Homélie du 3è dimanche du temps ordinaire année C 2019

Homélie du 3è dimanche du temps ordinaire année C 2019

Saint Luc

Cette année liturgique nous la passerons avec Saint Luc. Et brièvement je voudrais vous le présenter car c’est l’Evangile que je préfère. Luc était médecin, cela se sent dans ses descriptions. Il était compagnon de Saint Paul. Certainement qu’il a été influencé par ce grand apôtre. Des légendes postérieures le font mourir martyr ; d’autres plus tardives encore, en font un peintre, peut-être en référence à ses qualités de coloriste dans l’art de conter.

En bon historien, Luc a fait un enquête diligente et complète. Il a rencontré des chrétiens de la première heure qui ont été pour lui d’excellents informateurs. Il a sans doute fréquenté le groupe des femmes qui avait suivi Jésus. Mais c’est surtout de Marie qu’il semble avoir reçu les confidences sur la naissance et l’enfance de Jésus. Aux renseignements qu’il a reçu de vive voix, il faut ajouter les sources écrites, notamment celles de Marc.

A toutes ces sources Luc met l’empreinte de son esprit et de son cœur, de son âme délicate et religieuse. Son Evangile est, avant tout, l’Evangile du salut et de la miséricorde. Que serait la sensibilité chrétienne si le récits de l’enfance n’existaient pas ? Ou encore la merveilleuse parabole du fils retrouvé ou du bon samaritain, des deux hommes qui montent au Temple ? Et à la liste, on peut ajouter Zachée, le bon larron, sans oublier les disciples d’Emmaüs…. Si ces pages n’avaient pas été écrites, il manquerait beaucoup à notre compréhension du christianisme.

Et ce dimanche nous avons deux passages importants : le début de l’Evangile de Luc et sa prédication à Nazareth. Luc décide à son tour d’écrire ce qui s’est passé pour qu’on n’ oublie pas la vie de cet homme inoubliable. Et il écrit à Théophile. Est-ce un de ses disciples ? On ne sait, mais c’est aussi à moi qu’ il s’adresse pour que je n’oublie pas ce qui s’est passé et que je m’en imprègne et que je me laisse brûler par l’écrit. « Les vrais lectures sont brûlantes. » dira Christian Bobin.

Luc nous parlera des premiers gestes et paroles de Jésus. On apprend qu’après des années de silence Jésus enseigne dans les synagogues et que tout le monde fait son éloge. Mais nous savons bien que cet éloge ne va pas durer, car il va mettre trop de lumière dans nos obscurités. C’est dans la synagogue de Nazareth que le fils bien connu du charpentier va prononcer des paroles décisives.

C’est avec beaucoup de précisions que Luc va nous décrire le rituel : Le jour du sabbat, Jésus entre dans la synagogue, il se lève. On lui remet le livre d’Isaïe et déroulant le livre fait la lecture. A la fin de la lecture il roule le livre le rend au servant et s’assit. Et Luc ajoutera cette petite phrase qui en dit long : « Tous avaient les yeux fixés sur lui. » Déjà il intriguait, déjà sa personne posait question, déjà sa manière de lire ne laissait pas indifférent. Il avait quelque chose en lui qui attirait les uns et qui va malheureusement repousser les autres dans la haine farouche. Car déjà il mettait à nu les cœurs !

Je ne sais si Jésus a cherché ou est tombé sur le passage d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porté la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la libération, aux aveugles le retour à la vue, remettre en liberté le opprimés… » Toujours est-il que ce passage va résumer d’une manière saisissante toute la vie de Jésus. Il sera libérateur, attentif aux petits, à tous les petits, il rendra la vue intérieure et extérieure à tous ceux qui vont s’approcher de lui. Sa personne toute entière est Bonne Nouvelle.

Mais l’essentiel n’est pas encore dit. Car ce n’est pas la première fois que ces mêmes paroles d’Isaïe retentissaient dans une synagogue juive. A travers les siècles, elles avaient été déjà longuement écoutées. Mais jusqu’à présent, il y avait toujours eu comme un écart entre ces paroles et ceux qui les proclamaient, ils attendaient une annonce plus triomphale . Mais avec Jésus il n’y a plus d’écart car il est lui-même la Bonne nouvelle. C’est ainsi qu’il pourra dire « Aujourd’hui s’accomplit ce passage que vous venez d’entendre. »
Et si nous pouvions, à notre tour, avoir les yeux fixés sur Lui
et nous laisser pénétrer par sa Bonne Nouvelle quelle joie pour tous!

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