Homélie du dimanche 6 août 2023, 18ème dimanche du Temps Ordinaire – Année A

TRANSFIGURATION – DEVOILEMENT

Les disciples ont vécu de merveilleux moments depuis qu’ils ont tout quitté pour suivre Jésus. Ils sont fiers d’être disciples de cet homme qui électrise les foules par ses prédications, ses guérisons, son autorité naturelle… Ils ont conscience de participer à quelque chose d’unique, d’exceptionnel, et ils sont flattés d’y être associés.

Mais voilà que Jésus commence à leur dévoiler un autre visage, une facette inattendue de sa personnalité et de sa mission : « Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. » La réaction des disciples est vive. Ils n’ont pas signé pour ça ! « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » Mais Jésus remet Pierre à sa place : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. »

La suite de Jésus que les disciples imaginaient tel un chemin semé de fleurs conduisant à la gloire se fait aride, tortueux, semé d’embuches. Suivre Jésus, c’est donc aussi partager avec lui des moments d’incompréhension et de rejet.

Jésus devine le combat qui se joue dans le cœur des disciples. C’est pourquoi il invite Pierre, Jacques et Jean à le suivre sur la montagne. Ce qui se joue sur la montagne, c’est un dévoilement, une traversée. Le visage si familier de Jésus se met à rayonner de la gloire du Père, il se fait transparent au visage du Père. « Qui me voit voit le Père », dira Jésus à Philippe.

Sur la montagne, comme au jour de son baptême, est dévoilé le lien unique qui unit Jésus à son Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

Mais il est un autre dévoilement qui se joue sur la montagne, celui de notre identité profonde. Fils adoptifs de Dieu, notre vocation est de refléter le visage du Père. Il est aussi de le reconnaître en toute personne. J’ai passé deux jours durant mes vacances chez mon dernier frère et sa femme. Ils ont un fils handicapé, très limité dans ses mouvements et la parole. J’ai été marqué par l’immense amour régnant dans cette famille, mais surtout la joie contagieuse de leur enfant, son visage rayonnant. Il nous invite à le rencontrer au-delà des apparences, à nous laisser toucher par lui.

Ecoutons saint Paul dans sa seconde lettre aux Corinthiens, nous parler de notre identité : « Quand on se convertit au Seigneur, le voile est enlevé. Et nous tous qui n’avons pas de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit » (2 Cor 3,16).

Si Jésus emmène les disciples sur la montagne, c’est pour les révéler à eux-mêmes. C’est aussi pour les affermir et les préparer à l’ultime dévoilement, celui de la croix. Sur la montagne du Golgotha, le visage défiguré de Jésus révèle et dévoile le Père qui, pour nous, se livre tout entier.

Seigneur Jésus, au cœur de l’été,

tu nous invites à monter avec toi sur la montagne.

Tu te dévoiles à nous, visage de la tendresse du Père.

Mais tu nous invites aussi à nous regarder autrement les uns les autres,

à découvrir derrière le visage de chacun, de chacune,

la beauté cachée d’une présence,

l’éclat d’un amour,

l’appel à une rencontre vraie.

Frère Nicolas Morin

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