Homélie du dimanche 25 juin 2023, 12ème dimanche du Temps Ordinaire – Année A

NE CRAIGNEZ PAS

J’ai vécu cette semaine deux belles rencontres. Deux personnes ayant traversé de dures épreuves. L’une avait perdu brutalement un être cher. L’autre venait de traverser l’épreuve de la maladie. Toutes deux disaient leur souffrance devant l’inattendu. Tous les repères, toutes les sécurités qui s’écroulent. L’impression d’une vie sans issue.

Et pourtant, au cœur de la nuit, inattendue elle aussi, imprévisible, la certitude d’une présence. Dieu était là, présent et agissant dans leur vie. Alors que tout semblait fini, voici qu’un chemin s’ouvrait de nouveau, comme une nouvelle naissance. Elles sortaient de l’épreuve à la fois plus fragiles et plus solides. Plus fragiles parce qu’elles avaient touché du doigt leur radicale pauvreté, la vérité de leur être. Et plus solides parce qu’elles avaient fait l’expérience d’une force de vie plus forte que la maladie, plus forte que la mort. Une vie que rien ni personne ne pourrait leur ravir.

Elles avaient fait l’expérience de la puissance de la résurrection dans leur propre vie et c’est de cela dont elles étaient heureuses de témoigner.

On ne peut être apôtre, appelé et envoyé par Jésus si, d’une manière ou d’une autre, on n’a pas fait l’expérience personnelle d’une présence, d’un amour qui nous brûle et nous guérit, qui nous libère et ouvre un avenir.

Nous ne transmettons pas d’abord des connaissances, une culture religieuse, même si elles sont nécessaires. Nous témoignons d’une présence, celle de l’Esprit de Jésus ressuscité qui vient embraser nos vies, qui fait de nous des hommes et des femmes libres. Nous n’avons rien à perdre puisque tout nous est donné. Tout : ce que nous avons et ce que nous sommes. Et ce que nous croyons donner par nous-mêmes ne nous appartient pas davantage. Nous sommes simplement des passeurs, passeurs de vie à la suite de Jésus.

Avec Jésus, comme Jésus, nous sommes émus de compassion pour nos contemporains, dont beaucoup apparaissent comme des brebis sans berger.

Avec Jésus, comme Jésus, nous nous laissons envoyer vers les plus petits, les plus meurtris, pour leur signifier qu’eux aussi, eux d’abord, sont aimés par Dieu, habités de la force de l’Esprit Saint qui leur ouvre un chemin.

Avec Jésus, comme Jésus, nous rencontrons sur le chemin l’incompréhension, voire l’hostilité. Une personne intérieurement libre et habitée d’une paix profonde suscite rejet et violence de la part de celui qui vit sur un autre registre, dans une autre logique. Parce que la lumière de l’Esprit éclaire les zones d’ombre et de ténèbres.

C’est le chemin inexorable de Jésus dans sa marche vers Jérusalem. C’est le chemin de tout disciple qui met ses pas dans les siens. Ce n’est pas un chemin naturel. Spontanément nous cherchons à éviter la souffrance, à vivre en sécurité, dans la chaleur de relations fraternelles.

Et voilà que Jésus nous invite à ne pas avoir peur de risquer notre vie pour l’Évangile, à quitter toutes nos fausses sécurités pour le suivre.

Peut-être pourrions nous, dans les jours qui viennent nous poser un peu et nous demander :

– Qu’est-ce qui m’empêche de répondre à l’appel de Jésus ? Quelles sont les peurs qui me bloquent, m’emprisonnent ?

– Ai-je déjà fait l’expérience de la présence aimante de Dieu, absolument gratuite, alors que je traversais telle ou telle épreuve ?

Je laisse résonner en moi cette invitation insistante de Jésus : « Ne craignez pas, n’ayez pas peur. » Je présente à Dieu toutes mes craintes afin qu’il m’en libère. Il est, lui, le Roc sur lequel appuyer ma vie, risquer ma vie, au service des plus petits.

Seigneur Jésus,

à la suite des apôtres,

tu m’appelles à te suivre,

à te faire confiance,

à risquer ma vie sur ta Parole.

Que la force de l’Esprit Saint

me donne d’écouter ta parole

et de la mettre en pratique.

Frère Nicolas MORIN

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