En cette nuit regardons et suivons les bergers de Bethléem.
Ce sont des pauvres, un peu marginaux, aux périphéries comme dirait notre Pape François. Ils vivent à l’écart, ils sentent le mouton ; ils ne sont pas très purs pour aller prier au Temple. Ils ne sont pas bien riches car ils gardent souvent les moutons des autres…
Et pourtant ce sont eux que Dieu va choisir pour découvrir en premier la Bonne Nouvelle : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Un Sauveur tout petit et tout pauvre, tout fragile, pas un puissant, pas un riche, pas un guerrier, comme on l’attendait souvent. Un enfant fragile et pauvre, comment pourrait-il nous sauver ? Un enfant fragile et pauvre, c’est ouvert sur l’avenir à recevoir et à construire, un enfant c’est quelqu’un qui a besoin des autres pour grandir, pour devenir quelqu’un. Un enfant c’est celui qui n’a rien, qui ne peut rien mais qui rassemble les personnes autour de lui, qui fait la paix autour de lui ? Un enfant c’est celui qui déride les visages les plus fermés et qui réjouit les cœurs.
Alors les bergers pourront l’accueillir car ils sont bien en communion avec la terre, ils dorment sur le sol et connaissent les sentiers qui mènent aux verts pâturages et aux sources fraîches.
Ils sont ouverts sur le ciel, ils dorment à la belle étoile, assis autour du feu ; ils savent aussi le chemin des étoiles et les chemins du vent.
Ils sont attentifs à la vie, ils savent deviner les besoins de leurs brebis, ils savent les nourrir et les soigner ; ils savent aussi partir à la recherche de celle qui s’est égarée.
Ils sont prêts pour accueillir celui qui vient se faire proche de son Peuple, celui qui vient pour guérir et pour pardonner. Celui dont on rêve depuis longtemps comme le bon berger de l’humanité.
Alors les bergers vont accueillir le message des vents de la nuit, le message des Anges ces envoyés de Dieu. Ils vont partir en pleine nuit à la rencontre de Celui qui vient à notre rencontre.
Ils vont partir avec toute leur pauvreté, avec toute leur humanité, avec le meilleur d’eux-mêmes comme le font depuis la nuit des temps ces braves santons de Provence : qui avec une miche de pain, qui avec une dinde, qui avec des oranges, qui avec des pommes de terre, qui avec un pot de cancoillotte…Pour partager ces dons qu’ils ont reçu de la terre et du travail des hommes.
Et la légende raconte, c’est le Pape François qui le dit, qu’un tout jeune berger qui n’avait rien à offrir, était un peu triste et honteux. Alors Marie qui comme une bonne mère perçoit le cœur de chacun et qui avait déjà les bras chargés de tous ces cadeaux qui lui allaient pourtant droit au cœur, lui fit signe de s’approcher et doucement déposa son enfant dans ses mains : « Eh toi mon petit toi qui n’a rien prend bien soin de mon petit et que ton sourire lui donne la paix et le sommeil. Et l’enfant peu à peu s’endormit dans ses bras et le sourire du petit berger illumina le ciel jusqu’au cœur de Dieu.
Frères et sœurs, suivons en cette nuit les bergers, laissons un instant nos questions compliquées, nos peurs et nos rancoeurs qui nous enferment, nos richesses et nos certitudes bétonnées qui nous empêchent d’accueillir les autres. Laissons-nous toucher par la tendresse de Dieu qui se fait petit et proche, laissons-nous toucher par les joies, les espérances et aussi les souffrances de nos frères et sœurs, pour que, en cette nuit nos cœurs redeviennent vivants, attentifs aux anges et aux vents du ciel, attentif aux murmures des sources et de la terre, ouverts à la communion fraternelle de nos frères et sœurs.
« Gloire à Dieu dans le Ciel et Paix sur la terre à tous les hommes, à toutes les femmes, à tous les enfants, car Dieu les aime. »
Frère José Kohler