Quand je vous disais qu’il fallait du temps pour entrer dans le mystère de la Résurrection, nous en avons un exemple ce matin.
Trois récits de style différents :
1° les Actes des Apôtres (de Luc aussi) : Au jour de la Pentecôte (50 jours après Pâques), les Apôtres ont reçu l’Esprit Saint, alors ils peuvent enfin sortir pour annoncer la Bonne Nouvelle et faire un discours catéchétique pour annoncer la Résurrection de jésus au peuple réuni à Jérusalem : « Ce Jésus Dieu l’a ressuscité, nous en sommes tous témoins, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui étais promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez. » Et Pierre fait le lien entre les Ecriture et l’histoire d’Israël, Jésus est bien l’héritier des promesses.
2° Première lettre de Pierre. « Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. C’est bien par lui que nous croyons en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu. » Texte théologique qui nous dit que la <résurrection du Christ s’inscit dans le plan de salut de Dieu pour nous.
3° Les disciples d’Emmaüs en saint Luc. Un récit qui parle d’une rencontre sur le chemin et nous invite à faire nous aussi un chemin de foi. Beauté et simplicité. Saint Luc nous invite à faire nous-mêmes le chemin.
Les disciples sont tristes, découragés, ils avaient mis leur foi en Jésus et tout s’est écroulé avec sa condamnation et sa mort. Et c’est Jésus lui-même qui leur permet de nommer leur tristesse, leur amertume, leur désespérance : « Nous nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. » Et la mort a mis fin à tout cela ! N’est-ce pas nous dans nos épreuves ? On croyait à notre couple, à nos enfants, à notre pays, à notre Eglise…
Et Jésus vient marcher avec nous, il nous écoute, il nous permet de sortir de notre enfermement. Il nous invite à faire du lien, à trouver un sens à nos vies, à nos joies, nos espérances, nos épreuves, nos déceptions… « Et partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta dans l’Ecriture ce qui le concernait. » Jésus nous ouvre le cœur pour que nous percevions le long chemin de la miséricorde de Dieu envers son peuple et envers toute personne qui le désire. Un long chemin à la rencontre de l’homme avec ses échecs et ses re-départs.
A cette écoute, à ce partage, leur cœur se réchauffe comme cela se produit lorsque nous sommes au fond du découragement et que quelqu’un nous accueille dans notre tristesse ou notre douleur et ouvre une perspective à notre espérance. Et Jésus respecte notre temps, notre chemin, il ne s’impose pas, il se laisse inviter. « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. »
Et c’est dans un geste de fraternité qui rappelle les moments fort de jadis et sans doute la dernière Cène que ses disciples le reconnaissent. « Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et l’ayant rompu, il le leur donna. » A travers ce geste tout s’articule à nouveau, tout reprend sens pour l’aujourd’hui et pour demain. La mort de Jésus n’est plus scandale, absurdité parce qu’elle s’ouvre sur un acte d’amour, le don d’une vie, la vie de .celui qu’on a aimé et avec lequel on a marché dans la foi.
« Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparu à leurs regards » Ces yeux de la foi… Ils n’ont plus besoin de voir physiquement car «leur cœur est tout brûlant ». Celui qu’ils ont reconnu les précède et ils peuvent « se lever » et repartir à Jérusalem pour retrouver « les douze Apôtres et leurs compagnons » qui vont confirmer leur expérience. « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon Pierre. ».
Nous aussi nous avons un chemin à faire pour rencontrer réellement le Christ ressuscité dans nos vies, mais il nous accueille pour partager nos souffrances et nos question et nous partager aussi le pain de son amour.
Frère José Kohler 23 avril 2023