RESTEZ ÉVEILLÉS
Nous commençons aujourd’hui ce temps de l’Avent, écrit avec un E et non avec un A. Ce nom d’Avent ne veut pas dire temps avant Noël. Mais la Venue, en latin Adventus. C’est le temps de Celui qui vient.
Et pourtant Luc aujourd’hui nous parle de catastrophes, de malheur…Veut-il nous faire peur ? Bien au contraire, il nous demande de veiller, de nous tenir debout. Essayons de mieux comprendre.
Dans les années 80 au moment où Luc écrit son Evangile, Jérusalem est occupée par les romains, des mouvements juifs ont été écrasés dans le sang et, suprême affront, le Temple a été détruit (en 70). En 134 Jérusalem elle-même sera en partie détruite. Et en ces temps aussi certains chrétiens sont persécutés par des communautés juives qui sont aux abois.
Rien de réjouissant donc, mais les responsables des I° communautés chrétiennes exhortent les fidèles à garder l’espérance. Les puissances temporelles qui oppriment le monde n’auront pas le dernier mot, elles disparaîtront de même que ce monde avec le soleil et la lune qui sont vénérés comme des dieux par les nations païennes.
La communauté n’est-elle pas née de la mort de Jésus sur la croix. Cette tragédie qui aurait dû mettre fin à l’histoire de Jésus et de ses disciples… Mais ce Jésus de Nazareth, ce jésus qui s’est fait petit et humble est ressuscité d’entre les morts. Dieu son Père ne l’a pas abandonné au pouvoir d’une mort injuste, il reviendra dans la lumière de l’amour de Dieu. Tel est le contexte de cet Evangile qui nous étonnera toujours.
Alors qu’allons-nous faire, nous laisser écraser par les crises, les malheurs du monde qui ne manquent pas aujourd’hui. N’est-ce pas la fin du monde pour ceux qui sont écrasés par le terrorisme, par les bombes ou les missiles ou par une trop grande pauvreté ou encore par une trop grande injustice ?
Et pourtant se lèvent des personnes qui croient encore à la justice, à la paix, à la solidarité…Malgré nos déceptions, nos colères, nos souffrances nous sommes invités à nous relever, à croire en l’avenir. Nous sommes invités à veiller pour accueillir Celui qui ne cesse de venir et de nous accompagner sur ce chemin d’humanité qui a toujours été un chemin de résistance, de choix difficile. Comme nous le rappelle saint Paul, la création est encore dans les douleurs de enfantement.
Nous ne sommes pas là pour rêver au passé mais pour préparer l’avenir. Un enfant nous précède et nous accompagne. Apprenons, réapprenons à voir avec les yeux du cœur, les yeux de l’espérance la vie qui ne cesse de naître… Regardons ! Dans une famille, malgré les difficultés parfois, lorsqu’un enfant s’annonce on l’accueille comme s’il était .le commencement du monde. Par ses sourires et par ses pleurs il nous invite à croire en lui, à croire à l’avenir. Il réveille en nous le meilleur de nous-mêmes, il nous invite à l’espérance.
C’est cela le temps de l’Avent, Noël ce n’était pas autrefois, c’est aujourd’hui, c’est demain. Dieu frappe à notre porte, il nous invite à ouvrir notre cœur…Un sourire, une parole, un geste de solidarité et le monde s’ouvre, l’espoir devient possible, la vie reprend sens et saveur.
Jésus nous fait signe, il est lumière sur notre chemin, lumière pour ce monde qui devient fou. Ce n’est pas la violence qui nous sauvera, ce n’est pas la haine….C’est ce désir de tendre la main, ce désir de faire la paix, ce désir de faire un pas ensemble, de faire un pas vers l’autre.
L’avenir est devant nous. Viens Seigneur Jésus, viens pour nous sauver…Viens comme un petit enfant fragile et pauvre qui a besoin de nous pour entrer dans la vie.
Frère José Kohler