Mission itinérante au Havre du 14 au 20 janvier 2013

Nous avions « raté » la Corse mais dans le diocèse du Havre, cette fois–ci, nous y étions« à bon port » !
Mgr Jean-Luc Brunin par l’intermédiaire de nos deux frères ministres provinciaux, Benoit et Dominique avait déjà sollicité les frères itinérants pour une mission dans l’Île de Beauté avant qu’il ne devienne évêque du Havre. L’entreprise alors n’avait pu aboutir puisqu’ entre-temps, l’évêque Jean-Luc recevait sa nouvelle affectation.
Profitant de la grande « ManifPourTous » à Paris le dimanche 13 janvier, je suis parti avant les autres frères itinérants Boris, Vincent et Jean-Baptiste avec le bus de Besançon pour ensuite prendre à Paris, celui du Havre. Ce fut l’occasion de faire connaissance avec P. Didier Roquigny, vicaire général et P. Philippe Erondel, délégué épiscopal à la jeunesse et pour la pastorale des quartiers. Nous commençons alors à visionner schématiquement la semaine missionnaire que nous allons vivre à la paroisse de la Pentecôte où nous sommes envoyés. Le contact entre nous passe bien et nous nous réjouissons de ce qui s’envisage. Cependant, si chacun est confiant et enthousiaste avec ce projet, il est bon aussi d’être mesuré car « rien n’est gagné à l’avance ! ». Nous tentons déjà de repérer le lieu où nous allons opérer- En fait ! C’est surtout l’Esprit qui va « opérer » !
Nous devons accueillir un certain nombre de difficultés d’ordres diverses.
D’abord, le contexte n’est pas des plus favorables au moment où les Havrais apprennent que leurs derniers religieux franciscains les quittent au bout de 115 années de présence. Il y a de la tristesse, de l’amertume qui s’expriment ici ou là… Notre mission serait même à entendre comme une contrepartie que les franciscains se doivent de s’acquitter en raison de leur départ.
Ensuite, l’autre difficulté est à mettre en rapport avec notre style de vie missionnaire. Les paroissiens avec leur curé, P. Maxime de St Pern sont interpelés –pour le moins- par notre « forme de vie » à laquelle ils ne sont pas familiers. Ils comprennent que les frères itinérants voyagent souvent en stop, sont sans argent, habillés « grossièrement » en bure et mendient la nourriture et le logement en plein hiver sous la neige. Rien de bien réjouissant à vue humaine si on se place dans une « sage » logique comptable. Cela peut les amener à penser que les frères quoique « gentils ! » sont quand même un peu « hors-circuits» et que loin de pouvoir porter avec eux une mission, Ils ne seraient au contraire d’aucun bénéfice. Ces frères « originaux » constitueraient plutôt une charge supplémentaire pour la paroisse. Aussi, n’est on pas étonné d’apprendre – en fin de semaine- que des membres du conseil n’étaient pas favorables à notre arrivée.
L’autre difficulté perçue venait de la situation des deux derniers frères restant au Havre. Nous nous devions d’être très délicats avec eux car nous n’ignorions pas ce dont ils devaient supporter au moment de leur départ. Frère Christian considérait que la période était mal choisie pour notre mission et qu’il eut été préférable d’attendre le départ définitif des frères. Frère Marcel, au contraire, qui venait d’arriver à Lille, estimait qu’on n’avait jusqu’ici que trop tardé à y aller et se réjouissait à l’avance que « enfin ! » la mission itinérante au Havre puisse voir le jour !
On pourrait ajouter encore d’autres difficultés comme la météo avec le froid et la neige, le peu de renouvellement de la communauté paroissiale qui vieillit, des zones de nouvelles implantations pas beaucoup touchées ; avec un grand centre commercial et des mosquées… des jeunes qui « zonent » dans les quartiers… Un lycée technique important situé à proximité de l’église du Sacré-Cœur.
Le moment était venu de se recueillir et confier la mission à Celui qui en est l’auteur et le conducteur. Le lancement officiel à lieu le lundi soir. Avec Fr. Jean-Baptiste qui est arrivé dans l’après-midi nous nous dirigeons vers la chapelle pour un temps de prière. Bonne surprise ! La chapelle est bondée de paroissiens et le climat de prière très fervent. Nous sommes présentés par le P. Didier. Nous faisons alors connaissance et échangeons en répondant à toutes leurs interrogations. L’atmosphère jusqu’ici un peu contrite se détend au fur et à mesure des explications et des échanges qui se tissent. Nous sommes assurés alors de leur participation à nos cotés de diverses manières : prière, service, accueil…
C’est alors qu’à la fin de notre intervention, Henri, originaire de Madagascar qui n’avait rien loupé de la soirée vint « passer aux actes » et nous inviter à venir passer la nuit chez lui. Nous acceptons avec joie ! Avec sa femme Henriette que nous rencontrons à son domicile, nous passons une soirée merveilleuse. Comme on le ferait pour un récit de merveilles, Ils nous ont raconté spontanément et dans l’action de grâce leur arrivée en France depuis Madagascar ainsi que toute leur famille avec enfants et petits enfants. Le lendemain, après le petit déjeuner et avant de se quitter, c’est tout naturellement que nous nous sommes mis à prier ensemble.
Nous recevons quelques nouvelles par un sms des frères Boris et Vincent qui étaient partis la veille en stop de Besançon mais avaient du s’arrêter à Paris. Nous décidons avec Jean-Baptiste de sillonner le quartier du centre commercial puis de mendier notre nourriture au lieu dit « la marre rouge ».
Nous faisons de bonnes rencontres : Léa une roumaine orthodoxe qui mendie, puis les habitants d’un immeuble avec lesquels nous échangeons quelques paroles. Nous retournons ensuite à la salle paroissial où nous attend Boris. Vincent n’arrivera que mercredi soir car il est retenu par une réunion du SDV national.
L’après–midi, nous célébrons l’eucharistie entre nous. Puis le soir notre trio, après avoir frappé à plusieurs portes pour mendier un hébergement trouvera finalement « refuge » chez un ancien pilote de chasse, Mr Chrétien, juste après que les premiers flocons de neige ne se mettent à tomber. Là encore, nous passons une soirée dans l’action de grâce. Il y a beaucoup d’émotions pendant le repas à l’écouter raconter sa passion pour l’aviation de chasse. Et pour être plus « religieux » M. Chrétien nous sert du vin maison qui porte son Nom de Famille (C’est marqué sur l’étiquette).
Le lendemain, après les laudes, Je me rends seul au centre-ville à l’invitation de l’évêque qui a réunit tous ses prêtres à un repas festif. Pendant ce temps là, Jean-Baptiste et Boris continuent la mendicité dans la paroisse de la Pentecôte. Mgr Jean-Luc Brunin m’accueille très fraternellement ! Et au moment de l’apéritif, il informe à tout son auditoire, avec une joie non dissimulée, les raisons de la venue des frères franciscains missionnaires. Puis il m’installe à sa table en face de lui et avant de servir le café, je dois encore faire une intervention pour expliquer plus concrètement aux prêtres notre mission. Le message à l’air de bien passer et je suis conquit lorsque frère Christian vient me souffler pour conclure : « Bien Jacques ! »
L’après midi nous allons avec Boris et Christian raccompagner Jean-Baptiste à la gare car il doit rentrer sur Paris. Frère Vincent arrive un peu plus tard alors que nous avons trouvé l’hébergement chez Marthe. C’est une personne bien connue et appréciée de la Paroisse pour ses nombreux services rendus et sa foi chevillée au corps. Comme l’avaient déjà fait Henri et Henriette, elle nous parle longuement de sainte Thérèse. C’est vrai que nous sommes très proches de Lisieux. Nous prions les complies chez elle et avec elle. Chacun des frères à trouvé une place pour le couchage : sur le parquet, sur le divan ou un canapé déplié.
Le lendemain, après le petit déjeuner et la prière des laudes nous poursuivons notre mission dans un lycée technique où nous faisons connaissance avec le directeur, quelques membres du personnel et des élèves. Nous sommes admiratifs du degré d’humanité qui se vit dans cet établissement auprès de jeunes qui sont bien souvent repris en main après des situations d’échec. Poursuivant ainsi notre marche à la rencontre de Madeleine, Arlette, Fernande.. Et combien d’autres encore avec d’autres rendez-vous paroissiaux comme une prière de Taizé, la galette des rois, la messe des jeunes…
Nous constatons une sorte de montée progressive en puissance en voyant combien les personnes qui nous entourent sont partie prenantes et touchées par la grâce missionnaire. Nous sommes accueillis le dernier soir dans une famille angolaise avec beaucoup d’enfants. Nous clôturons officiellement la mission le dimanche matin par une messe d’action de grâce où, avec Boris, je tente de redonner aux paroissiens le meilleur de ce que nous avons vécu et qui pourra les aider à cheminer. Le P. Brunin nous remercie chaleureusement et particulièrement pour le charisme franciscain donné et reçu avec une « audace évangélique » et « avec le cœur ». A l’issue de la messe, Jean-Claude un paroissien nous invite spontanément au repas avec le curé.
L’après–midi, frère Christian nous offre la possibilité d’aller à Orsay. Ce qui nous permet de rencontrer la communauté des frères et des sœurs. Puis, nous rentrons le lendemain à Besançon en stop ! Pas de doute ! À la Paroisse de la Pentecôte l’Esprit à bien soufflé et même très fort ! A nous de hisser les voiles de l’évangélisation ! Que le Seigneur soit bénit !

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