Troisième dimanche de carême B

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Troisième dimanche de carême B

L’Ecriture nous dit si souvent que Dieu est doux et miséricordieux, plein d’amour que les paroles et la violence de Jésus au Temple nous mettent mal à l’aise! Mais on oublie que l’Ecriture dit aussi que Dieu est lent à la colère. Donc que sa colère est possible. Mais pourquoi cet acharnement contre les marchands et les changeurs du Temple. Leur présence était indispensable pour que puisse exister le culte. Ils fournissaient les bêtes qu’on offrait en sacrifice. Ce sont eux qui ont vendus à Joseph et Marie les deux petites colombes pour la présentation de Jésus au Temple. Il fallait aussi les changeurs d’argent pour que la monnaie impie à l’effigie de César n’entre pas dans l’enceinte sacrée, c’eut été un sacrilège. Mais voilà leur tort, c’est d’être devenus inutiles. Désormais, avec l’Agneau de Dieu, Jésus présent, tout ce trafic de sacrifices d’animaux n’a plus lieux d’être. Un nouveau culte arrive : « L’heure vient avec Jésus où les vrais adorateurs de Dieu adoreront en esprit et vérité dans le nouveau temple qu’est son Corps. La colère de Jésus n’est que son ardeur et son impatience à vouloir allumer le feu de la rédemption du monde : « Comme je voudrais que ce feu soit déjà allumé. » dira t-il ? En renversant les comptoirs des marchands, Jésus renversait le culte désormais révolu des sacrifices d’animaux. On pourrait croire que cet évènement du temple est une vieille histoire du temps de Jésus. Mais aujourd’hui encore l’amour de sa maison, et c’est désormais chacun de nous et nous tous ensemble avec le Christ, cette maison cause toujours son tourment. Comme le chante Marie dans son Magnificat, la force de son bras est hélas encore, toujours prête à disperser les superbes, ceux qui ont plus le souci de leurs intérêts que de la justice. Il y a tellement de marchands du Temple dans notre monde et dans nos cœurs qui pourraient nous valoir la parole qui justifie la colère de Jésus : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »? Car derrière cette parole se cachent plusieurs motifs de colère. Un premier motif de colère pour Jésus aujourd’hui, ce sont tous ces marchands et ces brigands qui défigurent, mercantilisent, profanent encore aujourd’hui le visage de l’homme et donc le Corps du Christ à travers ces corps d’hommes et de femmes, vendus, prostitués, humiliés, suppliciés, écrasés sans vergogne par des bombes. C’est comme si Jésus nous criait : « N’abandonnez pas mes frères aux marchands et aux brigands ! »Nous avons le devoir de résister à toutes ces formes de violences. Mais rien ne changera vraiment si nous ne commençons pas par faire la guerre aux marchands du temple de notre cœur, aux semeurs de troubles que sont nos mauvaises pensées et nos mauvaises paroles, si nous ne commençons pas à extirper de notre cœur ces herbes vénéneuses que sont l’arrogance, la voracité , l’insatiabilité. Jésus désire toujours entrer dans nos vies comme il est entré au Temple de Jérusalem. L’Evangile, Parole et actes de Jésus accueillis jusqu’à la croix et la résurrection est désormais le fouet à cordes que Jésus nous donne pour changer notre cœur et notre vie, pour bousculer les étals de nos intérêts personnels et de notre attachement à nous mêmes. Deuxième motif de colère de Jésus qui nous est révélé par Matthieu dans ce même passage: Ne faites pas de la maison de prière de mon Père une maison de trafic » ce qui revient à dire : ne faites pas de la prière un trafic. Car prier ce n’est pas marchander avec Dieu. Ce n’est pas donnant, donnant, plus je donne, plus Dieu me donnera ! Comme si pour obtenir quelque chose de Dieu il fallait payer cher. Non ! Qui serait ce Dieu qui attendrait d’avoir sa ration d’encens et de sacrifices pour intervenir dans notre vie ! Qui serait ce Dieu qui ne se laisserait toucher qu’au terme de supplications interminables et de mortifications sévères ! La colère de Jésus se déchaine parce qu’il ne veut pas qu’on défigure à ce point le visage de Dieu. Il veut que la maison de son Père s’ouvre à la prière confiante de ses fils sinon cela restera une prière de païens. « Ne priez pas comme les païens qui s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer. Votre Père sait ce dont vous avez besoin avant même que vous le lui demandiez. » Ce que Jésus veut c’est notre confiance qui abandonne entre ses bras ouverts notre liberté, notre volonté, nos capacités. On ne prie pas pour être aimé de Lui mais parce qu’on se sait aimés de Lui. On ne prie pas pour qu’il soit avec nous dans les bons et les mauvais jours mais parce qu’on sait qu’il nous a dit « Je suis avec vous tous les jours ». Ce n’est pas l’homme qui agit sur Dieu, c’est Dieu qui veut agir sur le cœur de l’homme. Sa lumière et son Amour n’entreront en nous que si nous ouvrons tout grands volets et portes de notre cœur auxquels il frappe sans cesse. Enfin dernier motif de colère de Jésus qui nous est révélé par Marc: « Ne faites pas de la maison de mon Père qui est pour toutes les nations une maison pour quelques-uns » Jésus s’indigne contre les prêtres de la religion juive qui entretiennent une religion basée sur une inexorable séparation entre le pur et l’impur créant de dramatiques exclusions. Mais Dieu n’exclut aucun homme de son salut. Jésus vient proclamer un Dieu dont l’amour est offert à tous sans distinction, sans restriction. « Nous annonçons dit St Paul un Dieu crucifié » qui est allé jusqu’à se faire impur sur la croix pour nous réconcilier avec Dieu. L’Eglise devrait être cette réserve de cœur dans laquelle les hommes se sentent reconnus, non étiquetés, pardonnés, aimés. Elle devrait être accueillante à tous les accidentés de la vie, même les accidentés de l’amour et du mariage, même les accidentés de la morale. En ce carême, nous sommes invités à ne pas quitter Jésus du regard, en maintenant comme Marie et Jean ce regard jusqu’à la croix. Nous y apprendrons la miséricorde avant la justice. Et la colère de Dieu ne nous atteindra pas.

Gérard

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