« Le Seigneur est avec toi. »
La vie est rude à Nazareth, petit village perdu au nord de la Palestine. Ses 400 habitants vivent de peu : un lopin de terre, des pieds de vignes, quelques animaux… Ce serait suffisant si la puissance occupante n’écrasait pas la population d’impôts toujours plus importants, contraignant nombre de paysans à vendre leur terre. Heureusement, on sait pouvoir compter sur la solidarité de son clan, de son village.
Le plus étonnant, c’est l’espérance chevillée au corps de ce peuple qui, pourtant, a connu tant de tribulations dans son histoire. Son espérance s’enracine dans sa mémoire : Dieu tient toujours ses promesses. De même qu’autrefois il a libéré le peuple esclave en Égypte, il reviendra le sauver, définitivement. Les prophètes n’ont-ils pas annoncé un Sauveur, le Messie de Dieu ?
Marie, avec tout ton peuple, tu attends, tu espères.
Comme de coutume, tes parents t’ont mariée sitôt la puberté, à un homme nommé Joseph, du clan de David. Mais pas question de vivre ensemble avant que le couple ne puisse subvenir à ses besoins.
Marie, j’aime t’imaginer au soir d’une journée bien remplie, te retirant sur la terrasse de la maison familiale, rêvant comme toutes les jeunes filles du monde à ton avenir avec Joseph. Dans le silence de la nuit, sous la voute étoilée qui te parle de la douceur et de la tendresse de Dieu, tu pries, portant l’attente et le cri de tout un peuple.
Avec Marie, dans le silence de la prière, je porte moi aussi le cri et les espérances de mes proches mais aussi de l’humanité tout entière. « Viens, Seigneur, viens nous sauver. »
« Réjouis-toi, Marie, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ! » Quelle est cette voix de l’ange qui te rejoint au cœur de ton attente ? Elle semble jaillir du plus profond de toi-même et tu l’entends avec l’oreille du cœur. Instinctivement, tu la reconnais. Celui que tu cherches depuis toujours, le compagnon de tes jours et de tes nuits, celui que nul ne peut nommer, vient prendre corps en toi.
Pourquoi toi, Marie, qui ressemble à tant de femmes ordinaires à travers le monde, toi qui nous ressembles tant ? Oui, pourquoi es-tu choisie par Dieu pour être sa demeure parmi les hommes ? Fallait-il une femme simple et pauvre pour que se manifeste l’humilité de Dieu ?
« L’Esprit Saint te couvrira de son ombre… » Comme jadis l’Arche d’alliance, te voici « Tente de la rencontre » entre Dieu et son peuple. Tu es tout entière habillée de la joie de Dieu, de son Esprit.
Quelle sera ta réponse ? Tu ouvres les mains, tu ouvres ton cœur à la Parole qui s’offre à toi. Tu n’argumentes pas. Tu ne cherches pas à tout comprendre. Tu laisses la Parole faire son chemin en toi, te féconder, donner vie à celui qui sera la Vie du monde. Le Seigneur est en toi.
Dans le silence de la prière, avec Marie, j’ouvre les mains, j’accueille cette indicible présence, humble et discrète, blottie au fond de moi. Il y avait donc au fond de moi un tel trésor que je ne connaissais pas ?
« Comment cela va-t-il se faire ? Que sera demain ? » Marie, pas plus que nous, tu ne connais l’avenir. Mais parce que tu as la mémoire de ton peuple, tu sais que Dieu tient toujours parole, même si ses chemins ne sont pas nos chemins.
Avec Marie, je demande la grâce de m’abandonner dans la confiance, de laisser Dieu être Dieu dans ma vie. « Qu’il me soit fait selon ta parole. »
Un chant pour prier :
Saurais-je dire oui, comme toi Marie
Tout accueil et toute grâce, visage de paix.
Saurais-je dire oui, comme toi Marie,
Bienheureuse mère du Seigneur.
Frère Nicolas Morin