Homélie du dimanche 19 septembre, 25ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B

DE QUOI DISCUTIEZ-VOUS EN MARCHANT ? (Marc 9, 30-7)

Jésus marche avec ses disciples, seul avec eux. Il a besoin de s’extraire de la foule afin de vivre un temps d’échange profond avec ces hommes dont il partage la vie depuis de longs mois.

Jésus traverse une étape difficile, et sans doute a-t-il, à ce moment-là, terriblement besoin de se savoir écouté, compris, soutenu par ses amis les plus fidèles.

Le chemin parcouru par Jésus et ses disciples est d’abord un chemin intérieur. Jésus, sur la route, a le temps de relire la succession d’événements qui l’ont mené jusqu’à cette nouvelle étape qu’il sait décisive. Il repense avec émotion à la joie des petits et des pauvres l’accueillant comme un frère, se découvrant reconnus, aimés, pardonnés. Tant de corps et de cœurs guéris, profondément réconciliés avec eux-mêmes, avec la Vie. Mais il fait mémoire aussi avec douleur de ces hommes de pouvoir qui cherchent à lui barrer la route. Jésus dérange ceux qui ont fait de la religion leur commerce, le tremplin de leurs ambitions. Combien de fois ne s’est-il pas mis en colère de voir ainsi les pauvres devenir les jouets des puissants ?Jésus a-t-il été tenté de s’imposer par la force, d’user des mêmes armes que ses détracteurs ? Là, sur le chemin, profondément uni au Père, il sait qu’il n’y a pas d’autre voie que celle d’une vie livrée, pas d’autre logique que celle de l’amour dont la puissance se manifeste dans la faiblesse.

C’est cela qu’il cherche à partager avec ses disciples. Mais ceux-ci sont tétanisés par la peur. Comment en serait-il autrement ? Leurs oreilles entendent mais tout en eux se refuse à suivre Jésus sur ce chemin. Qui d’entre nous pourrait les condamner ?Les disciples sont bien là, marchant au pas de Jésus, à ses côtés, mais leur tête est ailleurs. Ils prennent conscience ce jour-là qu’ils ne connaissent pas Jésus. Ils croyaient le suivre mais en réalité, ils poursuivaient leurs chimères. Ils rêvent encore aux places à prendre…N’est-ce pas le drame de chacune de nos relations, notamment avec nos proches. Un ami me disait : « Plus ça va, plus je m’aperçois que ma femme est radicalement différente de moi. »

« De quoi discutiez-vous en chemin ? » Pas l’ombre d’un reproche dans la question de Jésus. Au contraire, il se met à leur écoute, leur donne l’occasion de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, sur leur désir profond. Mais eux se taisent. Entendant la question, ils mesurent l’abime qui les sépare de Jésus.

Jésus ne leur fait la leçon. Il met un enfant au centre de leur petit cercle. Loin de l’enfant roi de notre époque, l’enfant est alors le symbole de ce qui est faible, sans défense. C’est une bouche à nourrir qui n’est pas encore capable de travailler et qui reste du côté des femmes. L’enfant est tout entier livré au bon vouloir de ses proches, abandonné.

Et Jésus embrasse l’enfant. Il y a entre Jésus et l’enfant plus qu’une complicité, ou de l’affection. Tous deux vivent profondément le même amour confiant. Jésus se vit comme l’enfant bien-aimé du Père de qui il reçoit sa vie et sa mission. Voilà pourquoi accueillir un enfant, un petit, un pauvre, c’est accueillir Jésus.

Mettant en pratique la parole de Jésus, le pape François est allé cette semaine en Slovénie et a tenu à s’immerger dans un immense quartier où vivent 4000 Roms dans des barres vétustes sans même l’eau courante. Par sa présence et ses paroles fortes, il leur a redit : « Vous êtes l’Église, vous êtes les bénis de Dieu », et il nous invitait à les accueillir comme des frères et des sœurs.

Seigneur Jésus, je veux marcher à tes côtés.Comme il m’est difficile d’entrer dans ta logique.Tu me poses, à moi aussi, la question : « Quel est ton rêve, ton désir ? Où coures-tu ainsi ? »Donne-moi d’entrer dans la confiance, de me découvrir comme toi l’enfant bien-aimé du Père.

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