion intense qui pousse à l’action dans la joie comme le définit joliment le petit Robert. Sans cette flamme intérieure il n’y a plus qu’une religion triste et ennuyeuse, figée dans des doctrines, des commandements et des rites. Nous l’avons souvent oublié mais l’Esprit c’est aussi la joie.

Mais la Pentecôte c’est aussi la réalisation d’une promesse, celle des Ecritures, de la Loi et des prophètes, mais surtout celle que Jésus lui même avait faite aux siens : « Quand viendra le Défenseur que je vous enverrai d’auprés du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur ». Le don de l’Esprit était annoncé, il était attendu. Mais voici qu’il arrive ce jour là sur un groupe de disciples enfermés dans l’enceinte d’une maison, apeurés, tous en prière ; Or l’Esprit de Dieu « qui souffle où il veut » est Esprit d’ouverture. Il n’acceptera jamais d’être enfermé dans l’enceinte d’un groupe humain, fût-ce dans l’enceinte vénérable des églises. Et voici qu’il leur est donné alors comme un souffle, un grand coup de vent, un bruit venu du ciel, une vive lumière. On a l’impression que tous les murs disparaissent d’un seul coup pour permettre l’avènement d’une humanité nouvelle où tous pourront s’entendre, malgré les différences de races, de langues de nationalité, d’ethnies. On pourrait croire qu’il y a une seule et même langue : mais non, chacun garde ses particularismes mais tout le monde entend et comprend la bonne Nouvelle. Quel est donc ce nouveau langage employé ? C’est celui de l’Amour. Le Saint Esprit , l’amour de Dieu devient accessible à tous ceux qui l’accueille. Il n’est pas étonnant que la Bible soit aujourd‘hui traduite dans toutes les langues et dialectes existant sur la terre. Car ce ne sont pas d’abord des mots humains qu’ils signifient, c’est l’amour de Dieu qui s’adresse à tous. L’’amour n’a pas besoin de mots. Il se lit sur un visage, il se comprend par les gestes bienveillants, il touche les coeurs les plus endurcis, c’est un langage universel. Comment discerner que nous avons bien ce langage de l’amour qui vient de Dieu ? Il suffit de regarder les fruits dont l’apôtre nous parle : » amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi » quel fruit développons nous ? A la Pentecôte Jésus devient contemporain de tout homme de tous les temps, races et cultures et par son Esprit qu’il nous donne, il embrase toute l’humanité.

Mais cet Esprit a besoin d’être reçu, accueilli pour qu’il puisse opérer en nous une conversion et marquer un nouveau départ. Jésus nous en parle comme d’une puissance d’assimilation de sa Parole, comme d’une expérience affective à vivre avec Lui, pour une intelligence du cœur de tout ce qu’il nous a dit et promis : » quand il viendra, lui, l Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité toute entière » « L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître »

L’Esprit est donc notre compagnon de route désigné pour nous tenir proche du Christ, pour nous rappeler l’Evangile, cultiver en nous la Foi, l’Espérance et l’Amour et faire de nous d’authentiques témoins du Ressuscité .Faisons donc nôtre la consigne de l’apôtre St Paul :

Gérard Barthe, diacre

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