Homélie du jeudi 28 mars 2024, JEUDI SAINT du frère José Kohler

HOMELIE JEUDI SAINT 2024

En entendant le commencement de l’Evangile de Jean nous sommes frappés par l’importance du moment que nous vivons : jésus qui vient de Dieu retourne à son Père, c’est l’accomplissement de sa mission.

Jésus et ses disciples vont vivre trois actions hautement symboliques (qui donnent sens et vie) qui n’en font qu’une : la célébration de la Pâque, le lavement des pieds, l’eucharistie

Jésus avec ses disciples fête la Pâque. Un peuple qui était esclave en Egypte est libéré par Dieu ; il traverse la mer, il traverse la mort, il passe de l’esclavage à la liberté en devenant e peuple de l’Alliance. Déjà Dieu s’était approché de l’homme : « j’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu les cris et je suis descendu, maintenant va, je t’envoie… ».

Chaque année le peuple d’Israël, chaque famille en célébrant le seder, le repas de la Pâque avec les herbes amères, l’agneau, les pains sans levain et les bénédictions non seulement fait mémoire et rend grâce pour un évènement fondateur, mais se rappelle que lui aussi doit traverser la mer pour aller à la rencontre du salut proposé par Dieu. Il doit lui aussi fuir l’Egypte et ses idoles pour accéder à la liberté de la rencontre avec Dieu.

C’est dans ce contexte que le Christ va vivre sa Pâque lui aussi. Il va vivre avec ses disciples deux actions hautement symboliques.

Lui qui est le maître et le Seigneur, il va s’agenouiller aux pieds de ses disciples et leur laver les pieds, tâche réservée à l’esclave. Il nous révèle par là combien l’homme a du prix aux yeux de Dieu ; combien Dieu est capable de s’abaisser pour rejoindre l’homme et lui témoigner son amour. Combien la grandeur de Dieu se révèle dans son abaissement. C’est ainsi toutes ses idoles, nos idoles qu’il renverse : la puissance, la gloire, la richesse extérieures et aussi nos représentations de Dieu.

Pierre ne peut tolérer une telle attitude de Celui qu’il a reconnu comme le messie, il est scandalisé ; Il ne peut accepter cela mais pour partager la vie du Royaume de Dieu, Jésus lui fait comprendre qu’il faut qu’il se convertisse à ce Dieu là, il n’y en pas d’autre. Ce Dieu qui n’est jamais aussi grand que quand il s’abaisse aux pieds de l’homme par amour et donne sa vie pour lui.

Cette vie que l’homme pécheur va lui arracher dans le mépris et ta torture sous le prétexte de défendre l’honneur de Dieu il va la donner  : « Ma vie nul la prend c’est moi qui la donne… » il va la ramasser dans ce pain de la Pâque, ce pain sans levain cuit à la hâte, ce pain de l’Exode et de la libération, ce pain de la route et de l’Alliance reçu dans e dénuement du départ et du désert.

« Prenez et mangez, ceci  est mon corps livré pour vous. Prenez et buvez, ceci est mon sang versé pour vous » Toute la vie de jésus donnée jour après jour sur les chemins poussiéreux de Palestine, auprès des pauvres, des malades, des pécheurs, avant de s’écouler goutte à goutte dans les souffrances de la passion et de rendre souffle sur la croix, elle est cuite comme un bon pain dans le creuset de l’amour ; le sang est versé comme un bon vin pour les noces de l’Alliance où tous les hommes sont invités.

« Prenez et mangez, prenez et buvez, faites ceci en mémoire de moi… »

Nous sommes invités à accueillir la Pâque, le sacrement du lavement des pieds et du repas de l’eucharistie, à nous en nourrir, à nous laisser transformer par l’amour humble et fou de Dieu pour chaque homme, pour chacun d’entre nous. C’est à nous maintenant de partager cet amour pour aider l’homme à grandir selon l’Esprit de l’Evangile et à découvrir à quel point il est aimé de Dieu.

Rendons grâce  pour l’Eglise, celle qui nous enfante à la vie du Christ, qui est appelée à devenir de plus en plus le sacrement vivant, humble et pauvre de Jésus Christ qui est lui-même le Sacrement du Père dans la communion de l’Esprit. Que François le petit pauvre d’Assise l’accompagne, nous accompagne sur ce chemin de la vraie joie et de la vraie vie.

Frère José Kohler

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