Homélie du dimanche 21 avril 2024, 4ème Dimanche de Pâques année B, du frère Nicolas Morin

LE BON BERGER (Jean 10)

En méditant cet évangile, je pense à des personnes venues me voir récemment dont la confiance a été trahie par des membres de leur famille ou des responsables religieux dont la mission était précisément de leur offrir la sécurité nécessaire à leur croissance humaine et spirituelle. Le bon berger s’est métamorphosé en redoutable prédateur, causant des blessures irréparables à ses victimes.

Ces paroles de Jésus me renvoient à mes propres fragilités. Je sais combien il peut être facile d’abuser des personnes qui mettent en vous leur confiance. Nous avons à nous aider mutuellement à rester vigilants dans ce domaine.

Il n’y a qu’un seul vrai berger : Jésus. Il souligne ici trois qualités essentielles du bon berger :

– « Le bon berger connaît ses brebis. » Vous savez que le verbe « connaître » dans la Bible souligne l’intimité d’une relation. Jésus nous connaît de l’intérieur, par le cÅ“ur ! « Je connais les miens et les miens me connaissent comme le Père me connait et que je connais le Père. » Pour Jésus, connaître le Père, c’est ne faire qu’un avec lui dans l’amour, ne faire qu’un dans un éternel échange. Jésus nous appelle pour que nous fassions l’expérience de la rencontre amoureuse avec le Père. Une expérience qui n’est pas réservée aux seuls membres du troupeau. Elle est offerte à tous : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. Celles-là aussi, je dois les amener. Elles entendront ma voix et il y aura un seul berger, un seul troupeau. »

Pour Jésus, chacune de ses brebis est unique, il connaît chacune par son nom, depuis toujours. Nous pouvons méditer le magnifique psaume 138/139 : « Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ; de très loin, tu pénètres mes pensées. Que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers. Avant qu’un mot ne parvienne à mes lèvres, déjà, Seigneur, tu le sais. […] Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis : étonnantes sont tes Å“uvres toute mon âme le sait. Mes os n’étaient pas cachés pour toi quand j’étais façonné dans le secret, modelé aux entrailles de la terre. »

– Deuxième caractéristique, le bon berger écoute ses brebis et il leur parle.

Il ne leur dit pas des paroles mielleuses pour les endormir. Sa parole est tranchante comme le glaive et douce comme le miel. Sa voix est puissance et vérité de l’amour ; elle invite à la relation, à l’échange confiant. Sa parole guérit et relève celui qui se livre à lui dans la confiance sans avoir peur de sa misère.

– Troisième caractéristique, le bon berger donne sa vie pour ses brebis. « Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir. » Vie donnée de Jésus pour nous et pour la multitude afin que nous ayons la vie en abondance.

J’ai traversé bien des doutes dans ma vie, bien des remises en cause, mais j’ai eu la grâce d’être sans cesse guidé par la figure lumineuse de Jésus. Je l’ai trahi bien des fois, lui est resté fidèle. Il est le grand frère à qui je voudrais tant ressembler. Sa parole et ses actes me donnent de croire en une humanité possible. S’engager à sa suite, c’est grandir en humanité, devenir plus libre, plus vrai, plus paisible. Je n’ai pas de plus grand bonheur que d’accompagner des personnes qui s’ouvrent à l’amour de Jésus et dont la vie en est transformée.

Je voudrais, ce matin, confier ma vocation de frère mineur et de prêtre à votre prière. J’ai besoin de vous pour devenir un bon berger à l’image de Jésus. Ainsi, nous grandirons tous ensemble dans la joie d’une fraternité partagée.

Frère Nicolas Morin

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