Visitation: Homélie du 4e Dimanche de l’Avent C 2018)

Visitation: Homélie du 4e Dimanche de l’Avent C 2018)

J’ai longuement porté dans ma tête et dans mon cœur la rencontre de ces deux femmes qui attendent un enfant. Ne faudrait –il pas dire la rencontre de deux enfants dès le sein de leur mère ? Mais regardons l’extraordinaire de Dieu qui se dévoile dans l’expérience ordinaire de Marie et d’Elisabeth. La rencontre de ces deux femmes porteuses de vie est la rencontre entre les deux alliances : L’ancienne qui retrouve fécondité et jeunesse. La nouvelle qui éclate avec la maternité inouïe de l’enfant de la promesse.

Ce récit de la visitation de Marie auprès de sa cousine Elisabeth est touchant et intense. Les émotions sont vives. L’atmosphère est à la joie et à la tendresse comme l’a si bien peinte Arcabas, ce merveilleux peintre de âme. Nous avons dans cet Evangile une rencontre d’une belle humanité. Deux femmes sont en attente d’un événement important pour chacune d’elle. Elles font l’expérience unique d’être enceinte, l’expérience rêvée de la maternité. Il y a dans leurs yeux lumière et émerveillement.

On les sent animées d’une belle énergie, d’une forte poussée de vie. Elles se réconfortent mutuellement, elles vivent une complicité qui les fait entrer dans le mystère de la vie, dans le secret d’une réalité qui les dépasse : La naissance prochaine de leur enfant . Et quel enfant !

Le sens de cette scène d’Evangile est sans doute de nous faire saisir l’enjeu de ce qui se prépare, de tout ce qui se passe : le neuf que Dieu est en train de préparer pour l’avenir du monde. Dieu par ces femmes nous fait signe. Un Accomplissement formidable se produit chez Marie, la vierge et Elisabeth , la stérile. A chacune de ces femmes est donnée la preuve que la puissance de Dieu est à l’œuvre par l’action de l’Esprit –Saint. Car rien n’est impossible à Dieu !

Mais qui est à l’origine de cette rencontre ? Qui est à l’origine du miracle de ces deux naissances inouïes ? C’est l’Esprit « le souffle sacré » (Chouraqui) qui pousse Marie à partir en hâte vers sa cousine. C’est Lui qui fait bondir d’allégresse l’enfant dans les sein d’Elisabeth. C’est encore l’Esprit, cet hôte invisible, qui pousse Elisabeth a crier à sa cousine : « Tu est bénie entre toutes les femmes, et béni le fruit de ton sein ! » Que tout cela est grandiose et bouleverse notre âme !

Sans doute les deux cousines ne mesurent elles pas encore toute la portée de la merveille qui vient d’être inaugurée dans le sein de la Vierge Marie. Et Elisabeth ne peut comprendre toute la portée inouïe de la bénédiction qu’elle vient de prononcer. Béni soit l’enfant de la promesse, attendu par tant et tant de générations ! Béni soit le Fils Bien-aimé du Père donné au monde dans la petitesse et l’insouciance d’un enfant ! Béni soit le Dieu impensable qui apparaît dans un petit enfant.

Recevant cette bénédiction, Marie non plus ne pouvait en comprendre toute la portée. Que sera ce fils ? Elle ne le sait pas encore, seulement elle a dit oui à l’ange, et ce oui elle continuera de le dire dans la joie de le voir grandir. Elle continuera aussi de le dire dans la souffrance et la dépossession.

Par le contact avec ces deux témoins privilégiés du mystère de Dieu entrons dans le mystère de la rencontre, cette rencontre initiée qui nous invitent à une toute autre Visitation : celle qui nous sera proposée de vivre dans quelques heures.

Pour nous y préparer, je vous invite, à la suite de Marie et d’Elisabeth, d’oser croire que Dieu peut faire des merveilles dans nos vies. Nous ne bondirons peut-être pas d’allégresse comme Jean-Baptiste dans le sein de sa mère, mais si nous pouvions, nous aussi, nous laisser visiter par l’Esprit, quelle joie, quelle fécondité !

Alors, peut-être, entendrons-nous, à notre tour le chant du Magnificat !

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