« VOUS ÊTES LA LUMIÈRE DU MONDE » VRAIMENT ???
J’aime prier à la Chapelle des Buis. La simplicité, la taille modeste, la douce pénombre de la chapelle invitent au silence et à l’intériorité.
Elle n’a rien d’extraordinaire, cette chapelle, et pourtant, lorsque les rayons du soleil transpercent ses vitraux colorés, ils la transfigurent tout entière. C’est un festival de couleurs qui nous laisse dans l’émerveillement. D’où vient tant de beauté ?
La chapelle elle-même ne peut en tirer orgueil. Que le soleil se cache et elle est rendue à son état premier, sans éclat. Sa vocation est de s’ouvrir tout entière à la lumière, de ne pas lui faire obstacle mais de se laisser transfigurer par elle et, ce faisant, révéler la source de cette lumière, la beauté première.
Nos vies ne sont-elles pas à l’image de cette chapelle, simples, ordinaires, avec des failles qui se creusent et s’élargissent au long des ans ? Mais ces failles elles-mêmes peuvent devenir chemin pour cette lumière qui vient transfigurer nos vies et les rendre belles, de cette beauté dont la source est en Dieu.
Mais que nous cherchions à capter la lumière, ou à la reproduire artificiellement, et nous perdons toute beauté. Nous sommes alors dans la séduction mondaine, ressemblant à ces temples de la consommation ruisselant de lumière artificielle, dure, aveuglante, sans âme.
Nous sommes les réceptacles étonnés, émerveillés, d’une lumière qui nous vient d’ailleurs. Notre mission est de nous faire transparents à cette lumière afin qu’elle poursuive son chemin et illumine la vie de ceux qui nous entourent.
Isolée de son contexte, cette affirmation de Jésus pourrait amener à bien des contre-sens, à un orgueil démesuré : « Vous êtes la lumière du monde » ; « Vous êtes le sel de la terre ». Nous avons à devenir sel et lumière à la manière de Jésus, lumière de toute lumière.
Le passage d’Isaïe lu ce dimanche dit magnifiquement bien ce qu’est être lumière à la manière de Jésus :
« Partage ton pain avec celui qui a faim,
accueille chez toi les pauvres sans abri,
couvre celui que tu verras sans vêtement,
ne te dérobe pas à ton semblable.
Alors ta lumière jaillira comme l’aurore. […]
Si tu fais disparaître de chez toi
le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante,
si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires,
et si tu combles les désirs du malheureux,
ta lumière se lèvera dans les ténèbres
et ton obscurité sera lumière de midi. » Isaïe 58, 7-10
Seigneur Jésus, que notre vocation est belle :
Être lumière qui éclaire tout homme,
Être sel qui donne saveur à la vie.
Donne-nous d’être des miroirs de ta tendresse,
de ta miséricorde et de ton amour offerts
à tous ceux qui vivent dans la nuit,
à tous ceux dont la vie n’a plus de sens.
Supprime en nous tout obstacle
qui nous empêche de refléter ta lumière. AMEN.
Frère Nicolas Morin