Homélie du dimanche 26 novembre 2023 – Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers – Année A

A CHACUN SON ROI

La fête du Christ Roi de l’univers nous fixe un cap, un horizon. Méditons ensemble ce magnifique passage de saint Paul aux Corinthiens 15, 20-28.

« Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, le premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. »

« Dans le Christ, tous recevront la vie. »

Comme un premier de cordée, le Christ nous précède et nous attire à lui afin de faire de nous des Vivants, à son image. La mort n’a pas le dernier mot, elle n’est qu’un passage.

L’homme ne cesse de se rêver immortel, mais c’est pour prolonger sa vie terrestre. Jésus nous donne infiniment plus : une vie transfigurée, cette vie à laquelle Dieu rêve pour nous depuis toujours, sa propre vie. Dieu nous veut à son image et ressemblance. Et Jésus vient accomplir son rêve, non seulement pour lui, mais, en lui, pour nous tous.

Il est bien difficile en ces temps troublés de croire en la victoire du Ressuscité. Beaucoup d’hommes – il y a peu de femmes candidates ! – se rêvent en rois de l’univers et sont prêts à tout pour y parvenir.

Dois-je vous l’avouer ? J’ai peur. Peur de ces hommes avides de pouvoir et de reconnaissance, sans autre limite que celles que leur ego surdimensionné leur dicte. L’argent, la technologie, la politique leur donnent l’illusion d’être immortels, au-dessus des autres, intouchables. Des élus, en quelque sorte. Mais si j’en ai peur, serait-ce qu’ils me renvoient à cette part de moi-même qui se rêve elle aussi sans limite et toute-puissante ?

Ces temps derniers qui sont les nôtres sont des temps de combat. L’immensité de la tâche pourrait nous décourager. Mais la Bible nous révèle que Dieu combat pour nous. A nous de ne pas nous tromper de combat, de ne pas prendre la place de Dieu mais de le laisser prendre toute sa place dans nos vies et dans la vie du monde.

« Tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance.

Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis.

Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort. »

La victoire finale est déjà là, en germe dans la résurrection de Jésus. C’est ce qui nous donne cette paix profonde au-delà des soubresauts de la vie du monde. Le mal est déjà vaincu même si nous attendons impatiemment la victoire finale lors de la venue du Christ dans sa gloire.

En attendant, que faire ? Attendre patiemment que le Christ veuille bien se manifester ?

L’évangile, au contraire, nous dit que c’est aujourd’hui, dans nos actes les plus quotidiens, que se joue notre présent et notre avenir. Nos actes nous engagent. Notre destin se joue dans l’aujourd’hui de nos vies, dans l’attention que nous portons au malade, au prisonnier, à l’immigré, à l’affamé…

Être vivant, ressuscité, c’est, à la suite de Jésus, voir la misère de nos frères et sœurs, entendre leurs cris et sortir de notre zone de confort pour les soulager, les délivrer.

Et Jésus de nous dire : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Le jour viendra où nous serons jugés, ou plutôt nos actes nous jugerons. Et peut-être dirons-nous, stupéfaits : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…?

tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? »

Frère Nicolas Morin

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