LA PREMIERE EN CHEMIN.
Il y a 8 jours, il est 9 h du matin. On sonne à la porte… Bonjour ! Un jeune couple à l’air sympathique. Qu’est-ce qui vous amène ici ?- On vient de Besançon, une famille nous a hébergé pour la nuit, on vient de Champagne et nous allons à Rome ! Ah bon ! Entrez au chaud…Oui, à Rome par la voie Francigena (je n’avais pas encore vu leurs gros sacs appuyés contre le mur de la maison d’en face). On nous a dit de passer chez vous parce qu’en allant à Rome on voudrait voir si on ne peut pas faire un petit détour vers Assise, il paraît que vous connaissez- Attendez je vais chercher le frère Nicolas, il connaît tout ça par cœur… mais pourquoi partir à cette saison, vous allez avoir du mal à traverser les Alpes ? Oh, on verra, on trichera un peu s’il le faut…On avait ce créneau, il fallait que l’on parte maintenant… et puis on attend un bébé pour le mois de juin, après ce ne sera plus possible. On est en plein Evangile, qu’est-ce qui peut lancer un jeune couple sur les sentiers en plein hiver alors qu’ils attendent un enfant. Et je me suis dit : Ils auraient pu rester bien au chaud chez eux…
C’est ce qui est arrivé à Marie, elle vient de dire oui à la Parole de Dieu pour devenir la mère de son Fils… Quelle chose extraordinaire dont elle ne saisit pas encore la portée ; alors elle est prise d’un désir comme en ont parfois les dames qui attendent un bébé… elle part sur les chemins de Nazareth à Aïn Karem dans les monts de Judée, 150 km de chemins montagneux… Tout ça pour partager la Bonne Nouvelle avec sa cousine Elisabeth qui attend elle aussi un enfant malgré son âge avancé…
On est en plein rêve de femme enceinte à moins que comme souvent dans la Bible l’Esprit saint y soit pour quelque chose ! Et au bout du voyage il y a la rencontre de deux femmes, l’une toute jeune, l’autre âgée et la rencontre de deux enfants à venir. C’est comme dans un conte de fée ou comme dans une histoire de la Bible où l’Esprit saint n’est jamais bien loin : Jean-Baptiste tressaille dans le ventre de sa mère et celle-ci laisse éclater son cri de joie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie poussée par l’Esprit est la première à porter la Bonne Nouvelle de la venue de Dieu parmi nous… Cette Bonne Nouvelle elle la porte dans son cœur, elle la porte dans son corps et elle la partage avant que son enfant ne vienne au monde.
Oui, avec Elisabeth, réjouissons-nous de la foi de Marie, réjouissons-nous de l’amour de Dieu qui vient à notre rencontre, souvent caché dans le mystère de nos vies. Laissons-nous toucher par sa présence intime, « Dieu plus intérieur à nous-mêmes que nous mêmes » dira saint Augustin…
Encore une histoire toute récente : Dans les décombres du cyclone à Mayotte, une toute jeune femme aidée par un policier, met au monde son enfant au milieu des tôles broyées du bidonville. Un sourire dit sa joie et sa foi dans la vie au milieu de ce paysage apocalyptique !
Seigneur tu crois en la vie, donnes-nous la force de l’accueillir et de la partager.
Frère José Kohler