Il nous est bon de fêter aujourd’hui tous les saints. Dans un monde troublé, souvent marqué par le mal et la souffrance, les saints nous rappellent le but de notre vie : partager la vie de Dieu dans l’amour et la vérité.
Peut-être que les saints nous intimident, et nous nous disons, ce n’est pas pour moi, je suis trop faible ou trop médiocre… Oui, il y a les saints « officiels », déclarés tels par l’Eglise, ils nous sont proposés comme modèle, même si eux aussi ont été des pécheurs.
Et il y a tous ceux qui sont anonymes, mais que nous pressentons comme ayant eu une vie toute simple mais faite de fidélité à l’essentiel : l’amour partagé. Ce sont peut-être des parents ou des amis, des pauvres d’ici ou de l’autre bout du monde qui ont laissé un parfum de paix et de vie véritable.
Et ils nous disent que tous nous sommes appelés à devenir des saints, malgré nos défauts, nos limites, notre péché. D’ailleurs Jésus nous dit : « Je ne suis pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. ». Nous n’allons pas devenir des saints uniquement à la force de nos poignets, à la force de notre volonté. Dieu ne nous demande pas l’impossible, il nous demande et c’est déjà beaucoup, de vivre ce que nous pouvons vivre et de donner le meilleur de nous-mêmes au cœur de notre pauvreté. Et qu’est-ce qui peut nous donner le goût et la force de donner le meilleur de nous-mêmes ? Eh bien c’est de nous sentir aimé ; que quelqu’un nous dise : malgré tes fragilités, tes défauts, tes péchés, tu es important, tu comptes à mes yeux, tu es mon enfant bien aimé, tu es mon bien-aimé ou ma bien-aimée, tu es mon frère, tu es ma sœur, tu es mon ami, mon amie…
L’important c’est de se laisser aimer pour apprendre à aimer au-delà du mal qui est dans le monde, au-delà du mal qui souvent frappe à notre porte.
L’Eglise nous propose aujourd’hui de réentendre « les Béatitudes » : « Heureux, bienheureux, les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux. » ; Heureux ceux qui ne font pas les malins et qui n’écrasent pas les autres avec leur supériorité (de richesse, de savoir ou de pouvoir) ; Heureux ceux qui font confiance et qui accueillent la vie comme un cadeau ; Heureux ceux qui savent dire oui et merci. Heureux ceux qui travaillent à faire la volonté de Dieu ici-bas : ceux qui participent concrètement, selon leurs moyens à construire plus de justice et de paix…Heureux ceux qui savent qu’ils ont besoin des autres pour bâtir leur vie.
Pour bien comprendre, pour bien vivre les Béatitudes il nous faut regarder et prier Jésus. C’est lui le pauvre par excellence qui donne sa vie par amour de son Père du ciel et de ses frères et sœurs de la terre. C’est lui qui est messager et artisan de paix et de justice. C’est lui qui guérit et pardonne. C’est lui qui nous guide avec assurance et respect.
C’est lui qui nous ouvre le chemin de la vie ; Il nous réconcilie avec Dieu son Père et notre Père ; Il nous réconcilie avec nos frères. Il nous fait déjà entrer, si nous le voulons, dans le Royaume des cieux. Ce Royaume qui est comme une petite graine qui germe et pousse au cœur de notre vie.
Réjouissons-nous, nous dit saint Jean « car dès maintenant nous sommes enfants de Dieu » et nous sommes appelés à le devenir de plus en plus car c’est le désir fondamental de Dieu, ce désir caché au plus profond de nous-mêmes. C’est cette foi et cette espérance et non seulement nos propres forces qui nous permettent de devenir saints, c’est-à -dire de partager la vie de Dieu en communion avec tous nos frères que Dieu aime.
Frère José Kohler