4ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B
« Il parlait avec autorité »
Avec les nouvelles techniques on a tellement multiplié les paroles qu’elles ont perdues leur poids et leur profondeur. Certains sont même payés pour faire du vent. Ils parlent pour ne rien dire ! Notre mémoire est encombrée par toutes ces paroles. Il n’en était pas ainsi au temps de Jésus. Les disciples se sont d’ailleurs rappelés avec beaucoup de précision toutes ses paroles, faits et gestes.
Aujourd’hui Marc souligne justement l’autorité de la parole de Jésus. Il ne parle pas comme les autres. Il n’a pas une langue de bois. Il ne répète pas toujours les mêmes choses. « Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ». C’est nous dire clairement qu’on n’écoute pas Jésus comme n’importe quel enseignant.
Quand Jésus commence à parler dans la synagogue c’est la surprise. Ce n’est plus un enseignement de scribes qui pourtant étaient considérés comme des savants formés par des grands maîtres. Nulle part n’est dit, en revanche, que Jésus avait reçu une telle formation. Mais alors que les scribes répètent ce qu’ils ont appris, la parole de Jésus frappe les auditeurs par sa nouveauté et ses accents personnels. Car c’est une parole sortie du silence, forgée au désert et qui vient frapper à la porte du cœur.
Les grands prêtres, les scribes et les anciens intrigués par la nouveauté des paroles et des actes de Jésus vont d’ailleurs lui demander : » Par qu’elle autorité fais-tu cela ? » Ils rejoignent l’étonnement des gens de Capharnaüm et de Nazareth : « Mais d’où lui vient cette sagesse ? Comment se fait-il qu’il parle ainsi ? N’est-il pas le fils d’un charpentier ? » Aux grands prêtres qui reprocheront aux soldats de ne pas avoir arrêté Jésus, ceux-ci répondront : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme !» (Jean VII 46) Les soldats ont été frappés par le ton, la présence, le regard.
Jésus ne se contente pas de faire des cours. Il fait bien autre chose que de remuer des idées, il parle avec des gestes, il pose des actes, il remue les cœurs. Il élimine le mal, il guéri. Or c’est le sabbat où il est interdit de faire quelque chose ce jour-là. Mais pour Jésus il n’y a pas de jour interdit à l’amour. Jésus ne se contente pas de parler, il libère.
Et ce n’est pas innocent que le premier miracle de Jésus concerne un malade mental. A l’époque de Jésus toute maladie était plus ou moins regardée comme une possession diabolique. Or, la maladie mentale est une aliénation, elle empêche l’homme d’être libre. Il est possédé et la parole de Jésus va le libérer. Il va s’attaquer à tous ceux qui excluent ou rendent « impurs » Un combat s’engage avec toutes les forces de mort et les aliénations collectives qui tiennent les pauvres sous leur coupe.
Curieusement c’est un possédé qui va répondre à la question que Marc va poser tout au long de la première parie de son Evangile « Mais qui est cet homme ? » C’est l’homme tourmenté qui va poser les vraies questions : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu est le Saint de Dieu ». Et de nouveau la parole fait autorité : « Tais-toi, sors de ce homme ». Parole qui crée, libère, purifie et sauve. Le mal multiforme et omniprésent a trouvé plus fort que lui.
N’hésitons pas aujourd’hui à faire le même chemin que les disciples. Ecoutons le jeune Rabbi qui parle, laissons-nous séduire par sa parole, bouleversés par l’inimaginable nouveauté.
Jésus, qui m’as brûlé le cœur au carrefour des Ecritures, ne permets pas que leur blessure en moi se ferme :
Tourne mes sens à l’intérieur, force mes pas à l’aventure, pour que le feu de ton bonheur à d’autres prenne!
Frère Max de Wasseige