« Tenez-vous prêts, restez éveillés »

1er dimanche de l’Avent A 2016

C’est le moment
Kaïros, en grec, c’est l’occasion opportune, la divine surprise, ce qui surgit dans le temps, la nouveauté. Voici que dans la grisaille des jours, Paul nous annonce que quelque chose de neuf va surgir, inattendu, comme un cadeau. Je pense à la lettre que j’ai reçue hier d’une amie. Il y avait sept ans que sa fille n’avait plus donné de nouvelles. Et voilà que le jour de la fête des mères, elle lui envoie un petit SMS : « Ta fille qui ne t’oublie pas… »
C’est le moment… C’est le moment pour chacun et chacune d’entre nous. Dans chacune de nos vies, Dieu est capable de faire surgir quelque chose de neuf. Parce que Dieu nous espère toujours. Et même s’il nous arrive d’être découragés, déprimés, Jésus vient nous redire que notre vie est beaucoup plus belle que nous ne l’imaginons, qu’un avenir est toujours possible.
Entrer dans ce beau temps de l’Avent, c’est être prêt, en attente de cet inattendu de Dieu qui peut surgir à tout instant. « Tenez-vous prêts, restez éveillés », nous dit Jésus.
L’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil, poursuit saint Paul.
Serions-nous donc endormis ? Parfois, quand on reçoit un choc trop violent, on se réfugie dans le sommeil. On ne peut pas voir la réalité en face. J’ai l’impression que notre société est comme anesthésiée. On s’agite et s’inquiète pour bien des choses mais les vraies questions, les vrais défis, nous ne les voyons pas.
La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche.
Nous sommes à cet instant où tout peut basculer, où l’on passe de la nuit à la lumière, de la peur à la confiance, du doute à la foi.
Notre foi chrétienne nous invite à réagir contre le pessimisme ambiant. Le chrétien, au beau milieu de la nuit, perçoit déjà le soleil levant et il l’attend avec force et confiance.
La réalité du monde ne va pas radicalement changer durant ces quatre semaines de l’Avent, pas plus que nos conditions de vie ou notre vie familiale. Rien ne va changer et pourtant, tout peut être différent ! Ce qui peut changer, c’est notre regard sur nous-mêmes, sur les autres, sur Dieu.
À force de vivre ensemble, il nous arrive parfois de croire tout connaître de l’autre, d’en avoir fait le tour, et du coup, de ne plus en attendre grand-chose, de ne plus nous laisser surprendre par lui. Alors le silence s’installe et un beau matin, nous réalisons que nous sommes devenus des étrangers l’un pour l’autre. Attendre, veiller, c’est nous lever chaque matin en accueillant l’autre comme un cadeau que Dieu met sur notre route. Et si nous demandions la grâce durant ce temps de l’Avent, de changer notre regard sur l’autre, accueillant la nouveauté qu’il est capable de nous apporter ?
Je crois, pour l’avoir souvent expérimenté, que Jésus vient toujours nous rejoindre à l’improviste. Et la plupart du temps, nous ne le reconnaissons pas parce que nous sommes pleins de nous-mêmes et bien peu disponibles.
Et bien, Jésus nous invite à redécouvrir la joie de l’attente. Non pas une attente inquiète, fiévreuse, fébrile. Une attente confiante, paisible. Une attente marquée par l’espérance. Parce que ce que nous attendons, nous est déjà donné. Ce que nous attendons, c’est une personne, Jésus le Christ. Jésus récapitule toute la promesse faite par Dieu à l’humanité, depuis la première Alliance avec Abraham. En Jésus, Dieu se fait l’un de nous. Nous savons que nous ne serons plus jamais seuls. Il est là, présent, par son Esprit d’amour, en chacune de nos vies. Et c’est cette présence qu’il nous faut apprendre à reconnaître et à accueillir.
Oui, tout peut changer si nous nous revêtons du Seigneur Jésus, comme nous y invite encore saint Paul.

Bonne marche vers Noel !
Frère Nicolas

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