homélie du dimanche 26 septembre 2021, 26ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B

SI TU SAVAIS LE DON DE DIEU

Les lectures de ce jour nous invitent à méditer sur les ressorts de la jalousie :

« Eldad et Medad prophétisent dans le camp ! Moïse, mon maître, arrête-les ! »

« Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »Ce qui se joue ici, c’est notre propension à nous approprier notre travail, notre mission, nos qualités même. Dans la vie communautaire, chacun marque son territoire, ce qu’il revendique en propre (le jardin, les courses, le bricolage…) et gare à celui qui empiète sur son domaine.

Dans plusieurs fraternités où j’ai vécu, j’étais étonné par la crainte des prêtres des paroisses environnantes de nous voir leur « prendre » leurs fidèles. Comme si la fécondité des uns était arrachée aux autres…Saint François connait bien l’instinct d’appropriation, lui qui, dans sa jeunesse, voulait tout saisir : l’argent, la gloire, la reconnaissance. Tout était ramené à son « cher moi ».

Sa conversion survient comme un décentrement du regard. Sortie de soi pour accueillir l’autre dans son indicible beauté, que ce soit le lépreux ou le Christ en croix. François découvre que la vie n’est pas un long combat pour s’imposer mais que tout est don, gratuité. Il ouvre alors les mains qui s’apprêtaient à saisir afin d’accueillir avec reconnaissance ce Dieu qui ne nous veut et ne nous fait que du bien, ce Dieu qui se donne en son Fils Jésus. Là est le secret de sa joie.

La réponse à ce don, c’est la louange et l’action de grâce de celui qui sait reconnaître en toute personne comme en toute créature le reflet de la bonté et de la beauté de Dieu.

Du coup, cette conversion du regard nous donne de nous accueillir nous-même comme un don de Dieu. Nos jalousies ne sont-elles pas le symptôme d’une estime de soi mal ajustée ? Nous avons tant de mal à nous accueillir avec reconnaissance et dans la joie. Décentrer notre regard, c’est laisser Dieu nous regarder avec tendresse et miséricorde. Nous pourrons alors lâcher tous les faux semblants pour oser être pleinement nous-même, des enfants bien-aimés du Père.

Le monde sera évangélisé le jour où tout homme, toute femme, aura découvert ce regard qui ouvre à la vie.

C’est le rêve de Moïse : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »

« Heureux le serviteur qui ne se glorifie pas plus du bien que le Seigneur dit et opère par lui, que du bien que le Seigneur dit et opère par un autre » (Saint François).

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