LA TRANSFIGURATION
COMPRENDRE
Jésus est en route vers Jérusalem. Les tensions se cristallisent autour de sa personne. Face aux oppositions, Jésus ne fuit pas. Il accepte que son chemin passe par la souffrance et la mort et il commence à préparer ses disciples qui ne peuvent pas l’entendre. Comment leur faire comprendre que cette marche vers Jérusalem n’est pas seulement une avancée vers une mort inéluctable, mais ouverture à la Vie et la Gloire ? Pour Pierre, Jacques et Jean, la transfiguration est l’annonce anticipée de l’issue finale de ce chemin déroutant que Jésus leur demande de prendre à sa suite. Il ne débouche pas, comme ils le craignent, sur le néant, l’échec, mais sur la gloire lumineuse du Christ ressuscité, transfiguré. L’homme n’est pas destiné au néant, mais, comme Jésus, à être transfiguré.
MÉDITER
Jésus fut transfiguré, métamorphosé, transformé. Le mot évoque également la traversée ; invitation à traverser le visage connu de Jésus pour le découvrir dans sa gloire.
Moïse le législateur et Élie le prophète symbolisent toute l’attente messianique d’Israël. Leur présence sur le nouveau Sinaï manifeste que les temps messianiques sont accomplis en la personne de Jésus. Les disciples devront s’en souvenir lorsque, sur une autre montagne, Jésus présentera un visage non plus transfiguré mais défiguré, tordu de douleur, visage de l’humanité souffrante appelée à passer de l’obscurité à la lumière par la mort et la résurrection de Jésus.
Ébloui par cette vision, Pierre pense sans doute que les temps messianiques sont arrivés, qu’il faut dresser la Tente du repos final avec Dieu. Il n’a pas compris que le chemin de résurrection passe par la passion.
Une voix retentit de la nuée, signe de la manifestation de Dieu qui se donne toujours à voir de manière voilée. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le ! » Comme lors du baptême de Jésus. Mais, cette fois-ci, la voix ne s’adresse plus à Jésus seul mais aussi aux trois disciples qui sont là, représentant toute la communauté chrétienne.
La Transfiguration de l’homme advient précisément lorsqu’on reconnaît en Jésus le Fils. « Écoutez-le », accueillez-le, recevez-le, faites ce qu’il vous dit, laissez-vous façonner, configurer à lui car il est le sommet de la divinisation de l’homme proposée par le Père.
« Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre. Jésus s’approcha, les toucha et dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Jésus met debout, « ressuscite » ses apôtres prostrés, comme morts. Il est le Seigneur qui s’approche de notre humanité, la touche par son incarnation, nous arrache à l’emprise du mal et de la mort, nous met debout par sa parole, et nous rend capable de marcher vers notre résurrection-transfiguration à travers les épreuves inéluctables de notre condition humaine.
La Transfiguration nous révèle que Passion et Résurrection sont les deux facettes d’une même réalité. En traversant la souffrance et la mort, Jésus les illumine de sa présence. La vie est semée en nous pour toujours. Nous sommes nés pour l’éternité. Ni la souffrance, ni la mort ne peuvent rompre le lien filial tissé entre Dieu et nous.
PRIER
Père très bon,
du sein des ténèbres,
tu as fait jaillir la lumière
et elle resplendit sur le visage de ton Christ.
Fais-la briller dans notre cœur.
Mets en nous le désir d’écouter sa parole
et de nos mettre nos pas dans les siens.
Frère Nicolas Morin