UNE PAIX PLUS FORTE QUE NOS PEURS Jean, 20, 19-31
« C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur des juifs. »
Prenons le temps de visualiser cette pièce sombre, sans lumière. C’est la nuit dans le cœur des disciples.
Leur peur est presque palpable, elle transpire. Une peur qui les paralyse et les enferme. Ils ont verrouillé les portes. De quoi ont-ils donc si peur ?
– Ils ont peur « des juifs ». C’est curieux, ils en parlent comme si eux-mêmes n’étaient pas juifs ! La peur coupe des autres qui deviennent des étrangers puis des ennemis de qui il faut se protéger.
– Mais une autre peur les étreint, celle d’avoir raté leur vie. Ils avaient tout misé sur Jésus, tout quitté pour le suivre, et les voilà qui se retrouvent seuls, abandonnés de tous. Et s’ils s’étaient trompés en donnant leur confiance à Jésus ?
– Derrière cette peur s’en cache une autre, plus profonde, plus douloureuse : celle de ne pas avoir été à la hauteur de l’appel de Jésus. Ils ont fui face au danger, ils n’ont pas été capables de demeurer auprès de Jésus jusqu’au bout. Oui, en cet instant, peut-être les disciples ont-ils peur d’eux-mêmes, de leur propre faiblesse, peur d’avoir rompu le lien qui les unit à Celui qu’ils aiment par-dessus tout.
– La peur des disciples a un effet ravageur : elle les enferme et les coupe d’eux-mêmes, des autres et de Dieu. La peur est comme une prison que l’on se construit en croyant de protéger.
Quelles sont mes propres peurs ? D’où viennent-elles ? Que touchent-elles en moi de si profond ? Quelles conséquences ont mes peurs sur ma relation aux autres, à Dieu ? Il est important d’identifier ses peurs car si nous ne mettons pas des mots sur nos peurs, ce sont elles qui nous dominent et nous emprisonnent.
« Jésus vint et il était là au milieu d’eux. »
Remarquez la sobriété de cette formule. On ne dit pas que Jésus traverse les murs ou force les portes ! Le texte souligne l’essentiel : Jésus se rend présent au milieu de ces hommes prisonniers de leurs peurs. Un peu comme une maman qui, la nuit, se rend au chevet de son enfant réveillé par un cauchemar : « C’est moi, n’aie pas peur, c’est fini maintenant. »
Jésus est bien mort. Tous ont pu le voir agonisant sur la croix. Et pourtant, c’est lui. Il y a donc une présence dans l’absence, une présence qui traverse la mort. « Il était là au milieu d’eux. » « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Goûtons la présence du ressuscité au milieu de nous, accueillons-le.
« La paix soit avec vous. »
La paix de Jésus balaie toutes les peurs. Sa présence est source de paix. Il est lui-même la paix. Dès lors, plus besoin de nous barricader puisqu’il est notre paix. « N’ayez pas peur, je suis vainqueur du monde. »
« Il leur montra ses mains et son côté. »
La résurrection n’efface pas les blessures de la croix ; elle les traverse et les transfigure. Dans les blessures de Jésus, je peux reconnaître mes propres blessures. Je peux poser mes mains meurtries sur les siennes, mon cœur blessé sur son côté ouvert. Jésus se rend présent à mon humanité blessée. Et c’est là , au cœur même de mes peurs et de mes blessures, que Jésus ouvre un chemin. De mes blessures peut jaillir la vie, à condition que je me laisse transformer, transfigurer par Lui, avec Lui.
Je pourrai alors accueillir la paix profonde que Jésus me donne.
Je pourrai alors accueillir son Esprit Saint et devenir moi-même messager de paix.
Chaque chrétien reçoit la belle mission d’être messager de paix et de réconciliation, en se rendant simplement présent aux femmes et aux hommes enfermés dans leurs peurs afin de les ouvrir à la présence du Ressuscité qui les illumine de l’intérieur.
Seigneur Jésus, mort et ressuscité, tu te rends présent à chacune de nos vies.
Comme les disciples, je suis bien souvent enfermé dans mes peurs.
Donne-moi de passer de la peur à la confiance, viens me libérer de tous ces liens qui m’emprisonnent.
Avec toi, je veux être messager de paix et de miséricorde.
Frère Nicolas Morin