Mission itinérante à Bruxelles du 16 au 26 mars 2012

Elle mijotait depuis près de deux ans, à l’initiative du frère Benjamin, curé de la paroisse des franciscains du Chant-d’Oiseau à Bruxelles ; la mission paroissiale et itinérante qui s’est déroulée du 16 au 26 mars 2012 a mobilisé près d’une quarantaine de missionnaires frères, sœurs et laïcs de la famille franciscaine venus d’Europe et du monde.
Frère Benjamin au charisme exceptionnel,enthousiaste, joyeux, attentif et fraternel a su fédérer autour de ce projet une équipe et des personnes trouvant leur juste place au service d’une mission commune d’évangélisation auprès des hommes et des femmes de l’Église et du monde dans la ville de Bruxelles où les franciscains sont implantés depuis des années. Le conseil paroissial était mis à forte contribution. Certains membres qui étaient très pris par leur travail professionnel sont allés jusqu’à poser des jours de congés pour se donner entièrement dans cette grande et belle aventure missionnaire. Frère Giacomo Bini, ancien ministre général OFM, venu avec deux frères de Palestrina (Italie) fût d’un grand soutien de par ses responsabilités qu’il exerce au niveau de l’ordre et son animation – tel un coach -réalisée auprès des intervenants durant la dizaine de jours. Les frères franciscains itinérants des deux provinces franco-belge furent très tôt sollicités pour répondre à ce projet d’évangélisation.
Lors de la préparation, les deux parties, l’une étant inspirée par les missions populaires où tout se programme à l’avance et l’autre qui va à la rencontre des gens dans la mendicité, sans rien pré-organiser ont su trouver une marche complémentaire en tirant partie de la différence de l’autre. Il en est ressorti que notre mission se constituait par le souffle de l’Esprit avec « 2 poumons » :

  • Le premier étant celui d’une pastorale paroissiale et missionnaire organisée correspondant aux « missions populaires traditionnelles »
  • et le deuxième étant « la mission itinérante » des frères et sœurs de la famille franciscaine allant à la rencontre des gens en mendiant le nécessaire pour manger et dormir.
    • Le tout étant porté par la prière, celle des missionnaires eux-mêmes mais aussi celle des clarisses de différents pays d’Europe (Belgique, France, Italie..) et ceux qui en avaient particulièrement reçu la charge paroissiale. Doit-on penser que la prière fût particulièrement efficace en ces jours où nous avons eut la joie de côtoyer quotidiennement depuis notre arrivée « frère soleil » qui étendait intensément ses rayons ?
      Pour lancer la mission, les frères avait sollicité votre serviteur ainsi qu’un jeune musicien Bastien (17 ans) pour un spectacle de chansons retraçant l’itinéraire de François d’Assise. La chanson «Allez ! Je vous envoie deux par deux.. » a pu servir de « fil rouge » et lancer la semaine missionnaire. Il y eut dans le même temps un témoignage saisissant et un spectacle de danse réalisé par une religieuse italienne, Anna Nobili qui avant sa conversion était danseuse professionnelle dans les dancing de nuit.
      Après ce temps dynamisant et festif d’envoi, les missionnaires ont rejoint les familles disposées à les accueillir. La population qui fréquente le quartier du couvent de la rue du Chant-d’Oiseau est plutôt de milieu aisé et pour la plupart en charge de fonctions importantes dans la société. Ainsi, Frère Boris et moi avons été accueillis les deux premiers soirs chez un ancien ambassadeur de la commission européenne qui exerça en Afrique. Ce repos confortable dans cette famille prévenante à notre égard était une bénédiction avant les plus rudes conditions qui nous attendaient par la suite.
      Passé ce temps, les frères itinérants se sont retrouvés avec ceux et celles qui désiraient réaliser leur première expérience missionnaire à la rencontre des gens dans la mendicité et dépouillés du nécessaire. Ainsi, deux sœurs FMM flamandes, Hilde et Aline et une sœur FMM africaine, Marie-Louise se sont adjointes à sœur Isabelle, Française déjà expérimentée. Sergio, jeune frère capucin Brésilien en formation à la fraternité Notre-Dame des Nations a voulu lui aussi s’adjoindre au groupe. Nous nous sommes retrouvés au total plus d’une dizaine de frères et sœurs – sur un ensemble de quarante – affectés à la mission itinérante du projet missionnaire paroissial. Il y avait – en plus de ceux et celles déjà cités – les frères Alain de Brive, Jean-Baptiste de Paris et la fraternité de Besançon au grand complet avec les frères Max, Vincent, Boris et Jacques.
      Pour notre organisation interne les sœurs et les frères se séparaient le soir pour mendier l’hébergement. Nous nous retrouvions le lendemain matin pour prier les laudes et reprendre notre démarche de journée ensemble ou en équipe de deux ou trois pour la quête du repas du milieu du jour.
      Dès les premiers temps de notre sortie du couvent, notre groupe a voulu se rendre dans une zone défavorisée de Bruxelles. C’est ainsi que notre petite dizaine, petits sacs à dos et habits religieux s’est rendue visible au dehors en colonne de marche direction le quartier Saint Gilles. Pour s’y rendre nous avions adopté un rythme plutôt détendu pour être disponible à la rencontre et en particulier à celles qui sont suscitées par les gens à notre passage. Traversées des rues, trottoirs de grandes avenues bondées de véhicules, centre ville, quartiers pavillonnaires, gare ferroviaire, places publiques,… la « colonne » progressait dans l’environnement bruxellois comme un seul homme et se posait de temps en temps pour répondre aux interrogations des gens.
      Une rencontre particulièrement marquante a eut lieu le premier jour près de l’église de la Trinité avec N. qui était en détresse morale. Toute en pleur, cette jeune fille venait de s’acheter une bouteille de vodka pour se saouler et tenter de « noyer » sa souffrance. Nous l’avons écouté longuement en la faisant asseoir sur un banc public a proximité. Nous avons tenté quelques paroles et gestes de soutien. En la quittant elle nous a remise sa bouteille et nous l’avons assurée de notre prière.
      L’heure du repas se faisant proche nous avons constitué des équipes de deux ou trois et sommes allés quêter dans le quartier. Rendez-vous était donné au groupe une heure plus tard près de l’église Saint-Antoine. La quête fut fructueuse et après avoir béni la table, ou plutôt le banc sur lequel nous avions disposé la nourriture, nous avons partagé le repas.
      Comme nous cherchions un lieu pour célébrer l’eucharistie, les gens du quartier nous ont indiqué une communauté religieuse à proximité. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance des sœurs missionnaires de la charité implantées depuis cinq ans et investies dans l’aide aux personnes les plus défavorisées. Elles servent quotidiennement des repas aux sans abris . Notre joie fut immense car elles étaient heureuses de nous accueillir et de mettre a notre disposition leur chapelle et tout ce que nous désirions encore (toilettes, douches…).
      Les sœurs de mère Thérèsa furent d’un grand appui pour notre mission . C’est chez elles que nous avons en quelque sorte établi notre point de ralliement du groupe pendant la semaine.
      Il y aurait tant et tant à raconter au sujet des rencontres surprenantes qui se sont succédées ensuite. Elles sont toutes plus surprenantes les unes que les autres. Par exemple, un soir que frère Alain et moi étions bredouilles et épuisés dans notre quête incessante d’un logement (que les interphones ne facilitaient guère) un homme est sorti devant nous dans la rue en demandant aux passants « Qui a sonné chez moi ? » puis après lui avoir répondu « Ce n’est pas nous mais nous allions le faire ! » il nous a accueilli et considéré comme ses invités.
      Une autre fois les frères Boris et Alain ont manqué d’être chassé de leur maison à minuit par le propriétaire qui était ivre et ne croyait pas qu’ils étaient des vrais franciscains. Heureusement ça s’est bien terminé après beaucoup de sueurs froides et un mot d’excuse le lendemain….
      Nous pourrions parler aussi de cette expédition dans une école où nous avons réalisés une « évangélisation expresse » pour une vingtaine de classes. Le défi était de passer 10 a 15 minutes dans chaque classe avec un témoignage, une chanson, des récits d’itinérance et les réponses aux questions…. ça faisait un peu « circus’band » dans l’esprit « jongleur de Dieu » mais force était de constater à la mine des élèves, des professeurs et du personnel que notre venue leur procurait une joie non dissimulée.
      Cependant, malgré les fortes émotions que toutes ces rencontres ont suscité en nous, nous tentons de rester les « pieds sur terre » et de nous recentrer et de saisir la véritable importance de tous ces événements.
      Ainsi, découvre t-on dans l’évangile de Luc au chapitre 10 Jésus qui reprend ses disciples revenant de mission tout joyeux de constater que les esprits mauvais leurs étaient soumis. « …Réjouissez-vous plutôt, dit Jésus, parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »
      La recherche de l’avènement du règne de Dieu en se mettant à son service nous fait sentit la joie du don gratuit de Dieu qui se répand auprès de ceux et celles qui sont approchés par ses envoyés. Nous rendons grâce à Dieu pour notre vocation franciscaine où nous découvrons -où redécouvrons- dans cette manière là la grandeur de Dieu qui se dit et se donne dans la petitesse.
      Nous avons clos la mission le dimanche 25 mars avec une messe d’action de grâce qui a rassemblé tous les missionnaires, les paroissiens, les jeunes sous la présidence du ministre provincial des trois compagnons, Fr. Dominique Joly. Notre joie s’est prolongée ensuite avec un repas champêtre magnifiquement préparé par les paroissiens. Dieu soit loué pour toutes ses actions éclatantes !

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