Homélie de la veillée de noël
Ce soir, une petite flamme brille au creux de mes mains, infiniment belle et infiniment fragile.
Elle est là qui s’offre à moi. Que vais-je en faire ?
Je peux, d’un souffle, éteindre la flamme et choisir l’obscurité.
Je peux aussi choisir de l’accueillir, de lui faire une place, de la laisser illuminer ma vie.
Cette flamme est un peu comme l’enfant qui naît à Bethléem. Jésus naît sous le signe de la fragilité. Le voilà qui, silencieusement, avec délicatesse, frappe à notre porte. « Aujourd’hui, je viens demeurer chez toi. Veux-tu faire de ta vie une crèche ? Me laisseras-tu naître en toi ? »
Et me voici face à cet extraordinaire cadeau de Dieu qu’est ma liberté. Jésus ne s’impose jamais. Il frappe simplement, avec délicatesse et discrétion. Et il attend ma réponse.
Je peux choisir d’ouvrir tout grand la porte et d’accueillir la vie qui m’est donnée.
Je peux aussi choisir de rester derrière la porte fermée de mes doutes, de mes peurs, de mes habitudes…
Mais pourquoi donc Dieu choisit-il la fragilité d’un enfant pour révéler son visage ? N’aurait-on pas davantage besoin d’un Dieu fort qui donne un bon coup de balai dans notre monde gangrené par la corruption, la soif de pouvoir, l’appétit de l’argent, les guerres sans fin…
Parmi nous, certains traversent des épreuves douloureuses. Comment se réjouir quand on est loin de son pays et de sa famille, quand on ne sait pas où l’on va dormir demain ? Comment se réjouir quand nous sommes meurtris par la perte d’un être cher ou lorsque notre famille se trouve divisée, déchirée ?
Oui, il y a bien des raisons d’être fatigués, parfois même découragés ; bien des raisons de demander des comptes à Dieu : « montre-nous ta puissance ; viens nous apporter une vie meilleure. »
Mais Dieu vient briser tous nos rêves de puissance. Dieu ne fait rien comme tout le monde !
Peut-être veut-il nous ouvrir un autre chemin ? Un chemin qui traverserait nos propres fragilités ?
Et si la fragilité de l’enfant était une invitation à accueillir nos propres fragilités, à ne plus en avoir peur ?
Et si Dieu voulait nous aider à découvrir que nos fragilités sont le lieu-même où il vient nous rejoindre, nous habiter afin de nous laisser réconcilier en profondeur avec nous-même ?
Ce soir, Jésus se tient à notre porte.
Il ne vient certes pas résoudre tous nos problèmes d’un coup de baguette magique. Demain, il y a fort à parier que nous nous réveillerons avec les mêmes difficultés. Et pourtant, tout peut changer. Tout peut changer parce que dans la nuit, une toute petite lumière s’est allumée. Tout peut changer parce qu’au milieu de nos épreuves, Jésus nous rejoint et nous fait cette promesse : « Je serai avec vous. Je serai avec toi, toujours. Tu peux compter sur moi. Je connais ta détresse, tes difficultés, tes fragilités. Je les porte avec toi. Chaque jour de ta vie, je marcherai à tes côtés. »
Ouvre simplement ta porte.
Si tu prends ce risque, si tu choisis la confiance, tu verras, le Seigneur te comblera d’une manière inattendue, à sa manière, parce que Dieu veut le meilleur pour chacun de nous.
Lui ouvriras-tu ?
Frère Nicolas