Dois-je te l’avouer, Marie ? Les mots qui parlent de toi dans l’Apocalypse m’intimident : « Une femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. » T’y reconnais-tu toi-même, toi qui te désignes simplement comme « l’humble servante du Seigneur » ? La beauté de nos mots et la magnificence des œuvres d’art qui te célèbrent risquent de nous faire oublier que tu es l’une de nous, humble femme de Nazareth. Tu es un peu la sœur aînée d’une grande fratrie qui nous ouvre la route, nous trace un chemin vers Dieu.
Tu es une femme ordinaire habitée d’une grâce extraordinaire.
Tu partages nos rêves, nos doutes, nos joies, nos souffrances…
Un jour, tu as dit oui. Oui à la vie donnée. Oui à cet enfant que tu allais porter pour nous l’offrir afin qu’à notre tour nous fassions de notre vie une demeure pour l’accueillir.
Tu as dit oui, surmontant tes questions et tes peurs. « Comment cela va-t-il se faire ? » Tu as choisi la voie de la confiance et de l’abandon : « Qu’il me soit fait selon ta parole. »
Ta confiance sera mise à rude épreuve, tout au long de la courte vie de ton fils. Il t’emmènera sur des chemins inattendus, douloureux parfois.
Tu choisis, jour après jour, de suivre ton fils. Tu te fais sa disciple. Et tu nous dis : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
L’attitude de Jésus a de quoi t’étonner, te déplacer, te faire souffrir parfois : « Pourquoi me cherchez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? » Tu tentes même d’aller le chercher, alors qu’il prêche dans une maison pleine à craquer, et tu l’entends te dire : « Qui est ma mère ? Qui sont ms frères et mes sœurs ? Ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. »
Oui, Marie, tu choisis humblement de te mettre jour après jour à l’école de ton fils Jésus.
On te retrouvera, le cœur déchiré, au pied de la croix, recueillant dans tes bras sans force, le corps de ton fils.
Où puises-tu la force d’être encore là , au Cénacle, aux côtés des disciples désemparés ? Ta confiance douce et obstinée leur permet de ne pas s’écrouler. Dieu tient toujours promesse. « Comment cela va-t-il se faire ? »
Avec les disciples, tu accueilles la joie de la Résurrection. Ton Fils t’est redonné, offert en partage pour la multitude, avant d’être élevé de terre.
Tu es là , encore, avec les disciples recevant la grâce de l’effusion de l’Esprit.
Toute ta vie, Marie, tu fus cette présence humble, discrète, d’une femme ordinaire animée d’une foi extraordinaire.
Aujourd’hui s’ouvrent pour toi les portes du ciel. Ton Fils t’attire à lui.
Tu ne nous abandonnes pas. Encore une fois, tu nous ouvres le chemin, tu nous indiques la route à suivre. Formidable espérance.
Chacun de nous peut accueillir en lui une vie qui le dépasse infiniment, ce trésor de la vie divine semé en nous. Un jour, cette vie divine nous habitera tout entiers, nous ne serons alors plus qu’un avec le Christ, ressuscités avec lui, à la suite de Marie.
Merci, Marie, de nous donner ton fils Jésus.
Merci, Marie, de veiller sur nous,
Notre Dame de l’Assomption,
Notre Dame de la Libération.
Frère Nicolas Morin